Un nouveau type de coeur artificiel serait lancé en France

Publié le Mardi 28 Octobre 2008 à 12:04
AFP- Le Pr Alain Carpentier, spécialiste de chirurgie cardio-vasculaire à l'Hôpital européen Georges Pompidou à Paris, a annoncé lundi qu'un coeur artificiel total, projet auquel il travaille depuis 15 ans, allait être produit à quinze exemplaires en vue d'une implantation "d'ici deux ans et demi" pour essai chez l'homme.

"Il ne s'agit pas d'une première", souligne le Pr Carpentier, mais du passage d'une étape "importante". "On passe aujourd'hui de la recherche pure à l'application clinique, après 15 ans de travail on passe la main à l'industrie pour produire un coeur artificiel utilisable chez l'homme", a-t-il souligné à l'AFP.

Depuis les années 80, plusieurs projets de coeur artificiel ont vu le jour, pour la plupart posés en attente d'une greffe. Mais aucun ne semble encore avoir réussi à résoudre à long terme les problèmes les plus complexes, infections et surtout formation de caillots.

Or, selon le Pr Carpentier, son projet répond à ce problème-là.

Il utilise des matériaux mieux tolérés, "bioprothétiques", qui sont fabriqués à partir de "tissus animaux traités chimiquement pour éviter le rejet immunologique". Ces matériaux ont été inventés par le Pr Carpentier "il y a plus de 30 ans" pour des prothèses de valves cardiaques vendues aujourd'hui dans le monde entier.

Grâce à ces tissus, "les malades n'ont pas besoin d'anti-coagulants", souligne-t-il.

Membre de l'Académie des sciences, le Pr Carpentier a reçu en 2007 le prix Albert Lasker de recherche médicale pour son invention des bioprothèses valvulaires.

Son projet de coeur reproduit la physiologie d'un coeur normal, avec deux ventricules activés séparément et avec les mêmes flux sanguins. Des pompes internes permettent d'aspirer le flot de sang et de le rejeter dans les artères, comme dans le corps humain. Des valves assurent le passage du sang dans un seul sens. Des piles extérieures fournissent l'énergie nécessaire à la prothèse.

Les prototypes expérimentaux ont été testés chez l'animal (mouton, veau) mais "surtout par simulation numérique", selon le Pr Carpentier.

Ce coeur va être réalisé par une entreprise biomédicale, Carmat, émanation du groupe européen de défense et d'aéronautique EADS.