Ukraine : Washington suspend sa coopération militaire avec Moscou

Publié le Mardi 04 Mars 2014 à 10:51
AFP- Les Etats-Unis ont suspendu lundi leur coopération militaire avec la Russie avant l’arrivée mardi à Kiev du secrétaire d’Etat John Kerry, qui vient apporter le soutien de son pays au nouveau pouvoir ukrainien, confronté à un «ultimatum» russe en Crimée.

Les Etats-Unis ont «suspendu tous les liens militaires» entre Washington et Moscou à la suite de l’intervention russe en Crimée, a annoncé lundi le Pentagone, après que la Maison Blanche a brandi plus tôt dans la journée la menace de sanctions diplomatiques mais aussi économiques. «Le message que nous faisons passer aux Russes est que s’ils continuent sur leur trajectoire actuelle, nous examinerons un ensemble de mesures économiques et diplomatiques qui isoleront la Russie», avait prévenu lundi le président américain Barack Obama.

Plusieurs responsables du Congrès américain désireux de soutenir Kiev face à la Russie ont aussi exprimé lundi leur intention d’adopter rapidement des mesures d’aide économique à l’Ukraine, qui pourraient inclure la garantie de prêts à hauteur d’un milliard de dollars. John Kerry avait déjà évoqué la semaine dernière un plan pour garantir un éventuel prêt international du même montant.

Dans le même temps, un porte-parole du Kremlin a fait savoir mardi matin que Poutine avait mis fin aux exercices militaires inopinésqui avaient cours depuis mercredi à proximité de la frontière de l’Ukraine, du Bélarus, des Etats baltes, de la Finlande et de l’Arctique. L'opération, avait assuré le ministère russe de la Défense, était sans lien avec les évènements en Ukraine.

Signe de la guerre des nerfs qui oppose l’Ukraine et la Russie, un responsable du ministère ukrainien de la Défense a fait état d’un nouvel ultimatum enjoignant les militaires ukrainiens à se rendre mardi, sous peine d’être attaqués.
«L’ultimatum est le suivant : reconnaître les nouvelles autorités (pro-russes) en Crimée, déposer les armes et s’en aller, ou être prêt à subir un assaut», a dit Vladislav Seleznev, porte-parole régional du ministère ukrainien de la Défense à Simféropol, la capitale de ce territoire du sud du pays.

Une information aussitôt démentie à Moscou comme «un délire total», le président du Parlement russe avançant que la Russie n’avait pas encore besoin d’utiliser son «droit» à lancer une opération militaire en Ukraine.

L’activité diplomatique pour tenter de trouver une issue à «la pire crise en Europe depuis la chute du mur de Berlin», selon le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, est restée intense. Le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé à la demande de la Russie une nouvelle réunion lundi, la troisième en quatre jours consacrée à la crise en Ukraine.

Selon l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine à l’Onu, le président déchu ukrainien Viktor Ianoukovitch a demandé au président russe Vladimir Poutine l’aide militaire de la Russie «pour défendre la population ukrainienne», l’Ukraine étant «au bord de la guerre civile».

Réunis dans l’urgence lundi, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont exprimé de leur côté leur «extrême inquiétude», selon le Français Laurent Fabius. Les ministres ont appelé la Russie à prendre «des mesures rapides et concrètes de désescalade» avec, en premier lieu, «le repli» des forces russes déployées ces derniers jours en Crimée «dans leurs zones de stationnement permanentes». Les dirigeants de l’UE se réuniront de nouveau jeudi à Bruxelles en sommet extraordinaire.

La chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton devait rencontrer mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à Genève avant de se rendre à Kiev mercredi. Déjà présent dans la capitale ukrainienne, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a également mis en garde la Russie sur le «prix à payer» pour son action en Ukraine, après avoir rencontré les nouvelles autorités au pouvoir après la destitution le 22 février de Viktor Ianoukovitch.

L’Otan tiendra de son côté mardi une nouvelle réunion de crise des ambassadeurs de ses membres sur la situation en Ukraine, à la demande de la Pologne, pays voisin, qui estime que sa sécurité est menacée. Elle pourrait être suivie d’une réunion Otan-Russie au même niveau. Proposition en a été faite à l’ambassadeur de Russie auprès de l’Otan, qui doit donner sa réponse mardi.