Turquie : Erdogan désigné candidat de l’AKP à la présidentielle

Publié le Mardi 01 Juillet 2014 à 13:08
Recep Tayyip ErdoganAFP - Le Premier ministre islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, qui dirige la Turquie depuis onze ans, est officiellement entré mardi dans la course à l’élection présidentielle d’août, disputée pour la première fois au suffrage universel direct.

«Notre candidat à l’élection présidentielle est notre président général et député d’Istanbul, Recep Tayyip Erdogan», a déclaré, sans suspense, Mehmet Ali Sahin, vice-président du Parti gouvernemental de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) lors d’une réunion de masse très attendue à Ankara.

L’annonce a provoqué une bruyante ovation d’un parterre de 4.000 invités à la chambre de commerce d’Ankara lors d’une réunion de masse des cadres du parti au pouvoir.

A 60 ans, l’homme fort de Turquie devrait, sauf surprise, être élu pour cinq ans au sommet de l’Etat et devenir ainsi le dirigeant qui a régné le plus longtemps sur le pays depuis le fondateur de la République turque Mustafa Kemal Atatürk.

Après des mois d’un vrai-faux suspense, l’entrée en lice de M. Erdogan ne faisait plus guère de doutes depuis la victoire de l’AKP aux élections municipales du 30 mars, malgré les critiques et un scandale de corruption sans précédent.

L’actuel chef de l’Etat Abdullah Gül a lui-même définitivement levé les derniers doutes en confiant dimanche qu’il ne se présenterait pas à un second mandat.

Contraint par une règle interne du parti de quitter la tête du gouvernement à l’issue des élections législatives de 2015, M. Erdogan a fait savoir depuis des mois qu’il n’entendait pas mettre un terme à sa carrière politique.

Souvent décrit, par ses partisans comme ses rivaux, comme le nouveau «sultan» de la Turquie, M. Erdogan reste de loin l’homme politique le plus populaire d’un pays à majorité conservatrice et attachée à la religion musulmane.

S’il est considéré comme l’artisan du développement économique de la Turquie depuis le début des années 2000, le chef du gouvernement est toutefois aussi devenu, depuis un an, sa figure la plus contestée.

Depuis la fronde de juin 2013, de nombreux Turcs lui reprochent sa dérive «autoritaire» et «islamiste» et dénoncent la corruption de son régime.

Tous les sondages le donnent néanmoins vainqueur du scrutin présidentiel, vraisemblablement dès le premier tour avec entre 52 et 56% des intentions de vote.

Son principal adversaire Ekmeleddin Ihsanoglu, un intellectuel de l’islam de 70 ans inconnu du grand public choisi par les deux principaux partis d’opposition, ne semble pas en mesure de lui contester sa victoire.

Les chances de Selahattin Demirtas, député et candidat désigné lundi du principal parti pro-kurde HDP, paraissent tout aussi maigres.

Pour s’attirer le soutien d’une majorité des 15 millions de Kurdes du pays, M. Erdogan a déjà fait un geste en faveur de cette minorité et présenté au parlement un projet législatif censé réveiller le processus de paix avec les rebelles kurdes, aujourd’hui au point mort.

Telles que définies par la Constitution de 1982, les fonctions du probable futur président Erdogan sont honorifiques.

Mais le Premier ministre a déjà fait savoir qu’il utiliserait tous les pouvoirs à sa disposition et, surtout, qu’il comptait bien profiter de l’onction du suffrage universel pour continuer à diriger la Turquie.

«Le prochain président ne sera pas un président protocolaire, mais un président qui sue, qui court et qui travaille dur», a-t-il d’ores et déjà prévenu.

La presse libérale dénonce par avance un chef de l’Etat qui sera, à ses yeux, forcément autoritaire. «La Turquie se laisse entraîner à grands pas vers un régime d’un seul homme», a affirmé mardi Mehmet Yilmaz dans sa colonne du quotidien Hürriyet.

Le journal pro-gouvernemental Yeni Safak s’est lui d’ores et déjà réjoui de la victoire annoncée de son champion. «Un modèle régional», salue l’éditorialiste Lokman Koyuncuoglu, pour «ses prises de position franches et indépendantes dans tous les domaines et sa réussite en matière d’économie».


 

Commentaires 

 
#1 Turquie ou Tunisie
Ecrit par ahmadou     02-07-2014 16:52
Prière rectifier le titre de l'article en remplaçant "Tunisie" par "Turquie"!

NDLR : C'est corrigé ! Merci
 
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