Nicolas Sarkozy inculpé et mis sous contrôle judiciaire

Publié le Jeudi 22 Mars 2018 à 08:42
Reuters - Nicolas Sarkozy a été mis en examen mercredi soir par les juges d’instruction chargés de l’affaire du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007, après deux jours de garde à vue, a-t-on appris de source judiciaire.

L’ancien président, déjà en examen dans deux autres affaires, est poursuivi cette fois pour financement illicite de campagne électorale, corruption passive et recel de détournement de fonds publics libyens, précise cette source.

Il a en outre été placé sous contrôle judiciaire, ajoute la même source, selon laquelle “Nicolas Sarkozy nie les fait qui lui sont reprochés”.

Sa mise en examen signifie néanmoins que les juges estiment avoir assez d’”indices graves et concordants” pour poursuivre les investigations.

Nicolas Sarkozy était entendu depuis mardi matin dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine) par des agents de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF).

Il a eu droit à une courte nuit à son domicile parisien avant la reprise de l’interrogatoire mercredi matin et la venue des juges en fin d’après-midi.

C’était la première fois qu’il était entendu dans ce dossier depuis l’ouverture, en avril 2013, d’une information judiciaire pour corruption active et passive, trafic d’influence, faux et usage de faux, abus de biens sociaux et blanchiment, complicité et recel de ces délits.

Une enquête confiée notamment au juge d’instruction Serge Tournaire, qui intervient également dans d’autres investigations visant l’ancien chef de l’Etat. L’un des plus fidèles lieutenants de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, a aussi été interrogé mardi mais en audition libre.

Défait en mai 2012 par François Hollande et battu lors de la primaire de la droite en 2016, Nicolas Sarkozy a toujours nié avoir bénéficié pour sa campagne victorieuse de 2007 d’argent du régime libyen de Mouammar Kadhafi, qu’il contribuera à renverser quatre ans plus tard.

Il a poursuivi pour diffamation l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, qui soutient avoir apporté des valises d’argent de Libye en 2006-2007 à celui qui était alors ministre de l’Intérieur et à son directeur de cabinet, Claude Guéant.

Cet intermédiaire sulfureux, lui-même mis en cause dans cette affaire, a confirmé à LCI avoir remis en trois fois cinq millions d’euros en liquide à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, dont 1,5 million “directement” au premier.

Ziad Takieddine affirme cependant aujourd’hui que cela n’avait rien à voir avec le financement de la campagne présidentielle, qui aurait été selon lui financée par d’autres fonds libyens n’ayant pas transité par lui.

“J’ai donné toutes les preuves à la justice. Ils en font ce qu’ils en veulent”, a-t-il dit sur LCI.

La justice française dispose notamment de déclarations d’anciens dignitaires du régime Kadhafi évoquant le versement d’argent à Nicolas Sarkozy, comme l’ex-patron du renseignement militaire libyen Abdallah Senoussi ou un proche collaborateur de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh, récemment blessé par balle en Afrique du Sud.

Elle dispose également d’un carnet de l’ancien ministre libyen du pétrole, Choukri Ghanem, retrouvé mort dans le Danube le 29 avril 2012, à Vienne.

Selon le site d’information Mediapart, des versements destinés à la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy y sont mentionnés.

La justice française voudrait entendre un autre intermédiaire, l’homme d’affaires français d’origine algérienne Alexandre Djouhri, réputé proche de Bechir Saleh, qui nie cependant toute implication dans cette affaire.

Les autorités françaises ont émis un mandat d’arrêt européen contre cet homme aujourd’hui détenu en Grande-Bretagne, qui refuse d’être extradé en France.