Portugal : Un tribunal justifie la violence contre une femme adultère, en évoquant la bible

Publié le Vendredi 27 Octobre 2017 à 11:54
AFP & Libération - Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) portugais a annoncé ce jeudi l’ouverture d’une enquête sur un verdict du tribunal de Porto justifiant la violence d’un homme par l’infidélité de son épouse. Le CSM avait dans un premier temps exclu d’intervenir malgré la levée de boucliers dans le pays, faisant valoir l’indépendance des tribunaux, avant d’annoncer l’ouverture d’une enquête dans un communiqué publié sur son site internet.

Des juges d’un tribunal de Porto, deuxième ville du Portugal, ont accordé des circonstances atténuantes à l’accusé, le condamnant à 15 mois de prison avec sursis et à une amende de 1 750 euros, alors que le ministère public réclamait une peine de trois ans et six mois ferme. «L’adultère commis par une femme est une conduite que la société condamne et condamne fortement», peut-on lire dans la décision du tribunal de Porto, qui explique «comprendre la violence de l’homme, victime de cette trahison après avoir été vexé et humilié par sa femme». «Dans la Bible nous pouvons lire que la femme adultère devait être punie par la peine de mort», rappelle le texte qui cite également la lapidation de femmes infidèles dans certaines sociétés et une loi portugaise de 1876 prévoyant des peines légères à l’encontre d’un homme qui tuait sa femme coupable d’adultère.

Ce jugement, rendu public lundi, a suscité une vive émotion au Portugal. «Nous sommes perplexes et révoltées», affirme l’UMAR (Union de Femmes Alternative et Réponse), qui à l’instar d’autres mouvements féministes comme l’APAV, association portugaise des femmes juristes, ou CAPAZES, qui se bat pour l’égalité des genres, «condamnent» le verdict.

«Cette décision légitime tout simplement la violence conjugale contre les femmes», a fait valoir l’UMAR dans un communiqué ajoutant qu’évoquer la Bible au cours d’un jugement constitue une atteinte «à l’Etat de droit dans lequel nous vivons».

Une pétition lancée sur les réseaux sociaux pour protester contre cette décision avait recueilli plus de 15 000 signatures de personnes s’estimant «choquées», tandis qu’un appel à manifester était lancé pour vendredi.

Invité à réagir, le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, un conservateur, s’est contenté de rappeler qu’en tant que chef de l’Etat il se devait «de faire respecter la constitution (...) de 1976».