Procès d’ampleur d’une cellule djihadiste s’ouvre jeudi à Paris

Publié le Mercredi 19 Avril 2017 à 13:35
Reuters - Le procès de la cellule djihadiste dite de Cannes-Torcy, qui s'ouvre jeudi à Paris, est le rappel d'une menace terroriste illustrée mardi par l'arrestation à Marseille de deux hommes prêts à passer à l'acte en pleine campagne présidentielle.

La tenue de ce procès devant une cour d'assises spéciale et son ampleur (20 accusés, 53 jours d'audience, 80 témoins et 14 experts entendus) sont en elles-mêmes inhabituelles.
Mais à bien des égards, c'est aussi le procès de ce qui éclatera en France avec les attentats de 2015 et de 2016.

"C'est peut-être un des premiers procès où l'on verra, compte tenu du nombre de personnes en cause, une radicalisation aussi importante de la jeunesse", estime un habitué des grands dossiers, l'avocat Olivier Morice.

"Il y a des racines, dans cette radicalisation et les délits jugés, qui préfigurent ce que l'on va découvrir avec beaucoup plus de radicalité dans les années qui vont suivre", ajoute-t-il. "C'est sûrement un des procès importants, avec le procès Merah qui s'ouvrira en octobre, sur ces filières terroristes."

Tout est parti le 19 septembre 2012, jour de la publication de caricatures de Mahomet par l'hebdomadaire Charlie Hebdo, d'une attaque à la grenade contre une épicerie casher de Sarcelles (Val d'Oise) par deux hommes, qui fait un blessé.

Les auteurs présumés sont rapidement identifiés : Jérémie Louis Sidney, connu pour trafic de drogue et vols, âgé de 33 ans à l'époque des faits, et son lieutenant, Jérémy Bailly, 25 ans à l'époque, délinquant multirécidiviste, également converti.

Selon les enquêteurs, son démantèlement, au fil des investigations, entre le 6 octobre 2012 et début 2014, a permis de déjouer deux autres projets criminels, l'un visant des militaires français en juin 2013, l'autre, fomenté depuis la Syrie, par des djihadistes de retour en France.

Des deux leaders de cette cellule Cannes-Torcy, seul Jérémy Bailly comparaît. Il encourt la prison à perpétuité.

Jérémy Louis Sidney a été abattu le 6 octobre 2012 par les policiers qui venaient l'arrêter au domicile de sa seconde compagne, Ines Naas, et sur lesquels il avait ouvert le feu.
Les autres prévenus encourent pour la plupart 30 ans de réclusion criminelle ou la réclusion à perpétuité, sauf deux, qui encourent dix ans d'emprisonnement.

Les enquêteurs identifient aussi un groupe de jeunes d'une vingtaine d'années gravitant autour de ces deux hommes, pour la plupart convertis à l'islam et récemment radicalisés, entre Torcy (Seine-et-Marne) et Cannes (Alpes-Maritimes), où ils ont des lieux de culte pour points de ralliement.

L'enquête montrera que le groupe, dont certains membres de la branche cannoise ont rejoint des groupes djihadistes en Syrie, s'apprêtait à commettre un autre attentat à l'explosif.