Syrie : L’ONU pointe les effets dévastateurs des villes assiégées

Publié le Mardi 23 Juin 2015 à 11:33
AFP - Les enquêteurs de l'Onu sur la Syrie ont dénoncé mardi le largage d'explosifs par le gouvernement syrien et les sièges de plusieurs localités et villes menés par les parties en conflit et conduisant à la famine forcée.

"Les forces gouvernementales, les groupes armés antigouvernement, et l'EI (groupe Etat islamique) mènent des sièges qui ont des effets dévastateurs", a affirmé le président de la commission d'enquête, le Brésilien Paulo Pinheiro, faisant le point sur la situation devant le Conseil des droits de l'Homme. "Les sièges et le déni prolongé d'accès à l'aide humanitaire (...) ont conduit à la malnutrition et la famine", a-t-il dit.

Il a cité les sièges du camp de Yarmouk, de la Ghouta orientale et de Zabadani par les forces gouvernementales, et accusé les groupes armés antigouvernement d'assiéger les villes de Nubul et Zahra dans la région d'Alep et de Foua'a et Kafria dans la région d'Idleb.

Dans un document publié mardi et qui couvre la période allant du 15 mars au 15 juin, les enquêteurs notent que les "privations extrêmes" causées par ces sièges durent "depuis des mois, des fois des années". Cela relève de l'"impensable", relèvent les enquêteurs, mais "certains - y compris des enfants - sont morts de faim, de déshydratation" durant les sièges. M. Pinheiro a également dénoncé les "attaques indiscriminées" menées de façon "délibérée" par toutes les parties en conflit contre des zones habitées par des civils.

Les enquêteurs dénoncent particulièrement le largage d'explosifs menées par les forces gouvernementales sur des civils. "Depuis le début de l'année, les avions et hélicoptères gouvernementaux ont tiré des missiles et largué des barils d'explosifs sur des localités au nord de la ville d'Alep (...). Le gouvernement a aussi bombardé des régions à l'est du gouvernorat d'Alep", qui sont des régions très habitées, écrivent les enquêteurs de l'Onu. "Des quartiers de l'est de la ville d'Alep, comme al-Shaar, al-Sakour, Baidin, al-Maadi, al-Hayderia et al-Moyaser, sont soumis à des bombardements -- en majorité des barils d'explosifs -- de façon quasi quotidienne", poursuivent-ils.

Les quatre membres de la commission d'enquête de l'Onu n'ont jamais pu entrer en Syrie mais ils ont recueilli des milliers de témoignages de victimes, de documents et de photos satellites. La Syrie est ravagée depuis plus de quatre ans par un conflit complexe impliquant régime, rebelles, Kurdes et jihadistes qui tentent de s'arroger des pans de territoire. Plus de 230.000 personnes y ont péri. Le conflit a jeté des millions de Syriens à la rue ou sur les routes de l'exil.