Tensions et risques d’escalade au Moyen-Orient

Publié le Jeudi 26 Avril 2018 à 11:16
AFP - Les tensions géopolitiques et la surenchère verbale entre l’Iran et Israël ou l'Arabie saoudite font craindre une escalade au Moyen-Orient au-delà du conflit par procuration que se livrent ces puissances régionales en Syrie, estiment des experts.

"Nous ne permettrons pas d'ancrage iranien en Syrie, quel que soit le prix à payer", a averti en avril le ministre de la Défense israélien Avigdor Lieberman après un raid aérien contre une base militaire en Syrie dans laquelle sept Iraniens au moins ont péri.

Israël n'a pas revendiqué cette attaque, la première ciblant directement des positions de l'Iran en Syrie voisine. Mais cette action a fait craindre une extension du conflit au-delà des frontières syriennes.

L'Etat hébreu considère l'Iran comme son principal ennemi, ne veut surtout pas l'avoir à sa frontière et l'accuse de chercher à se doter de l'arme atomique L'Iran de son côté ne reconnaît pas l'existence d'Israël.

Ryad voit de son côté en Téhéran un rival qu'il accuse de vouloir dominer la région. Et des analystes ont évoqué un possible rapprochement de l'Arabie saoudite avec Israël, deux pays alliés des Etats-Unis.

Dans ce contexte d'animosité extrême, les menaces de tous bords fusent en permanence.

Dans un rapport, le groupe de réflexion International Crisis Group relève des visions antagonistes "qui maintiennent l'Iran et ses adversaires dans une spirale d'affrontements par procuration qui détruit" le Moyen-Orient.

Le soutien de l'Iran à des milices en Irak, en Syrie et au Liban fait dire aux détracteurs de la République islamique que celle-ci cherche à dominer la région et à coaliser des forces pour attaquer Israël.

ICG note que l'Iran, à l'inverse, perçoit le Proche et Moyen-Orient comme "une région dominée par des puissances dotées de capacités militaires supérieures" et que Téhéran ne s'est lancé dans le conflit syrien que par peur de perdre un de ses rares alliés et d'être encerclé par des forces jihadistes.

Pour nombre d'Iraniens, l'idée que leur pays est la seule force déstabilisatrice de la région, comme le répètent Washington, Israël et Ryad, est difficile à avaler.

"Ce n'est pas l'Iran qui retient prisonniers des Premiers ministres étrangers", s'agace Mohammad Marandi, professeur à l'Université de Téhéran en faisant allusion au Premier ministre libanais Saad Hariri. Ryad avait été accusée de l'avoir forcé à annoncer sa démission et de l'avoir retenu contre son gré.

Au Yémen, les autorités saoudiennes "imposent depuis trois ans la famine et la guerre", ajoute à l'AFP M. Mabandi en référence aux frappes aériennes menées depuis 2015 par une coalition arabe menée par Ryad en soutien au gouvernement face aux rebelles Houthis, que Téhéran dit soutenir, mais pas militairement.

La position du royaume saoudien vis-à-vis de l'Iran peut paraître contradictoire. Dans un entretien à la chaîne de télévision américaine CBS, le prince héritier Mohammed ben Salmane a déclaré en mars que l'armée et l'économie iraniennes étaient largement inférieures à celles de la monarchie sunnite, tout en présentant l'Iran chiite comme cherchant à prendre le contrôle de toute la région.

"Les critiques peuvent (...) accuser Ryad de voir la main de l'Iran partout", dit à l'AFP Ali Shihabi, directeur du cercle de réflexion pro-saoudien Arabia Foundation, basé à Washington, mais "les Saoudiens ont vu les forces à la solde de l'Iran prendre le contrôle de ses voisins un par un: Liban, Irak, Syrie".

L'Iran aussi affiche des contradictions. L'ayatollah Ali Khamenei a déclaré qu'Israël n'existerait plus dans 25 ans mais pour M. Marandi, il ne s'agit pas d'une menace militaire contre l’État hébreu.

"Malgré toute la désinformation propagée par des médias occidentaux, l'Iran n'a jamais menacé d'entrer en conflit" avec Israël, dit-il.

"Ce qui menace Israël n'a rien à voir avec la puissance militaire iranienne, mais avec le fait que (l'État hébreu) est de plus en plus perçu comme illégitime par nombre de ses amis étrangers", avance l'universitaire.

- Un dialogue possible ? -

Mais Dore Gold, ancien ambassadeur d'Israël aux Nations unies, dénonce lui "le mouvement idéologique très agressif" de la République islamique.

