Trump et Poutine reconnaissent une grande détérioration des relations russo-américaines

Publié le Jeudi 13 Avril 2017 à 12:52
AFP - Le président des Etats-Unis Donald Trump a déclaré mercredi qu’il serait « merveilleux » que les Etats-Unis, l’Otan et la Russie puissent « s’entendre », reconnaissant que les relations entre Washington et Moscou étaient particulièrement détériorées.

« A l’heure actuelle, nous ne nous entendons pas du tout avec la Russie. A propos de notre relation avec la Russie, il se peut que nous soyons (tombés) au plus bas (niveau) de tous les temps », a affirmé Donald Trump lors d’une conférence de presse avec le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg.

Le président américain s’exprimait alors que son ministre des Affaires étrangères Rex Tillerson, en visite à Moscou, avait reconnu que les relations entre les deux puissances nucléaires étaient mauvaises, notamment en raison de divergences sur la Syrie.

Très critique contre l’Otan durant sa campagne et au début de sa présidence, Donald Trump a assuré que l’Alliance atlantique était un « rempart pour la paix internationale ».

Vladimir Poutine a estimé mercredi que les relations entre la Russie et les États-Unis s'étaient détériorées depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, au moment où les chefs de la diplomatie des deux puissances s'entretenaient à Moscou sur la Syrie.

Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov ont discuté pendant plusieurs heures dans une résidence du ministère des Affaires étrangères avant un déjeuner de travail et une reprise des pourparlers. Une conférence de presse est attendue dans la soirée.

Le Kremlin n'a en revanche pas confirmé une rencontre entre M. Tillerson et le président russe, se contentant de parler d'une éventualité.

Interrogé par la chaîne d'informations Mir 24 sur la qualité des relations entre Washington et Moscou, Vladimir Poutine a déclaré qu'«on peut dire que le degré de confiance dans nos relations de travail, notamment dans le domaine militaire, ne s'est pas amélioré, mais qu'au contraire, il s'est dégradé».

Les deux pays sont lancés ces derniers jours dans une guerre des mots au sujet de l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun et après la volte-face du président américain, qui a ordonné le premier bombardement de l'armée syrienne depuis le début du conflit il y a six ans.

La visite de M. Tillerson en Russie, la première d'un haut responsable de la nouvelle administration américaine, devait servir à jeter les bases de la «normalisation» des relations entre les deux pays promise par Donald Trump lors de sa campagne électorale.

Mais l'attaque chimique présumée et l'intervention américaine qui l'a suivie ont provoqué un nouveau regain de tensions aux accents de Guerre froide entre les deux puissances et éclipsé tous les autres dossiers.

Au début de son entretien avec le secrétaire d'État, M. Lavrov a dit vouloir comprendre «les intentions réelles» des États-Unis en matière de politique internationale, afin d'éviter une «récidive» de la frappe américaine en Syrie et de travailler à la création d'un «front commun contre le terrorisme».

«Notre ligne de conduite se base sur le droit international et non pas sur un choix du type «avec nous ou contre nous»», a déclaré le ministre.

M. Tillerson a de son côté dit souhaiter un échange «ouvert, franc et sincère», destiné à «davantage clarifier les objectifs et intérêts communs» et les «nettes différences» dans l'approche des deux pays sur les principaux dossiers.

Les responsables américains s'étaient succédé mardi pour critiquer le soutien sans faille de la Russie au président syrien Bachar al-Assad. Le secrétaire à la Défense Jim Mattis a estimé qu'il n'y avait «pas de doute» sur le fait que le régime de Damas était responsable de l'attaque chimique présumée du 4 avril, qui a fait 87 morts dans la province rebelle d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.

Vladimir Poutine a, lui, répété une nouvelle fois mardi qu'il ne voyait aucun élément prouvant la responsabilité de Damas.

La Russie se tient à une ligne mettant le régime syrien hors de cause : il faut regarder du côté des rebelles, l'armée syrienne ne disposant plus d'armes chimiques depuis le démantèlement de son arsenal sous supervision internationale.

M. Poutine a ainsi mis en garde contre des «provocations» en préparation de la part des rebelles qui utiliseraient des armes chimiques pour mettre ensuite Damas en cause.