Scrutin/ Espagne : Le Parti populaire en tête, mais l’impasse demeure

Publié le Lundi 27 Juin 2016 à 08:41
Reuters - Les élections législatives de dimanche en Espagne ont débouché sur un résultat assez proche de celui du scrutin de décembre dernier, qui avait conduit le pays dans une impasse politique, montrent les projections officielles après dépouillement de plus de 90% des bulletins de vote.

Le Parti populaire (PP, droite) est arrivé une nouvelle fois en tête, mais reste loin de la majorité absolue aux Cortes, tandis que le Parti socialiste (PSOE) conserve sa deuxième position que les sondages à la sortie des urnes promettaient pourtant à l'alliance anti-austérité Unidos Podemos.
Avec 136 sièges, selon les projections officielles, le PP du président du gouvernement Mariano Rajoy améliore légèrement son score sans pour autant approcher des 176 élus nécessaires pour obtenir la majorité absolue. Il avait 123 élus dans le Parlement sortant.

Le parti conservateur peut espérer un appui des centristes de Ciudadanos ("Citoyens"), qui obtiendraient 32 sièges, mais devrait aussi compter sur le soutien de partis régionaux pour constituer une majorité stable.

La grande incertitude du scrutin venait de la performance de l'alliance Unidos Podemos ("Ensemble nous pouvons") constituée par le parti anti-austérité Podemos et l'ex-Parti communiste, que les sondages, et même les sondages à la sortie des urnes, annonçaient en deuxième position.

Un tel résultat aurait placé le mouvement de Pablo Iglesias en position idéale pour tenter de constituer une coalition gouvernementale de gauche et même faire imploser le PSOE, dont certains dirigeants seraient davantage favorables à une "grande coalition" avec le PP, voire à laisser se former un gouvernement de droite minoritaire.

Il n'en a donc rien été et le PSOE comme Podemos ont obtenu des scores proches de ceux de décembre avec, selon les dernières projections, un léger recul pour les socialistes (86 sièges contre 90) et un résultat similaire pour l'extrême gauche (71 élus).

Les deux partis se sont montrés incapables de s'entendre pour former un gouvernement de coalition dirigé par le PSOE à l'issue de ce scrutin et il y a peu de raisons de penser qu'il puisse en être autrement cette fois-ci.

Comme attendu après six mois de tractations infructueuses et par une belle journée estivale, la participation a été moins élevée qu'en décembre, sans que cela fasse émerger pour autant une nouvelle donne électorale qui aurait porté un coup supplémentaire aux partis traditionnels européens, déjà ébranlés par le choix des Britanniques de quitter l'Union européenne.

Unidos Podemos n'avait pourtant pas ménagé ses efforts pour séduire les électeurs déçus par les deux grands partis de gouvernement, menant une campagne très active jusqu'à la veille du scrutin.

S'inspirant de la Grèce, où le parti de la gauche radicale Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras a relégué les socialistes du Pasok au rang d'observateurs, Pablo Iglesias espérait affaiblir considérablement le PSOE et le priver de toute chance de diriger un gouvernement.

Après le vote, jeudi, des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne, Alexis Tsipras et Pablo Iglesias ont appelé à une refondation de l'Union européenne, basée sur un fonctionnement démocratique amélioré, la protection sociale et la solidarité.

"C'est (le Brexit) une mauvaise nouvelle pour l'avenir de l'Europe. Nous sommes préoccupés par la décision du peuple britannique. Et nous pensons que nous devons reconstruire une autre idée de l'Europe, basée sur les droits sociaux et les droits de l'homme", a dit vendredi à des journalistes Pablo Iglesias à la fin de la campagne.