Signature par 171 pays de l’accord sur le climat au siège de l’ONU

Publié le Vendredi 22 Avril 2016 à 17:07
AFP - Au moins 171 pays se sont réunis vendredi à New York pour signer un accord international destiné à ralentir le réchauffement de la planète, avec l'espoir de maintenir l'élan donné par la conférence de Paris en décembre. Le président François Hollande a été vendredi le premier dirigeant à signer à l'ONU l'accord de Paris sur le climat.

«Jamais auparavant autant de pays n'avaient signé un accord international en une seule journée », avait déclaré peu avant le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en saluant un « moment d'histoire ». François Hollande a appelé le monde à traduire l'accord en « actes », et souhaité que l'Union européenne « donne l'exemple » en ratifiant l'accord de Paris « d'ici la fin de l'année ». Une soixantaine de chefs d'État et de gouvernement étaient présents au siège de l'ONU pour cette signature. Mais les dirigeants de pays grands pollueurs, le président américain Barack Obama, son homologue russe Vladimir Poutine ou encore le Premier ministre indien Narendra Modi n'étaient pas là.

La présidente du Brésil Dilma Rousseff, menacée de destitution, a fait le voyage. Elle devrait en profiter pour dénoncer devant ses pairs le « coup d'État » dont elle s'estime victime de la part du Parlement brésilien. À proximité du siège de l'ONU, quelques dizaines de personnes ont manifesté bruyamment vendredi matin en sa faveur, réclamant d'« arrêter le coup ». « Nous demandons la démocratie », « Dilma est ma présidente », scandaient-ils.

Du côté des célébrités, l'acteur récemment oscarisé et militant écologiste Leonardo DiCaprio s'efforcera de galvaniser les énergies. La société civile s'est réjouie de ce bon départ donné à l'accord de Paris. « C'est un moment qui restera dans les livres d'histoire, un tournant pour l'humanité pour qu'elle s'oriente vers une économie propre à 100 % », a affirmé Michael Brune, directeur exécutif du Sierra Club dans un communiqué. Le précédent record datait de 1982, quand 119 pays avaient paraphé la Convention de l'ONU sur le droit de la mer.

Mais la signature n'est qu'une première étape. L'accord n'entrera en vigueur que lorsque 55 pays responsables d'au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre l'auront ratifié, ce qui pourrait intervenir dès 2017. Ban Ki-moon souhaite que les pays s'engagent vendredi à le ratifier rapidement, afin de « faire comprendre aux gouvernements et au monde des affaires qu'il est temps d'intensifier l'action sur le climat ».

En effet, le temps presse. Le mois dernier a été le mois de mars le plus chaud jamais enregistré, selon les météorologues américains. Et ce record de température a été battu pendant onze mois consécutifs, une série inédite en 137 ans de relevés. L'accord de Paris engage ses signataires à limiter la hausse de température « bien en deçà de 2 °C » et à « poursuivre leurs efforts » pour limiter cette hausse à 1,5 °C. Cet objectif très ambitieux demandera une volonté soutenue et des centaines de milliards de dollars pour assurer la transition vers des énergies propres.

François Hollande devait être le premier à parapher solennellement le texte. Celui-ci reste ouvert pendant un an à la signature des 195 pays qui l'ont négocié. Les petits États insulaires, les plus menacés par la montée des eaux et les événements climatiques extrêmes que provoque la hausse de la température, seront aussi à l'honneur. « Un seul événement climatique peut balayer toutes les avancées que nous avons faites et retarder notre développement », a rappelé mercredi le Premier ministre fidjien Josaia Voreqe Bainimarama. Les îles Fidji ont été touchées de plein fouet en février par le cyclone tropical Winston.

En tout, treize petits pays très exposés (dont Fidji, Tuvalu, les Maldives, Belize, la Barbade ou Samoa) ont pris leurs dispositions pour ratifier l'accord dès vendredi. Pour atteindre rapidement le seuil des 55 pays/55 %, il faudra qu'au moins un ou deux des grands pollueurs (États-Unis, Chine, Union européenne, Russie, Inde) ratifient. Pékin (responsable de 20 % des émissions) et Washington (18 %) ont promis de le faire avant la fin de l'année.

Du côté américain, l'accord a été négocié de telle façon que Barack Obama n'aura pas besoin de l'aval du Congrès contrôlé par les républicains, hostiles au texte. Comme beaucoup de grandes réunions internationales, celle-ci donnera l'occasion d'entretiens bilatéraux. Ainsi, après une première rencontre mardi, les chefs de la diplomatie américain et iranien, John Kerry et Mohammad Javad Zarif, doivent reparler vendredi de l'application de l'accord historique de juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien.