Signature d’un accord d’association Ukraine/ Union Européenne

Publié le Vendredi 27 Juin 2014 à 10:04
Petro PorochenkoAFP - Le texte prévoit la suppression de la plupart des barrières douanières entre l'Ukraine et les pays de l'Union. Sa signature était prévue en novembre dernier, avant que Ianoukovitch ne se tourne vers la Russie, une décision qui a embrasé le pays.

Le président ukrainien a salué «un jour historique» pour son pays en arrivant vendredi à Bruxelles pour signer l’accord d’association avec les dirigeants de l’Union européenne. «C’est un jour historique pour mon pays, le plus important depuis l’indépendance», a déclaré Petro Porochenko, qui s’est félicité de «la solidarité» démontrée par l’UE en pleine crise ukrainienne.
Petro Porochenko doit signer à 9 heures dans le bâtiment du Conseil européen le second volet de l’accord d’association, celui d’ordre commercial qui vise en particulier à supprimer l’essentiel des barrières douanières entre l’Ukraine et les pays de l’UE. Le premier volet, d’ordre politique, avait été signé en mars par le Premier ministre, Arseni Iatseniouk. «C’est le résultat de sept années de travail», a indiqué Petro Porochenko. «Il offre une nouvelle perspective à mon pays» et «nous allons utiliser cette opportunité pour moderniser le pays», a-t-il ajouté.

La signature du document était initialement prévue pour novembre dernier, avant la volte-face de Viktor Ianoukovitch, qui a préféré se tourner vers la Russie pour obtenir une aide économique alors que l’Ukraine, une ex-république soviétique, subit une récession quasi permanente depuis plus de deux ans. Ce retournement de situation avait provoqué le mouvement de contestation qui a conduit à la chute du président, suivie du rattachement de la Crimée à la Russie, puis de l’insurrection séparatiste dans l’est.

L’accord doit être également signé par les Premiers ministres de la Géorgie, Irakli Garibachvili, et de la Moldavie, Iurie Leanca.

Au cours de leur sommet, dominé par la question de la nomination du nouveau président de la Commission européenne, les dirigeants européens devraient faire le point sur la crise ukrainienne et examiner l’éventualité de nouvelles sanctions contre la Russie. Cette dernière a averti mercredi qu’elle prendrait des «mesures de protection» s’il s’avérait que les accords d’association nuisaient à son économie. Des négociations sont prévues le 11 juillet entre l’UE, Moscou et Kiev au niveau ministériel, concernant les conditions de l’application de l’accord.

Plus tôt, quatre observateurs de l’OSCE enlevés le 26 mai par des rebelles prorusses ont été libérés dans l’est de l’Ukraine. Ils sont arrivés dans la nuit de jeudi à vendredi dans un hôtel de Donetsk, place forte des prorusses dans l’est de l’Ukraine. Fatigués et tendus, ils ont refusé de parler aux journalistes. «Ils ont été libérés sans condition. Il s’agit d’un Danois, d’un Turc, d’un Suisse et si je ne me trompe pas, d’un Estonien», a déclaré à la presse le «Premier ministre» de la «République de Donetsk» autoproclamée par les séparatistes, Alexandre Borodaï. Il a précisé que les observateurs de l’OSCE avaient été détenus par un chef rebelle de la région voisine de Lougansk.

Le chef de l’OSCE, et président suisse, Didier Burkhalter s’est félicité vendredi de cette libération, exprimant sa «gratitude envers tous ceux qui ont permis de libérer quatre des huit observateurs de la mission» de l’OSCE. Mais il a demandé «la remise en liberté rapide et sans conditions» des quatre autres observateurs toujours détenus par les rebelles, ainsi que de toutes les autres personnes «retenues en otage dans l’est de l’Ukraine», poursuit son bureau dans un communiqué.

La deuxième équipe d’observateurs, basée à Lougansk, est retenue quelque part dans l’Est depuis le 29 mai. Les dirigeants des rebelles affirment ne pas contrôler l’ensemble des milices paramilitaires qui se battent dans la région séparatiste contre les forces ukrainiennes.
De son côté, le président ukrainien Petro Porochenko s’est dit prêt à conclure un accord de paix avec son homologue russe Vladimir Poutine pour mettre fin à une insurrection séparatiste dans l’est de l’Ukraine, avant l’expiration de la trêve fixée à 19 heures (21 heures en France) vendredi. «Je suis prêt à faire la paix avec tout le monde», a déclaré le président en réponse à une question sur la possibilité d’un accord de paix avec l’homme fort du Kremlin, dans un entretien à la chaîne de télévision américaine CNN.

Des représentants de Kiev et des responsables séparatistes ont poursuivi une 3e série de négociations indirectes à Donetsk qui pourraient aboutir à une prolongation de la trêve, mais les combats (plus de 400 morts depuis avril) se sont poursuivis ces derniers jours dans le bassin industriel russophone du Donbass. Alexandre Borodaï a annoncé que les combattants prorusses s’étaient emparés dans la soirée d’une base militaire ukrainienne à Donetsk après quelques heures d’affrontements armés. En plein centre-ville, environ 200 insurgés armés ont attaqué une caserne d’une unité de la Garde nationale ukrainienne après avoir lancé un ultimatum aux troupes pour se rendre.

«Il est crucial que la Russie montre dans les prochaines heures qu’elle travaille au désarmement des séparatistes, qu’elle les encourage à désarmer, qu’elle les appelle à déposer les armes et à participer à un processus légitime», a asséné le secrétaire d’Etat américain John Kerry à l’issue d’un entretien à Paris avec son homologue français Laurent Fabius.

Poussée de toutes parts à agir concrètement, la Russie a dénoncé «des tentatives simplistes» de lui imputer «l’entière responsabilité» de la situation, et a dénoncé des commentaires de l’Otan sur l’absence de résultats concrets émanant de Moscou, stigmatisant des «stéréotypes issus de la Guerre froide», selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. Mercredi soir déjà, le président américain Barack Obama avait menacé la Russie de nouvelles sanctions si elle ne prenait pas des «initiatives concrètes immédiates pour faire cesser l’envoi d’armes et de militants à travers la frontière».

Dans un entretien téléphonique jeudi, Vladimir Poutine a insisté auprès de la chancelière allemande Angela Merkel sur «la nécessité de prolonger la trêve». Il l’a également assurée qu’il était entièrement favorable à la reprise du dialogue entre les parties en conflit.
Le président ukrainien avait brandi la menace d’une levée du cessez-le-feu après la mort de neuf soldats dans la destruction d’un hélicoptère. Sa prorogation souhaitée par Moscou reste incertaine étant donné les «violations massives» du cessez-le-feu que l’armée ukrainienne a affirmé avoir constaté.

Pour tenter d’apaiser la situation, le président ukrainien doit présenter au Parlement une réforme accordant plus de pouvoirs aux régions : élection des gouverneurs par les élus locaux (et non pas nomination par Kiev) et usage élargi de la langue russe dans l’enseignement et les entreprises. Mais cette décentralisation ne va pas jusqu’à la mise en place de la structure fédérale demandée par la Russie, un moyen, selon certains observateurs, de conserver son influence sur l’Est russophone en dépit du rapprochement avec l’UE.