Un groupe lié à l’EI menace de tuer un Français enlevé en Algérie

Publié le Mardi 23 Septembre 2014 à 10:26
Reuters - Les ravisseurs d'un ressortissant français enlevé dimanche en Algérie menacent dans une vidéo de l'exécuter si la France n'interrompt pas ses opérations contre l'Etat islamique (EI) en Irak dans les 24 heures.

La vidéo, dont l'authenticité a été confirmée par le ministère des Affaires étrangères, a été diffusée lundi sur internet quelques heures après les menaces de l'EI à l'encontre des ressortissants de pays occidentaux, dont la France.

Le ministre français des Affaires étrangères a assuré que ces menaces ne changeraient rien à l'engagement de la France en Irak.

"Nous avons affaire à un groupe terroriste d'une cruauté extrême. Ils veulent inspirer la terreur et faire pression sur la politique de la France", a déclaré Laurent Fabius, lors d'une conférence de presse à New York.

"L'attitude de la France est constante. Nous essayons de faire le maximum pour libérer des otages, mais un groupe terroriste ne peut pas infléchir la position de la France", a-t-il poursuivi.
Dans l'enregistrement, on peut entendre distinctement un homme menacer en arabe d'exécuter l'otage français qui apparaît à l'image. Il s'agit d'un guide de haute de montagne chevronné de 55 ans, Hervé Gourdel, enlevé dimanche près de Tizi Ouzou, à une centaine de kilomètres à l'est d'Alger.

"Nous, soldats du califat en Algérie, suivant les ordres de notre leader le calife Abou Bakr al Baghdadi (...) donnons à (François) Hollande, président du criminel Etat français, 24 heures pour mettre fin aux hostilités contre l'Etat islamique, faute de quoi le destin de son ressortissant sera d'être exécuté. Pour sauver sa vie, vous devez annoncer officiellement la fin de vos opérations contre l'Etat islamique", dit l'homme.

Abou Bakr al Baghdadi apparaît au début de la vidéo pendant qu'est diffusé en fond sonore le message de menaces lancé lundi par Abou Mohamed al Adnani, le porte-parole de l'Etat islamique, contre lequel les Occidentaux ont lancé une opération militaire en Irak et depuis mardi en Syrie.

Le groupe qui revendique l'enlèvement du Français, les Soldats du Califat, lui a fait allégeance récemment après avoir rompu avec Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
La France a mené vendredi sa première opération aérienne et a effectué ses premières frappes contre un dépôt logistique de l'EI dans le nord-est de l'Irak.

Le ministère des Affaires étrangères a confirmé l'authenticité de cette vidéo où apparaît Hervé Gourdel, qui était en vacances en Algérie où il effectuait une randonnée en Kabylie quand il a été enlevé.

"Les menaces qui sont proférées par ce groupe terroriste sont extrêmement graves et témoignent une fois encore de la cruauté de Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique-NDLR) et de ceux qui s'en réclament", a dit Laurent Fabius.

"Tout est mis en œuvre en concertation étroite avec les autorités algériennes pour obtenir la libération de notre compatriote mais il ne faut pas cacher que la situation est extrêmement critique", a ajouté le chef de la diplomatie française.

Sur les images, assis par terre, entouré de deux hommes armés et aux visages dissimulés derrière des foulards noirs, Hervé Gourdel, vêtu d'un pull jaune et bleu et dont le nez est rehaussé de lunettes, dit être arrivé en Algérie le 20 septembre et être "aux mains d'un groupe armé commandé par Jund Al Khalifah", le nom arabe des Soldats du Califat.

S'adressant à François Hollande, il déclare : "Ce groupe armé me demande de vous faire la demande de ne pas intervenir en Irak. Il me retient en otage. Je vous conjure Monsieur le président de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour me sortir de ce mauvais pas."
François Hollande s'est entretenu avec le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a dit l'Elysée dans un communiqué.

La chaîne de télévision privée algérienne Echorouk rapportait un peu plus tôt que l'armée avait lancé une opération de recherche.

La région de Tizi Ouzou reste un théâtre d'activité fréquent des islamistes. Si les informations contenues dans la vidéo étaient avérées, il s'agirait du premier enlèvement d'un ressortissant étranger en Algérie par des islamistes depuis la fin de la guerre, dans la décennie des années 1990.

Laurent Fabius avait demandé lundi à une trentaine d'ambassades d'appeler l'ensemble des ressortissants français à redoubler de vigilance.