Syrie : Quatre ans de crise humanitaire, les ONG tirent la sonnette d'alarme

Publié le Samedi 14 Mars 2015 à 10:54
Amnesty.fr- Plus de 83% des lumières se sont éteintes en Syrie depuis le début du conflit. C’est ce que révèle une coalition mondiale d’organisations humanitaires et de défense des droits humains à la veille du 15 mars qui marquera le 4e anniversaire de la crise syrienne.

En collaboration avec les 130 ONG membres de la coalition #withSyria, dont Amnesty International, des chercheurs de l’Université de Wuhan en Chine ont constaté, par l’analyse d’images satellites, une diminution de 83% des lumières visibles dans le ciel syrien depuis mars 2011, rapporte Amnesty International France.

« Les images satellites fournissent les données les plus fiables montrant l’ampleur de la dévastation en Syrie », explique le Dr Xi Li, directeur de recherche du projet.
« Prises à plus de 800 kilomètres au-dessus de la Terre, ces images nous aident à comprendre la souffrance et la peur qui sont la réalité quotidienne des civils en Syrie, alors que leur pays s’effondre autour d’eux. Dans les zones les plus affectées telles qu’Alep, ces chiffres font froid dans le dos : 97% des lumières ont disparu. La province de Damas et celle de Quneitra, près de la frontière israélienne, font figure d’exception avec la disparition de respectivement 35% et 47% des lumières.»

«Le monde détourne les yeux des millions de réfugiés syriens laissés sans soutien, sans espoir. Le Haut-Commissariat aux réfugiés a appelé les Etats à accueillir, d’ici la fin 2016, 380 000 personnes en situation très vulnérable. En 2013, François Hollande s’est engagé à en accueillir 500, insignifiant au regard de l’urgence, de l’ampleur de la crise humanitaire qui perdure. La France doit aujourd’hui s’engager plus loin et affirmer, autant par les discours que par les actes, sa solidarité avec les réfugiés syriens afin de rallumer la lueur de leur espoir. », a déclaré Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International France.

Cinq pays seulement de la région se partagent 95 % des réfugiés de Syrie. À l’échelle mondiale, 80 000 places ont été proposées au titre de la réinstallation, mais seule une petite partie des réfugiés qui peuvent y prétendre ont démarré une nouvelle vie à l’étranger. La réinstallation est une mesure positive que le monde peut mettre en œuvre pour aider les gens en proie à l’une des crises humanitaires les plus graves de notre époque.

Des résolutions non respectées
La vie en Syrie reste cauchemardesque. Les attaques directes contre les civils et les attaques menées sans discrimination se poursuivent à un rythme effréné. De militants politiques, défenseurs des droits humains, travailleurs humanitaires et journalistes sont visés par des manœuvres pour les contraindre au silence. Beaucoup se trouvent désormais en détention.

Pourant, en 2014, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a voté trois résolutions demandant que des mesures soient prises pour la protection des civils et l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire en Syrie. Ces résolutions auraient dû avoir un impact positif pour la population syrienne.

 « Depuis le vote de ces résolutions, des milliers de syriens ont perdu la vie, jamais autant de civils n’ont été prisonniers des combats ou forcés à les fuir, et l’accès humanitaire ne s’est pas amélioré» rappelle Claire Fehrenbach, Directrice Générale d’Oxfam France.

« Echec coupable en Syrie » un nouveau rapport publié aujourd’hui par Oxfam, le Norwegian Refugee Council, Médecins du Monde et d’autres organisations, accuse les belligérants et grandes puissances de ne pas avoir respecté ces résolutions.

Ne pas détourner l'attention
Bassam Al-Ahmad, porte-parole du Violations Documentation Centre in Syria (VDC) rappelle que « L’émergence de groupes terroristes agissant à travers les frontières a semé la terreur et attiré l’attention du monde sur la Syrie. Elle a en revanche détourné l’attention des gouvernements de la souffrance des civils et des abus commis par l’ensemble des parties à ce conflit. Chaque jour, des médecins, travailleurs humanitaires et enseignants syriens prennent d’énormes risques pour venir en aide à leurs voisins et à leurs proches, tandis que la communauté internationale ne parvient toujours pas à amener une solution politique capable de mettre un terme à leurs souffrances et aux affrontements. »