Theresa Maya lancera le processus de rupture avec l’UE avant Mars 2017

Publié le Lundi 03 Octobre 2016 à 13:02
 Theresa May,AFP - La Première ministre britannique conservatrice, Theresa May, a annoncé ce dimanche 2 octobre qu'elle déclencherait la procédure de divorce avec l'Union européenne, avant la fin du mois de mars 2017. Cela ouvrira la voie à une sortie du Royaume-Uni début 2019.

En activant en début d'année prochaine l'article 50 du Traité de Lisbonne, préalable aux discussions sur le Brexit, Theresa May donnera le coup d'envoi à deux ans de discussions particulièrement complexes entre la deuxième économie européenne et les 27 membres restants de l'UE. "Cette décision veut dire que nous avons le temps de développer notre stratégie pour les négociations et (mettre au point) nos objectifs", a-t-elle déclaré lors d'un discours devant le congrès des conservateurs à Birmingham. La dirigeante britannique a précisé que si elle s'était donné du temps depuis son arrivée au gouvernement le 13 juillet, il ne fallait pas non plus laisser les "choses s'éterniser trop longtemps".

Cette annonce devrait donner satisfaction à Bruxelles, qui n'a pas caché son impatience de voir Londres traduire dans les actes le référendum du 23 juin, alors que l'UE est confrontée à la pire crise de son histoire, entre montée des populismes et de l'euroscepticisme, afflux des migrants et incertitudes économiques. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a d'ailleurs immédiatement salué sur Twitter une "déclaration qui apporte une clarté bienvenue sur le démarrage des discussions sur le Brexit". En précisant ses intentions, Theresa May apaisera aussi ceux qui, dans les rangs de son parti conservateur, l'appelaient à faire montre de volontarisme.

Comme elle l'a elle-même rappelé, dimanche, Theresa May souhaite négocier le "meilleur accord possible". Elle a ainsi dévoilé quelques indices sur la stratégie qu'elle pense mettre en place, sans trancher définitivement sur des questions comme le contrôle de l'immigration, que réclament les Britanniques, ou la place du Royaume-Uni dans le marché unique. Elle a toutefois prévenu que le Royaume-Uni ne quittait pas l'UE pour "abandonner à nouveau le contrôle de l'immigration".

L'autre souci concernant le Brexit est lié à l'inquiétude des milieux économiques qui attendent de voir quelle direction prendra la sortie de l'Union. Une inquiétude accentuée par le fait que le ministère chargé de la sortie de l'UE n'a pas encore finalisé la constitution de son équipe. Theresa May a tenu à les rassurer en expliquant que la transition se ferait "en douceur", tout en rejetant comme une "fausse dichotomie" le clivage entre "Brexit dur" et "Brexit allégé" qui divise son parti, mais aussi les membres de son gouvernement.

Dans les allées du centre de conférence ICC de Birmingham, où se déroule le congrès des tories, les annonces de la Première ministre ont ravi des militants en quête de repères. "Je crois que c'est une bonne chose que d'avoir un certain niveau de certitude quant au Brexit et à la date de déclenchement de l'article 50", a déclaré Dan Tor, 25 ans, employé dans le secteur public. "On a voté pour quelque chose et ça va se produire. C'est bien", a-t-il ajouté. Fin mars pour déclencher l'article 50, "c'est le bon moment", estime de son côté Rachel Joyce, une autre militante, selon laquelle les prochains mois permettront au gouvernement "de se mettre en ordre de bataille" pour négocier avec l'UE. Le Brexit, veut-elle croire, sera une réussite, imaginant, dans 10 ans, un Royaume-Uni prospère, dénué de contraintes et faisant "ce qu'il sait faire de mieux : le libre-échange".

Avant d'en arriver là, le pays devra négocier l'accord de sortie avec l'UE, une tâche titanesque aux innombrables répercussions. Pour l'éditorialiste du quotidien Financial Times, Janan Ganesh, Theresa May vient de vivre ses "meilleures semaines" et celles qui l'attendent ne peuvent être que pires, d'autant que les autres membres de l'UE n'ont nullement l'intention de lui accorder de faveurs. Pour l'instant, elle dispose encore de plusieurs atouts, dont une cote de popularité confortable. Elle profite également des déboires du Labour, le principal parti d'opposition, devenu quasi inaudible à force de querelles intestines.

Seuls maîtres à bord du bateau Royaume-Uni, les tories pourraient être tentés de pousser leur avantage en précipitant les élections législatives, théoriquement prévues en 2020. Mais Theresa May a exclu cette hypothèse dimanche, pour ne pas créer de l'"instabilité", dans un entretien au journal Sunday Times. Elle y annonce par ailleurs qu'elle présentera une loi au printemps 2017 pour révoquer l'Acte d'adhésion à l'UE de 1972. "Cela marquera la première étape pour faire du Royaume-Uni un pays souverain et indépendant à nouveau."