Plus de 140 tués dans des raids au Yémen, l’Arabie saoudite nie toute implication

Publié le Lundi 10 Octobre 2016 à 09:56
ATS - Plus de 140 personnes ont été tuées et des centaines blessées samedi dans la capitale yéménite Sanaa, selon l'ONU, dans des raids aériens qui ont frappé une foule en deuil. Les rebelles Houthis les ont attribués à la coalition arabe dirigée par Ryad.

La coalition a nié toute implication dans ces frappes, estimant dans un communiqué qu'il faudrait envisager "d'autres causes" à l'attaque, qualifiée de "massacre" par les rebelles. Elle s'est déclarée prête à associer Washington à une enquête "immédiate".

"Profondément troublés" par ces raids, les Etats-Unis ont annoncé l'"examen immédiat" de leur soutien à la coalition menée par Ryad. "La coopération sécuritaire des Etats-Unis avec l'Arabie saoudite n'est pas un chèque en blanc", a martelé Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

D'après le coordinateur humanitaire pour l'ONU au Yémen, Jamie McGoldrick, les raids de samedi ont fait plus de 140 morts et plus de 525 blessés. Il a précisé que ce bilan provenait de "premières informations émanant du personnel de santé".

Communauté humanitaire scandalisée
"La communauté humanitaire du Yémen est choquée et scandalisée par les raids aériens d'aujourd'hui qui ont visé une salle publique où des milliers de personnes participaient à une cérémonie funéraire", a indiqué M. McGoldrick.

Les frappes ont visé une salle publique où de nombreuses personnes étaient réunies dans l'après-midi pour présenter leurs condoléances pour la mort du père du "ministre de l'Intérieur", Jalal al-Rouichène, a indiqué Sabanews.net. Un énorme incendie s'est déclaré dans le bâtiment, qui s'est effondré, ont indiqué des habitants.

"Un avion a tiré un missile contre la salle, et quelques minutes après, un deuxième appareil a bombardé le site", a indiqué un témoin, qui s'est identifié par son prénom, Moujahid. "C'est un crime contre l'humanité (...) Le régime saoudien est responsable de l'effusion de sang des Yéménites", a lancé un autre témoin.

Le maire de Sanaa, Abdel Qader Hilal, figure parmi les morts, a indiqué la chaîne Al-Masirah. Les rebelles n'ont pas précisé si M. Rouichène ou des personnalités autres que Abdel Qader Hilal étaient présentes au moment de l'attaque.

Le général Jalal al-Rouichène, qui avait été nommé ministre de l'Intérieur par le président Abd Rabbo Mansour Hadi, est resté en poste après la conquête de Sanaa par les rebelles en septembre 2014. Le gouvernement yéménite, qui avait alors dû fuir le pays, tente actuellement de regagner le terrain perdu avec l'appui de la coalition arabe.

L'attaque "ne restera pas impunie", a prévenu le Conseil politique suprême, mis en place récemment par les Houthis et leurs alliés, les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Il a appelé ses partisans à "user de tous les moyens pour répondre à ce crime".

Le conseil a en outre appelé les Yéménites à participer dimanche matin à une manifestation devant le bureau de l'ONU à Sanaa pour protester contre "les crimes de guerre" de la coalition.

La coalition, qui est intervenue au Yémen en mars 2015, a été accusée par des organisations de défense des droits de l'Homme de commettre des "bavures" en touchant des secteurs civils dans ses raids.

Les rebelles chiites Houthis, qui se sont emparés de Sanaa il y a deux ans puis d'autres régions, sont combattus par la coalition arabe, alliée du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale.

La dernière attaque de ce type à Sanaa remonte au 9 août dernier. Quatorze personnes avaient été tuées dans des raids de la coalition, selon des sources médicales, et ce, trois jours après l'échec de pourparlers de paix qui se tenaient au Koweït.