Primaire PS : Les sept candidats s’en prennent en chœur à Macron

Publié le Vendredi 20 Janvier 2017 à 09:30
Reuters - Les candidats à la primaire de la gauche en France ont critiqué d'une seule voix, jeudi soir lors de leur troisième et dernier débat télévisé, le cavalier seul d'Emmanuel Macron, candidat hors primaire à l'élection présidentielle du printemps.

Au terme de deux heures de discussion sans passion sur France 2 et Europe 1, les sept prétendants ont déploré la démarche de l'ancien ministre de l'Economie, pour l'heure dynamisé par des meetings bondés et de bons sondages.

"Il y a les sondages, puis les suffrages. Les sondages, c'est mille personnes, les suffrages, c'est peut-être deux voire trois millions de personnes", a considéré Arnaud Montebourg, alors que le PS espère au moins 1,5 million de votants à la primaire, dont le premier tour a lieu dimanche.
Celui qui qualifiait la semaine dernière Emmanuel Macron de "Monsieur X" a dit ne pas comprendre son positionnement.

"J'ai besoin de comprendre son programme, quel est-il ? Quand c'est flou, il y a un loup", a-t-il dit dans un sourire, reprenant une formule naguère utilisée contre François Hollande par Martine Aubry, finaliste de la primaire citoyenne de 2011.
L'ancien ministre Benoît Hamon est aussi allé sur le terrain de la crédibilité en estimant que "celui qui gagnera la primaire de gauche aura une légitimité que Macron n'a pas."
Sans prononcer son nom, Manuel Valls a accusé le fondateur du mouvement En Marche! de vouloir torpiller la primaire.

"Il y a des forces politiques qui veulent que cette primaire ne se passe pas dans de bonnes conditions", a jugé l'ancien chef du gouvernement. "Les électeurs viendront voter, et c'est eux qui donneront la légitimité au candidat socialiste. Celui qui l'emportera devra rassembler, mais pas avec des vieux accords d'appareil".

Devant la presse jeudi matin, Emmanuel Macron a promis qu'il ne conclurait aucun accord d'appareil pour construire une majorité présidentielle s'il est élu en mai.

La parenthèse politique sur l'ex-ministre a conclu un débat consacré en grande partie à des sujets techniques, de la dette publique à la protection sociale en passant par la justice.
Selon un sondage Elabe pour BFM TV réalisé auprès de 1.156 téléspectateurs, Benoît Hamon a été jugé le plus convaincant avec 29%, devant Arnaud Montebourg (28%) et Manuel Valls (21%).

Auprès des 453 sympathisants socialistes de l'étude, Benoît Hamon (34%) creuse l'écart avec Manuel Valls (24%) et Arnaud Montebourg (23%).

Ce trio de tête revient dans toutes les enquêtes d'opinion récentes, laissant loin derrière les quatre autres candidats : l'ancien ministre Vincent Peillon, la présidente du Parti radical de gauche Sylvia Pinel, l'écologiste François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias, candidat de France démocrate.

Le dernier débat a été l'occasion d'une nouvelle passe d'armes entre Benoît Hamon et des concurrents sur son idée controversée de revenu universel.

L'ancien ministre a expliqué qu'il consisterait à verser, dès 2018, une allocation de 600 euros par mois aux personnes éligibles au RSA et aux jeunes de 18 à 25 ans. Ce qui coûterait selon lui 45 milliards d'euros, "l'équivalent du CICE et du pacte de responsabilité qui ont coûté 40 milliards." 
S'affichant en défenseur de la "société du travail", Manuel Valls a jugé ce projet irréaliste. "La gauche ne peut pas se confondre ni avec les impôts, ni avec l'idée qu'on donne la même chose à tout le monde", a-t-il estimé.

Invité par les journalistes à lancer à une nouvelle idée, l'ex-Premier ministre a proposé l'instauration d'un service civique obligatoire de six mois pour les jeunes, une idée déjà présente dans le projet d'Arnaud Montebourg.

Benoît Hamon et François De Rugy ont évoqué une loi légalisant l'euthanasie ; Arnaud Montebourg a parlé de "clauses d'embauche pour les jeunes des quartiers populaires".

Vincent Peillon a proposé quant à lui une réforme de la transmission des patrimoines calculé "non plus à partir de celui qui donne mais celui qui reçoit. Et je propose que ceux qui n'ont aucun patrimoine soient dotés en capital", a-t-il dit.