Syrie : Obama éloigne la menace de frappe, après la proposition russe

Publié le Mardi 10 Septembre 2013 à 09:32
Sergueï LavrovAFP - Barack Obama a salué lundi soir la proposition russe de placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international, éloignant la perspective de frappes contre le régime de Damas accusé d'une attaque chimique qui a fait des centaines de morts. "Cela pourrait constituer une percée importante", a lancé le président américain sur la chaîne NBC, à l'issue d'une journée riche en coups de théâtre qui suscitait des interrogations sur la ligne directrice de l'administration américaine sur ce dossier. Reconnaissant qu'il était dans une situation difficile face au Congrès à qui il a demandé un feu vert pour une opération militaire, Barack Obama a cependant estimé que les dernières avancées étaient le résultat direct des menaces de frappes américaines. "Il aurait été improbable de parvenir à ce point (...) sans une menace militaire digne de foi pour traiter la question du recours à des armes chimiques en Syrie", a-t-il dit.

Considéré comme l'un des plus importants du monde, l'arsenal chimique syrien est estimé à "plus de 1 000 tonnes" par les services de renseignements français. Sa neutralisation, si elle était actée, pourrait s'avérer extrêmement délicate sur le terrain, en plein milieu d'une guerre civile qui a déjà fait plus de 100 000 morts. Interrogé par ABC sur la possibilité d'une "pause" dans le cheminement vers des frappes, au cas où les armes chimiques seraient sécurisées, Barack Obama a répondu : "Tout à fait, si cela se produit." S'exprimant depuis la Maison-Blanche, l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton a aussi salué un développement positif, mais a appelé, comme le président des États-Unis, à ne pas relâcher la pression sur le régime de Damas, mettant en garde contre "une nouvelle excuse pour un délai ou une obstruction.

La France a estimé pour sa part que la proposition russe méritait "un examen précis", le chef de la diplomatie Laurent Fabius réclamant "des engagements précis, rapides et vérifiables" de la part de Damas. La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part jugé la proposition "intéressante". Assurant que Damas était toujours prête à des négociations de paix, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait créé la surprise un peu plus tôt en annonçant avoir proposé aux Syriens de placer leur stock d'armes chimiques sous contrôle international et de le détruire. La Syrie a immédiatement "accueilli favorablement" cette proposition, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, tout en se gardant d'être plus explicite sur le fond.

Dans la foulée, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à la création de zones supervisées par les Nations unies en Syrie où les armes chimiques du pays pourraient être détruites. "J'étudie la possibilité de demander de manière urgente au Conseil de sécurité d'exiger le transfert immédiat des stocks d'armes et de précurseurs chimiques dans des zones en Syrie où ils pourraient être entreposés en sûreté et détruits", a-t-il précisé, jugeant indispensable de surmonter "l'embarrassante paralysie" du Conseil sur le dossier syrien.
Quelques heures avant l'annonce de Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait évoqué, lors d'une conférence de presse à Londres, l'hypothèse selon laquelle Bachar el-Assad pourrait "restituer l'intégralité de son arsenal chimique à la communauté internationale".

Son porte-parole avait cependant pris soin de préciser peu après que cette remarque purement "rhétorique" ne constituait pas une offre de négociation faite à Damas. Lundi matin, Bachar el-Assad avait lancé une mise en garde à Washington lors d'un entretien télévisé diffusé par la chaîne américaine CBS. Soulignant que la situation pourrait devenir imprévisible dans une région "perpétuellement au bord de l'explosion", il a longuement insisté sur les conséquences d'éventuelles frappes sur son pays.

"Le gouvernement (syrien) n'est pas le seul acteur dans la région. Il y a différentes parties, différentes factions, différentes idéologies", a-t-il fait savoir : "Si vous n'êtes pas prudents, vous en paierez le prix." "Je ne suis pas devin, je ne peux pas vous dire ce qui va arriver", a-t-il ajouté, sans exclure l'emploi d'armes chimiques "si les rebelles, ou des terroristes dans la région, ou tout autre groupe, en possèdent". Il a ajouté qu'une attaque américaine reviendrait à mener "une guerre qui va aboutir à soutenir al-Qaida et les gens qui ont tué des Américains le 11 Septembre" lors de l'attentat contre le World Trade Center.

Confronté à une opinion publique hostile à une intervention militaire en Syrie - six Américains sur dix y sont opposés, selon un sondage publié lundi -, Barack Obama joue à la fois la crédibilité des États-Unis et de sa propre présidence sur ce dossier épineux. Après une rafale d'interviews avec les grandes chaînes de télévisions américaines, il devrait s'adresser mardi soir à la nation depuis le cadre solennel de la Maison-Blanche. Au Sénat, un premier vote de procédure, initialement prévu mercredi, a été reporté en raison des discussions en cours sur la proposition russe et devant la réticence croissante des élus. Aucun nouveau calendrier n'a été fixé à ce stade. "Je ne dirais pas que je suis confiant" sur l'issue du vote, a concédé lundi le président américaine.


 

Commentaires 

 
+3 #1 Personne n'y avait pensé plus tôt?
Ecrit par mor-ozetazuni     10-09-2013 10:40
…A placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international?

Bachar el-Assad est pour le moment sauvé par son…meilleur allié Poutine qui a fait la nique au G20!

C’est l’histoire d’un dictateur qui sauve un autre dictateur d’un coup prémedité de la part de la plus grande internationale terroriste. J’ai nommé l’alliance occidentale sioniste.

Michael Moore : A quand le film??
 
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