L'Iran "a construit des bases en Syrie pour des troupes terrestres", dit-il, et si l'on ajoute la présence de son allié, la milice chiite libanaise du Hezbollah, cela représente "une menace directe (...) pour Israël".

Les positions des uns et des autres apparaissent d'autant plus difficiles à concilier que l'Iran n'entretient de relations diplomatiques ni avec Israël, ni avec l'Arabie saoudite, Ryad et Téhéran ayant rompu leurs liens en 2016.

Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif appelle régulièrement à un "dialogue régional" qui permettrait d'aborder "tous les problèmes" du Moyen-Orient.

Mais les adversaires de l'Iran voient dans ces appels la preuve de la duplicité supposée d'un pouvoir qu'ils accusent de complicité de crimes en Syrie.

Pour apaiser la situation, écrit ICG, "il faudra que les voisins de l'Iran (et les États-Unis) dialoguent de manière systématique avec Téhéran sur les questions régionales comme l'avenir du Yémen, de la Syrie ou de l'Irak".

Mais les Etats-Unis semblent guère enclins dans l'immédiat à discuter avec l'Iran, le président Donald Trump n'ayant de cesse d'accuser Téhéran de représenter une très grave menace pour la région.

 

Commentaires 

 
#4 RE: Tensions et risques d’escalade au Moyen-Orient
Ecrit par Tn Fr     27-04-2018 17:49
*Correction:
Pourquoi (Ben ali) parle t-il de "nos frères saoudiens" (dans son interview)?

J'ajoute au sujet de l'Iran, que tout ce qu'ils font contre Israël, avec la présence du Hezbollah au Liban et leur présence militaire en Syrie n'est qu'une tentative de mettre la pression sur les US afin de les laisser mener leur politique d'expansion dans la région (qui est leur raison de vivre et le but ultime de leur révolution) et cela n'émane aucunement d'une véritable volonté de lutter pour la cause palestinienne et contre le sionisme. Les chiites n'entretiennent aucune considération religieuse envers el Qods, ce n'est pas une ville sainte pour eux, el Khomeyni a déclaré en 1987: " nous pourrions faire des concessions au sujet d'el Qods et se réconcilier avec Saddam mais jamais avec l'Arabie saoudite". ara.tv/nq6s9
Ils UTILISENT la cause palestinienne pour leurs propres intérêts, pour concrétiser les objectifs de la révolution, ne vous faites pas berner, étudiez leur dogme, ce régime est un régime religieux, vous ne pouvez pas comprendre leur politique sans prendre en considération la foi qui anime ces hommes.
C'est l'analyse de l'ancien ministre des affaires étrangères égyptien Ahmad Abou el Ghayt. youtu.be/i-MltJyC7S0
Dans cette interview qui comprend 4 parties, il aborde plusieurs sujets dont le printemps arabe où il soutient que le printemps arabe est le résultat de la volonté US de remodeler le MO, et que les frères musulmans ont été choisis pour remplacer ces "dictateurs". Une interview très intéressante.
 
 
#3 RE: Tensions et risques d’escalade au Moyen-Orient
Ecrit par Tn Fr     27-04-2018 17:21
@Léon,

Tu te trompes sur l'Arabie saoudite, la situation est bien plus complexe que tu ne le penses. Ce pays n'a jamais soutenu les révolutions arabes, bien au contraire, je te mets au défi de m'apporter ne serait-ce qu'une seule preuve.
L'Administration Obama qui est à l'origine du déclenchement du printemps arabe est celle qui a fait le plus mal à l'Arabie saoudite dans toute son histoire, en élaborant tout d'abord un accord sur le nucléaire iranien qui favorise largement les iraniens, puis en plaçant les frères musulmans au pouvoir dans des pays voisins. (Les ikhwans veulent faire tomber les Saouds, Ghannouchi l'a déclaré publiquement).
L'Arabie est aussi visée par le remodelage du moyen-orient. Les US ont utilisé le Qatar et les frères musulmans pour déstabiliser la région et prendre le pouvoir.
Selon la nouvelle carte du moyen-orient (huffpostmaghreb.com/.../...), l’Arabie doit être divisée en deux pays indépendants: le hijaz (nouveau Vatican musulman) et le reste du pays.
Dans des enregistrements qui ont fui, et sur lesquels l’Arabie s'appuie (entre autres) pour justifier "au public" le blocus actuel contre ces traîtres à la solde du plan US pour le MO, on entend l'ancien ministre des affaires étrangères qatari Hamad ibn jassim ainsi que l'ancien émir du Qatar Hamad bin Khalifa discuter avec kadhafi sur le plan américain pour le remodelage du MO et que les saouds ne seront plus sur le trône d'ici 12 ans. (youtu.be/1cfCdICKIoM)
Dans une émission TV, Hamad ibn Jassim avoue que l'enregistrement est authentique.

