Tunisie : François Hollande en Irak en prévision de frappes conte l’EI

Publié le Vendredi 12 Septembre 2014 à 10:31
François HollandeAFP - Le président français François Hollande a promis vendredi «le soutien» de la France au nouveau gouvernement irakien «composé démocratiquement», à l’issue d’un entretien avec son homologue.

«Je tenais à être présent aujourd’hui ici à Bagdad» pour «affirmer le soutien et la solidarité de la France» au nouveau gouvernement irakien «qui s’est composé démocratiquement et a pu rassembler l’ensemble des composantes du peuple irakien», a déclaré le chef de l’Etat français.
L'avion du chef de l'Etat transporte 15 tonnes d’aide humanitaire devant être livrées à Erbil, dans le nord de l’Irak, ou il se rendra plus tard dans la journée, après sa rencontre avec son homologue irakien Fouad Massoum et le Premier ministre Haïdar al-Abadi. Hollande est accompagné du chef de la diplomatie Laurent Fabius et du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Onze ans après avoir refusé de suivre Washington et Londres dans l’invasion de l’Irak, la France tente ainsi de revenir sur le devant de la scène dans ce pays avec lequel elle a entretenu des liens historiques forts mais ambigus, sous le régime de Saddam Hussein - renversé par l’invasion américano-britannique de 2003.

Le Premier ministre Haïdar al-Abadi est à la tête d’un gouvernement de rassemblement approuvé lundi par le Parlement irakien même si plusieurs portefeuilles clés, dont la Défense et l’Intérieur, restent à pourvoir.

Le président français fera escale dans la journée à Erbil, dans les pas de Laurent Fabius qui s’était rendu le 10 août dans la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien pour y superviser une livraison d’aide humanitaire française aux réfugiés fuyant la progression fulgurante des jihadistes de l’EI.

Dès lundi, François Hollande retrouvera son homologue irakien à Paris pour une conférence sur «la paix et la sécurité» en Irak qu’ils coprésideront autour de trois objectifs : affirmer le soutien de la communauté internationale au nouveau gouvernement irakien, coordonner la lutte contre l’EI et engager les efforts humanitaires et de reconstruction de l’Irak.

«A une menace globale, il fallait une réponse globale dans toutes ses dimensions», militaire, diplomatique et humanitaire, souligne-t-on à Paris où l’on précise que la conférence se penchera également sur les moyens de tarir les sources de financement de l’EI et ses filières de recrutement de combattants étrangers.

La participation de l’Iran à la conférence, sans être exclue, était toutefois encore en suspens jeudi soir, exigeant un «consensus», expliquait-on à Paris.

Depuis l’été, Paris fournit déjà de l’armement aux combattants kurdes engagés contre les jihadistes de l’Etat islamique et achemine une assistance humanitaire aux réfugiés chrétiens et yazidis dans le nord du pays. «On ne peut pas laisser se créer un sanctuaire islamiste à cinq heures de vol de Paris», explique une source diplomatique française.

«Affaiblir considérablement Daesh»

Les Etats-Unis ont obtenu de leur côté jeudi le soutien de dix pays arabes à la campagne lancée par Barack Obama pour «éradiquer» les jihadistes de l’EI en Irak et jusqu’en Syrie.
L’Etat islamique (EI) compte «entre 20 000 et 31 500» combattants dans ses rangs en Syrie et en Irak, selon la nouvelle estimation de l’agence américaine du renseignement (CIA), dont l’évaluation précédente évoquait le chiffre de 10 000 jihadistes membres de l’EI.

Mercredi soir, lors d’une allocution solennelle depuis la Maison Blanche, le président américain s’est dit prêt à frapper les jihadistes de l’EI jusqu’en Syrie et à intensifier les raids menés en Irak depuis un mois.

Quelques heures auparavant, la France avait annoncé par la voix de Laurent Fabius qu’elle participerait «si nécessaire à une action militaire aérienne» en Irak.

Paris n’exclut plus désormais aussi de participer aux frappes en Syrie, l’objectif, explique-t-on dans la capitale française, étant d'«affaiblir considérablement Daesh» (acronyme de l’État islamique en arabe). La France dispose de six avions Rafale et d’un peu moins d’un millier de soldats aux Emirats arabes unis.

Il y a un an, Paris était déjà en pointe pour qu’il soit procédé à des frappes aériennes -à l’époque contre le régime syrien-, mais avait dû revoir in extremis ses plans quand les États-Unis avaient renoncé à cette opération. Cette fois, assure-t-on de source française, les opérations sont planifiées «en plein accord» avec Washington.

L’État islamique, qui a pris le contrôle d’une large partie du nord de l’Irak après avoir lancé en juin une vaste offensive, a proclamé l’établissement d’un califat islamique dans les régions qu’il contrôle en Irak comme en Syrie voisine, multipliant les exactions.