Raids égyptiens sur des positions de Daech en Libye

Publié le Lundi 16 Février 2015 à 10:33
Raids égyptiens en Libye. AFP - La France et l'Egypte veulent que le Conseil de sécurité de l'ONU se réunisse et que «la communauté internationale prenne de nouvelles mesures pour faire face» au danger de l'organisation de l'Etat islamique (EI), a annoncé l'Elysée ce lundi matin dans un communiqué diffusé à la suite d'un entretien téléphonique de François Hollande avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi.

Quelques heures plutôt, des avions de combat égyptiens ont bombardé des positions de l'EI en Libye, quelques heures après la revendication par cette organisation jihadiste de la décapitation de 21 chrétiens coptes égyptiens. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait convoqué d’urgence dimanche soir le Conseil national de défense et juré de punir les «assassins» de la manière «adéquate».

«Nos forces armées ont mené lundi des frappes aériennes ciblées contre des camps et des lieux de rassemblement ou des dépôts d’armes de Daech en Libye», (l’acronyme en arabe de l’EI), lit-on dans un communiqué de l’armée. Les télévisions montraient le décollage d’avions de combat en pleine nuit, assurant qu’ils partaient pour la Libye voisine.

Dans ce contexte, l'Elysée a souligné que la conclusion d'un contrat de vente d'avions Rafale à l'Egypte ce lundi «témoigne de la confiance existant entre la France et l'Egypte.

Le groupe Etat islamique (EI) a diffusé dimanche une vidéo montrant la décapitation d'hommes qu'il présente comme 21 Egyptiens de confession chrétienne copte récemment kidnappés en Libye, poussant le président égyptien à faire planer la menace de représailles "adéquates."
Avec ces exécutions revendiquées par sa branche libyenne, l'organisation jihadiste démontre qu'elle a exporté ses méthodes d'extrême brutalité en dehors des régions qu'elle contrôle en Syrie et en Irak et où elle a multiplié les atrocités.

Le Caire a annoncé un deuil national de sept jours et le président Abdel Fattah al-Sissi a convoqué d'urgence le Conseil national de la Défense, réunissant outre le chef de l'Etat, son Premier ministre, les ministres de la Défense et de l'Intérieur et les plus hauts gradés de l'armée.

M. Sissi a averti que son pays se réservait "le droit de répliquer de la manière et au moment adéquat, pour punir ces assassins."

L'Egypte avait été accusée en 2014 d'avoir mené des frappes aériennes en Libye mais les autorités ont nié. Des responsables américains avaient affirmé que les Emirats Arabes Unis avaient conduit ces frappes, en utilisant des bases militaires égyptiennes.

Sur la vidéo diffusée sur internet, des hommes portant des combinaisons oranges, semblables à celles d'autres otages exécutés ces derniers mois en Syrie, sont alignés sur une plage les mains menottées dans le dos, avant que leurs bourreaux ne les décapitent au couteau.

En janvier, la branche libyenne de l'EI avait affirmé avoir kidnappé 21 coptes égyptiens et Le Caire avait confirmé que 20 de ses ressortissants avaient été enlevés en Libye voisine.

L'Eglise copte orthodoxe s'est dite "confiante" que les autorités égyptiennes ne laisseraient pas s'échapper les auteurs de "ce crime abominable." Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions théologiques de l'islam sunnite basée au Caire, a qualifié ces exécutions de "barbares."

Et tandis que Washington a condamné "le meurtre abject et lâche de 21 citoyens égyptiens", estimant que "la barbarie de l'EI n'a pas de limites", le président français François Hollande, dont le gouvernement doit signer lundi la vente de Rafale avec l'Egypte, a "exprimé sa préoccupation face à l'extension des opérations" du groupe jihadiste en Libye.

Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a condamné "un acte terroriste", affirmant que ces "opérations terroristes n'affecteront pas les relations" entre les deux voisins.
De son côté, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a appelé "tous les Libyens" à dénoncer "ce crime terroriste".