Ce n'est pas parce que l’Arabie est alliée aux US qu'ils soutiennent leur plan de remodelage du MO. L'Egypte de Mubarak était un allié des US, pourtant ces derniers ont financé des ONG et formé des jeunes révolutionnaires qui ont contribué fortement à sa chute.
L'Arabie saoudite livre actuellement une bataille féroce contre le Qatar et les ikhwans. Ils vont jusqu'à interdire de séjour sur le territoire saoudien le prédicateur Ghannouchiste Béchir ben hassan qui se trouve actuellement en France.
Pourquoi l'Arabie est le pays que Ben Ali a choisi pour s'établir après avoir été victime de ce complot américain? Pourquoi parlent-ils de "nos frères saoudiens"?
L'Arabie est certes un allié des US mais elle s'oppose farouchement à tout plan de déstabilisation de la région (la complexité est là).
Pour la Syrie, ils ont financé les rebelles modérés non affiliés à al qaida à cause des agissements du Bacharcutier contre son propre peuple qui n'a pas hésité à utiliser des barils d'explosifs à grande échelle massacrant femmes et enfants syriens tout ça pour garder son trône (mets toi à la place d'une de ces familles victimes). C'était une réaction à la barbarie, non une décision prise au préalable de faire tomber Bachar comme ce fut le cas du Qatar qui a avoué avoir dépensé plus de 120 milliards de dollar en Syrie pour faire tomber al Assad.

L'Arabie saoudite n'est pas allié à Israël et ne le sera pas tant que la question palestinienne ne sera pas réglée, cela a été répétée récemment par MBS.
L'Arabie est pour une solution à deux états avec pour frontières celles de 67, comme répété récemment par le roi Salman. Je crois que c'est la meilleure solution actuellement au vu de la progression des colons juifs dans la Cisjordanie. Soutenir le Hamas dans ce conflit, c'est en réalité permettre à Israël de continuer la colonisation à feu doux.
Le calife autoproclamé Erdogan se présente comme le leader de la cause palestinienne alors qu'il commerce avec Israël à hauteur d'un milliard de dollar (en 2017). Le Qatar a des liens diplomatiques aussi avec Israël comme cela a été révélé dans l'enregistrement avec hamad et Kadhafi.

Je conseille à chacun de chercher sur la question de manière poussée, de mener en quelques sortes sa propre enquête et en ne s'arrêtant pas à des rumeurs ou à des on dits.

L'Iran veut exporter sa révolution dans le MO et le monde arabe, et tout musulman sunnite se doit de s'y opposer. Même Ben Ali serait du côté des saoudiens sur cette question. Au passage, Morsi avait ouvert la voie aux iraniens en Egypte, je remercie Allah le Très-Haut et le peuple égyptien d'avoir éjecter ces traîtres d'ikhwanjis.
 
 
#2 Les frérots
Ecrit par Léon     26-04-2018 23:15
Maintenant tout est clair pour tout le monde. L'histoire nous a encore une fois donné raison, chose dont nous n'avons jamais douté.
Aujourd'hui que l'alliance saoudo-israélienne est claire, ainsi que celle des islamo-fascistes et des turques avec le même état, l'histoire nous a donné raison d'avoir qualifié nos islamistes de "sionislamistes". J'étais le seul à avoir employé ce vocable lorsque les révolutionnaires haineux et ingrats, applaudissaient la chute de Ben Ali en même temps que les turques, les qataris, les atlantistes à la solde d'Israël et le congress américain.
NOUS sommes la seule et unique valeur sure du pays et les sous-fifres des atlantistes ne pourront faire le millième de la réussite de Ben Ali et de ses Hommes.
VIVE LA TUNISIE? VIVE LES PATRIOTES? VIVE BEN ALI.
À BAS LES TRAITRES.

LÉON, Min Joundi Tounis Al Awfiya,
Un patriote, un soldat et un visionnaire qui a un siècle d'avance sur le populace ingrate instruite par notre bonne politique.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
 
 
+1 #1 RE: Tensions et risques d’escalade au Moyen-Orient
Ecrit par Sherlock Homs     26-04-2018 12:37
L'Iran sera la puissance régionale qui nous débarassera d'Israel une bonne fois pour toutes, Inch Allah !
Et l'Arabie Saoudite se mordra sans doute les doigts d'avoir voulu s'allier, comme elle le fait en ce moment, avec cet état sioniste, raciste et abject qui n'a rien à faire en Palestine...
 
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