Climat : Les experts recommandent des transformations rapides pour éviter le pire

Publié le Lundi 08 Octobre 2018 à 15:44
AFP - En théorie, contenir l'emballement climatique qui nous guette est encore possible, mais en pratique ? Le monde doit engager des transformations "rapides" et "sans précédent", s'il veut limiter le réchauffement à 1,5°C, une cote d'alerte qui pourrait être atteinte dès 2030, préviennent les experts climat de l'ONU.

Dans un rapport de 400 pages, dont le "résumé à l'intention des décideurs politiques" a été publié lundi, les scientifiques décrivent la menace d'emballement au-delà d'1,5°C de réchauffement (par rapport aux niveaux pré-industriels): canicules, extinctions d'espèces, déstabilisation des calottes polaires avec à la clé montée des océans sur le long terme...

"Chaque petit accès de réchauffement supplémentaire compte, d'autant que passer 1,5°C accroît le risque de changements profonds voire irréversibles", explique Hans-Otto Pörtner, co-président de cette session du Giec qui a réuni chercheurs et représentants des Etats pendant une semaine en Corée du sud.

Si le mercure continue de grimper au rythme actuel sous l'effet des émissions de gaz à effet de serre, ce seuil de 1,5°C devrait être atteint entre 2030 et 2052, note le rapport, basé sur 6.000 études. Si les Etats s'en tiennent à leurs engagements, dans le cadre de l'accord de Paris en 2015, ce sera +3°C à la fin du siècle.

"C'est de l'urgence extrême", a réagi depuis Genève le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) Petteri Taalas: "Nous nous dirigeons plutôt vers +3 à 5°C en ce moment".

Alors que faire, tandis que 2017 a vu les émissions liées à l'énergie repartir à la hausse? Ou quand au Brésil, premier pays forestier, un favori à la présidentielle n'inclut dans son programme ni déforestation ni climat ?

Pour le Giec, pour rester à 1,5°C, les émissions de CO2 doivent chuter bien avant 2030 (-45% d'ici 2030) et le monde atteindre une "neutralité carbone" en 2050: autrement dit il faudra cesser de rejeter dans l'atmosphère plus de CO2 qu'on ne peut en retirer.

Villes, industries, énergie, bâtiment... tous les secteurs sont appelés à de "profondes réductions d'émissions", à "une transition" "sans précédent".

Le Giec insiste sur l'énergie - charbon, gaz, pétrole générant les trois quarts des émissions - et propose plusieurs scénarios chiffrés.

"Il n'y a pas de temps à perdre", a prévenu le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres sur Twitter. "Il n'est pas impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, nous dit le rapport du Giec. Mais il faudra une action urgente, collective, et sans précédent dans tous les secteurs".

"Les années à venir seront les plus déterminantes de notre histoire", explique à l'AFP la Sud-Africaine Debra Roberts, coprésidente du Giec.

Pour la climatologue française Valérie Masson-Delmotte, c'est "un constat lucide et difficile: la politique des petits pas, ça ne suffit pas".