Syrie : Les raids s'intensifient, des milliers de familles sans ressources

Publié le Samedi 19 Novembre 2016 à 11:14
Reuters- Les rebelles syriens assiégés à Alep-Est ont subi vendredi de nouvelles vagues d'assaut des forces loyalistes qui cherchent à reprendre la grande ville du nord de la Syrie, où la population n'a, selon l'Onu, quasiment plus ni vivres ni médicaments.

"D'après mes informations, quasiment tous les entrepôts sont vides désormais et des dizaines de milliers de familles manquent de nourriture", a déclaré à Reuters Jan Egeland, conseiller pour les affaires humanitaires de l'émissaire de l'Onu pour la Syrie.

Les combats se sont également intensifiés à Damas et dans les environs de la capitale syrienne. L'armée a pilonné la périphérie est, tenue par la rébellion, qui a tiré des roquettes sur le centre-ville contrôlé par le gouvernement.

A Alep-Est, où vivraient encore 270.000 civils, les bombardements ont repris mardi après une pause d'environ un mois voulue par la Russie, qui appuie militairement le régime de Bachar al Assad.

Ils ont fait 65 morts et des centaines de blessés d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Cette ONG basée à Londres, qui compte un vaste réseau d'informateurs sur place, a comptabilisé en outre quatre morts dans les quartiers ouest contrôlés par le gouvernement.

Malgré leur puissance de feu, les forces loyalistes n'ont guère progressé dans les zones sous contrôle rebelle depuis le déclenchement de leur vaste offensive de reconquête en septembre. Les insurgés sont bien retranchés et se disent prêts à mener une guérilla urbaine.

Les combats de vendredi, les plus acharnés depuis le début de la semaine selon l'OSDH, se sont concentrés en bordure sud et est des quartiers rebelles. Les miliciens supplétifs du gouvernement sont mobilisés en grand nombre, observe-t-on dans les deux camps.

"Les milices arrivent en nombre dans les secteurs qu'elles cherchent à prendre d'assaut. Il y a de nouvelles lignes de front dans toute la Syrie en ce moment, et le régime et les milices concentrent leurs efforts sur Alep", dit un responsable du Front du Levant, un groupe rebelle affilié à l'Armée syrienne libre.

Bilan qui pourrait s'alourdir
Côté gouvernemental, on confirme la mobilisation des miliciens. Les pilonnages de ces derniers jours étaient un prélude à des opérations terrestres, dit un responsable. Selon un média contrôlé par le Hezbollah, milice chiite libanaise alliée à Damas, l'armée a progressé dans le nord-est d'Alep.

Les insurgés disent avoir repoussé les miliciens dans le quartier de Cheikh Saïd, en bordure sud d'Alep-Est.

Mohamed Abbouch, un habitant de la partie orientale, a dit à Reuters que deux membres de sa famille, un oncle de 45 ans et un cousin de 12 ans, avaient été tués dans un raid aérien vendredi matin. Cherchant une aide médicale pour d'autres proches blessés dans l'attaque, il n'a trouvé qu'un hôpital en ruines et un autre en flammes.

Le bombardement a totalement détruit l'appartement de quatre étages où il vivait avec sa famille dans le quartier de Tarik al Bab. Les survivants ont été répartis dans d'autres maisons du voisinage, mais aucun endroit n'est sûr.

"Toute la ville est bombardée", dit-il.

Dans la Ghouta orientale, région rebelle à l'est de Damas, un témoin rapporte que les pilonnages n'ont pas cessé depuis jeudi soir et n'avaient plus atteint une telle intensité depuis un an.

Selon l'OSDH, ces raids ont fait au moins 22 morts, dont dix enfants, au cours des dernières 24 heures, un bilan qui devrait s'alourdir en raison de la gravité des blessures subies par des dizaines d'autres habitants.