Tentative de coup d’Etat au Gabon, des putschistes s’emparent de la radio nationale

Publié le Lundi 07 Janvier 2019 à 09:43
Reuters - Des officiers gabonais se sont emparés lundi de la radio nationale dans une tentative apparente de coup d'Etat, voyant dans le discours de Nouvel an du président Ali Bongo, qui se remet d'un AVC au Maroc, le signe qu'il n'est plus en état de gouverner.

Son discours "a renforcé les doutes sur la capacité du président à continuer à assumer les responsabilités de sa charge", a déclaré le lieutenant Kelly Ondo Obiang, dirigeant d'un autoproclamé Mouvement patriotique des forces de défense et de sécurité du Gabon.

Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, on le voit en uniforme et béret vert lire le message des officiers putschistes, qui a été diffusé vers 04h30 heure locale (05h30 GMT). Deux soldats armés de fusils d'assaut se tiennent derrière lui.

L'officier précise que ce putsch a été lancé contre "ceux qui ont assassiné lâchement nos jeunes compatriotes dans la nuit du 31 août 2016", une allusion aux violences qui ont suivi la réélection contestée d'Ali Bongo.

Selon une source proche du gouvernement, des coups de feu ont été entendus à proximité du siège de la télévision nationale.

La même source assure que les putschistes ne semblent constitués que d'un petit groupe de militaires et un porte-parole de la présidence a annoncé une déclaration sous peu.

Ali Bongo, qui est âgé de 59 ans, a été hospitalisé le 24 octobre après avoir été victime d'un AVC lors d'une conférence économique en Arabie saoudite, selon des sources citées par Reuters.

Hospitalisé plusieurs jours à l'hôpital Roi Fayçal de Ryad, il poursuit sa convalescence au Maroc, laissant son vice-président exercer le pouvoir en son absence sur décision de la Cour constitutionnelle.

Dans son discours du Nouvel an, il a reconnu souffrir de problèmes de santé mais a assuré qu'il se remettait.

La famille Bongo dirige le pays pétrolier depuis près d'un demi-siècle. Ali Bongo est arrivé au pouvoir à la mort de son père, Omar, en 2009.

Il a été réélu en 2016 avec moins de 6.000 voix d'avance sur l'opposant Jean Ping, ancien président de la Commission de l'Union africaine, à l'issue d'une élection sous tension marquée par des accusations de fraude et de violentes manifestations.

L'Union européenne avait signalé des anomalies, notamment dans la province du Haut-Ogooué où Bongo a été crédité de 95% des suffrages exprimés et où la participation a atteint le taux de 99,9% des inscrits.