Sommet sur l’Ukraine en présence de Poutine à Berlin

Publié le Mercredi 19 Octobre 2016 à 16:53
AFP - Vladimir Poutine participe mercredi soir à Berlin au premier sommet depuis un an sur la crise en Ukraine avec les dirigeants allemand, français et ukrainien, une rencontre en terrain miné qui sera aussi marquée par le différend sur la Syrie.

De l'aveu même des participants, cette rencontre avec Angela Merkel, François Hollande et Petro Porochenko ne devrait pas aboutir à une avancée spectaculaire.

"Nous ne nous attendons à aucune percée", pour faire appliquer les accords de paix de Minsk dans un pays où le conflit armé entre Kiev et séparatistes prorusses a fait près de 10.000 morts depuis avril 2014, a déclaré mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

"Ca coince à de nombreux niveaux, le cessez-le-feu, les questions politiques, les questions humanitaires", a souligné la chancelière allemande à la veille des entretiens, "on ne peut pas s'attendre à un miracle, mais au point où on en est, il faut faire tous les efforts".

"On ne veut pas se contenter d'un conflit gelé. Ce n'est pas pour cela que le président et la chancelière ont mis sur pied le +format Normandie+" réunissant les quatre pays, du nom de la région où le premier sommet de ce type s'est tenu, note-t-on de source diplomatique française.

A l'ordre du jour : le respect du cessez-le-feu entre forces ukrainiennes et rebelles prorusses, toujours très aléatoire, l'adoption d'une loi électorale et dans la foulée l'organisation d'élections dans l'Est du pays sous contrôle des prorusses.

Sur ces sujets, Russes et Ukrainiens n'ont cessé de se renvoyer la balle. M. Peskov a exhorté mercredi Kiev "à appliquer les accords de Minsk". La présidence ukrainienne juge que la réunion de Berlin doit "pousser la Russie à mettre en œuvre" ce même texte.

Moscou, qui est accusé d'attiser la crise en armant et en soutenant les rebelles, a toujours rejeté cette vision et juge au contraire que c'est à Kiev de tenir ses engagements en vue d'une autonomie accrue de l'Est.

"N'ayons pas d'attentes très élevées au sujet de cette rencontre", a tranché M. Porochenko mardi à Oslo. "Je ne me fais aucune illusion sur la capacité de Merkel et Hollande à tempérer l'ambition de Poutine à ce stade", lui a fait écho un analyste politique ukrainien, Taras Beresovets.

Cette réunion à quatre sera suivie d'une rencontre tripartite sur l'autre grand sujet de tension russo-occidentale, la guerre en Syrie avec les bombardements de Moscou en soutien au régime, en particulier sur Alep.

Là aussi, de source française, il s'agit de faire "passer toujours le même message à Vladimir Poutine sur la Syrie: un cessez-le-feu durable sur Alep et un accès humanitaire". Car l'annonce russe d'une trêve de quelques heures jeudi est considérée comme un premier pas insuffisant par les Occidentaux.

"Je ferai tout avec la chancelière Merkel (...) pour que cette trêve puisse être prolongée", a déclaré à l'Elysée le président français avant de s'envoler pour Berlin.

Mme Merkel qui n'attend pas de "miracle" non plus sur le dossier syrien à Berlin, a noté par contre que la question de sanctions contre la Russie en représailles de ses bombardements "ne peut être enlevée de la table" des discussions.

Selon les médias allemands, elle y est désormais favorable mais doit compter avec une forte opposition au sein même de sa coalition gouvernementale et avec celle de plusieurs pays de l'UE.

Ce double sommet avec le président russe intervient à la veille d'une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne qui examinera la question des relations avec Moscou, les bombardements russes sur Alep et les sanctions imposées à la Russie en raison du conflit ukrainien et de l'annexion de la Crimée.

Face aux blocages sur ces dossiers, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a jugé début octobre que les temps actuels "sont plus dangereux" que l'époque de la Guerre Froide, lorsque "Moscou et Washington connaissaient leurs lignes rouges respectives et les respectaient".