Theresa May fragilisée par un nouveau scandale au sein du gouvernement

Publié le Mercredi 08 Novembre 2017 à 15:17
AFP - Un nouveau membre du gouvernement britannique est menacé de démission pour avoir rencontré en secret des dirigeants israéliens, fragilisant davantage la Première ministre Theresa May qui a déjà fort à faire avec un scandale de harcèlement sexuel et le Brexit.

Convoquée mercredi au 10 Downing Street pour s'expliquer, la secrétaire d'Etat au Développement international Priti Patel a pris le chemin du retour vers Londres, qu'elle avait quitté la veille pour effectuer une tournée en Afrique, ont indiqué des sources gouvernementales à l'AFP.

Une démission de Priti Patel constituerait le deuxième départ du gouvernement conservateur en une semaine. Le ministre de la Défense Michael Fallon a jeté l'éponge le 1er novembre, mis en cause dans un scandale de harcèlement sexuel qui secoue la classe politique et malmène également un proche de Theresa May, le vice-Premier ministre Damian Green, ainsi que le secrétaire d'Etat au Commerce international Mark Garnier.

Mme Patel avait présenté des excuses lundi pour avoir rencontré une série de responsables israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, et des représentants d'ONG et d'entreprises durant ses vacances familiales en août sans en informer son gouvernement à l'avance.

Aucun autre responsable britannique n'avait assisté à ces rencontres, où elle était la plupart du temps accompagnée par Stuart Polak, le président honoraire d'un groupe de lobby pro-Israël, les Conservative Friends of Israel.

Sous pression, Mme Patel avait dit lundi à Mme May avoir évoqué la possibilité de financer l'assistance humanitaire apportée à des blessés syriens dans le Golan, dont Londres ne reconnaît pas l'occupation partielle par Israël, selon Downing Street. Elle avait été simplement réprimandée par la cheffe du gouvernement.

Mais selon les médias britanniques, la ministre avait gardé certains éléments sous silence, ce qui pourrait contraindre Theresa May à la pousser vers la sortie pour avoir mené cette diplomatie parallèle. "Je ne comprends pas ce qu'elle doit faire de plus pour être virée", a déclaré un ministre au quotidien The Daily Telegraph, sous couvert d'anonymat.

Priti Patel n'aurait pas expliqué dans son mea culpa que cette aide impliquerait de financer l'armée israélienne, qui a déjà permis d'évacuer plus de 3.100 blessés syriens vers des hôpitaux israéliens. D'après le quotidien israélien Haaretz, elle aurait même visité un hôpital militaire de campagne dans ce territoire.

Elle avait également omis de mentionner une autre rencontre organisée cette fois en septembre, avec le ministre israélien de la Sécurité intérieure Gilad Erdan à Westminster alors qu'elle avait reconnu un entretien plus tard ce mois-là avec le directeur général du ministère des Affaires étrangères Yuval Rotem à New York. M. Erdan avait pourtant posté sur Twitter une photo de lui avec la secrétaire d'Etat devant le London Eye, la grand-roue de Londres.

Le départ de cette fervente partisane du Brexit fragiliserait une équipe gouvernementale déjà divisée sur la question, à l'heure où elle est engagée dans des négociations cruciales avec Bruxelles sur la sortie de l'Union européenne.

Un autre poids lourd de l'exécutif, le chef de la diplomatie Boris Johnson, habitué des gaffes, s'est lui aussi fait remarquer cette semaine pour avoir tenu des propos jugés préjudiciables à une Irano-Britannique emprisonnée en Iran, qu'il a dû corriger mardi.

Le Parti travailliste, dans l'opposition, a réclamé une enquête sur ce qu'il a qualifié de "manquements graves" au code de conduite ministériel de la part de Priti Patel.

"Avec le recul, je peux comprendre que mon enthousiasme (...) peut être mal interprété et que ces réunions ont été organisées et rapportées d'une manière qui ne cadre pas avec les procédures habituelles", s'était excusée la secrétaire d'Etat lundi.

Mais son comportement a choqué l'ambassadeur de Palestine au Royaume-Uni, Manuel Hassassian, qui l'a jugé sur ITV "en totale contradiction" avec la politique de Londres en faveur d'une solution à deux Etats au Proche-Orient.