Radovan Karadzic a été arrêté après 13ans de cavale

Publié le Mardi 22 Juillet 2008 à 11:20

nouvelobs.com- Le chef politique des Serbes de Bosnie et artisan avec Slobodan Milosevic du "nettoyage ethnique" qui a fait 260.000 morts pendant la guerre de Bosnie de 1992-95 a été interrogé dans la nuit par un juge d'instruction, première étape de la procédure d'extradition vers le TPI. Radovan Karadzic a été inculpé en 1995 de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Radovan Karadzic, chef politique des Serbes de Bosnie et artisan avec Slobodan Milosevic du "nettoyage ethnique" qui a fait 260.000 morts et 1,8 million de déplacés durant la guerre de Bosnie de 1992-95, a été arrêté lundi 21 juillet a annoncé le bureau du président serbe Boris Tadic.

Radovan Karadzic a été arrêté lundi soir en Serbie "au cours d'une action des services de sécurité serbes" puis conduit devant le tribunal serbe chargé d'instruire les crimes de guerre, a-t-il été précisé. Le juge d'instruction Milan Dilparic a interrogé mardi Radovan Karadzic.

Arrêté dans un bus à Belgrade
Selon l'avocat de Radovan Karadzic, Svetozar Vujakic, cité par Beta news, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie aurait déclaré durant l'entretien "avoir été arrêté vendredi dans un bus" à Belgrade et avoir été depuis "détenu dans une cellule".
Radovan Karadzic, qui aurait qualifié la situation de "farce", aurait en outre utilisé son "droit à rester silencieux durant l'interrogatoire", selon Svetozar Vujakic.
L'avocat de Radovan Karadzic a précisé que l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, qui a été examiné par un médecin, "était calme et posé" durant l'interrogatoire, ajoutant qu'il resterait dans une unité de détention spéciale du tribunal serbe chargé de juger les crimes de guerre, en attendant son transfert vers le TPIY, à la Haye.

Extradition
Lors de la première étape de la procédure d'extradition vers le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) 15 chefs d'inculpation ont été présentés à l'accusé. Il dispose d'une période de trois jours pendant lesquels il pourra faire appel de la décision d'extradition, si celle-ci est ordonnée.
Les réactions internationales ont toutes salué la nouvelle de cette arrestation. "C'est un moment historique pour les victimes, qui ont attendu 13 ans que M. Karadzic soit amené devant la justice", a aussitôt déclaré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon dans un communiqué. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a lui parlé d"une nouvelle extraordinaire".

Inculpé de génocide
Radovan Karadzic, psychiatre de formation né en 1945 dans une famille de paysans pauvres du Monténégro, était devenu l'ennemi public n°1 du TPIY. Le tribunal l'a inculpé en 1995 de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour avoir orchestré depuis son fief de Pale, avec son comparse le général Ratko Mladic, le siège de Sarajevo, l'épuration ethnique des musulmans et croates et notamment le massacre de Srebrenica en 1995, au cours duquel furent assassinés 8.000 musulmans.
"C'est un jour très important pour les victimes qui ont attendu cette arrestation pendant plus de dix ans. C'est aussi un jour important pour la justice internationale parce que cela démontre clairement que personne ne peut échapper à la loi et que, tôt ou tard, tous les fugitifs seront conduits devant la justice", s'est félicité le procureur général du TPIY Serge Brammertz.

Une source policière serbe a précisé, sous couvert d'anonymat car elle n'était pas autorisée à parler à la presse, que Radovan Karadzic a été arrêté dans la banlieue de Belgrade après des semaines de surveillance et grâce à des indications des services de renseignement d'un pays étranger.
S'il est extradé devant le TPIY, Radovan Karadzic sera le 44e suspect serbe présenté devant le tribunal international sous l'égide de l'ONU. Parmi les autres personnes traduites devant cette instance, l'ancien président Slobodan Milosevic, décédé 2006 alors que son procès était en cours.