Pays-Bas : La droite remporte le scrutin, le populiste Geert Wilders loin derrière

Publié le Jeudi 16 Mars 2017 à 10:21
Reuters - Les Néerlandais se sont massivement rendus aux urnes. Le taux de participation est estimé à 81%, du jamais vu depuis 30 ans, contre 74,6% lors de la dernière élection en 2012.

La droite du Premier ministre Mark Rutte est arrivée en tête des élections législatives de mercredi aux Pays-Bas, devançant largement l'extrême droite de Geert Wilders au terme d'un scrutin qui avait valeur de test pour les partis traditionnels en Europe.

"Ce soir, après le Brexit, après la présidentielle américaine, les Pays-Bas ont dit stop à ce populisme d'un mauvais genre", a lancé le chef du gouvernement sortant, rayonnant, à ses partisans.

Rutte a rapidement reçu les félicitations de nombre de ses voisins européens, notamment de la France, où François Hollande a salué sa "nette victoire contre l'extrémisme", et de l'Allemagne, les deux poids lourds de l'Union européenne également engagés dans des campagnes électorales incertaines.

Avec 33 des 150 élus de la chambre des députés, son Parti populaire libéral et démocrate (VVD) perd certes huit sièges par rapport aux précédentes législatives, il y a cinq ans, mais fait mieux que ce que les derniers sondages prévoyaient et repousse le Parti pour la liberté (PVV).

La formation de Wilders espérait faire aussi bien qu'en 2010, quand elle avait décroché 24 élus. Elle progresse de cinq sièges et devient la deuxième force politique du Parlement, mais avec 20 élus selon les résultats quasi définitifs ne réussit pas son pari.

"J'aurais préféré être le plus grand parti. Mais nous avons gagné des sièges. C'est un résultat dont nous pouvons être fiers (...) Nous étions le troisième parti des Pays-Bas. Nous sommes aujourd'hui le deuxième. La prochaine fois, nous serons le premier", a commenté Wilders, promettant de conduire une opposition féroce s'il n'entre pas dans une coalition de gouvernement.

Dans la soirée, le chef de file du PVV avait lancé sur Twitter: "Et Rutte n'en n'a pas encore fini avec moi !!" Les Néerlandais se sont massivement rendus aux urnes. Le taux de participation est estimé à 81%, du jamais vu depuis 30 ans, contre 74,6% lors de la dernière élection en 2012.
Le scrutin avait valeur de test. A défaut de le porter au gouvernement, une victoire de Geert Wilders aurait dit le crédit accordé par les Néerlandais à une voie nationaliste. Geert Wilders a promis de "désislamiser" les Pays-Bas et de quitter l'Union européenne.

Mark Rutte a estimé que les résultats provisoires des législatives représentaient un rejet du "mauvais genre de populisme" et a ajouté s'être entretenu avec un grand nombre de dirigeants européens par téléphone.

Rutte semble avoir bénéficié d'un élan de dernière minute après des tensions exacerbées avec la Turquie, face auxquelles son gouvernement a adopté une ligne de fermeté.

Le différend diplomatique, lié à la tenue de réunions publiques favorables au renforcement des pouvoirs présidentiels de Recep Tayyip Erdogan, n'a pas nui au parti néerlando-turc, Denk. La formation est créditée de trois sièges, ce qui ferait d'elle le premier parti d'une minorité ethnique au Parlement.

Pour le libéral Mark Rutte, qui aura réussi à empêcher la victoire de Wilders qu'annonçaient les sondages pendant la plus grande partie de la campagne, la formation d'un gouvernement est susceptible d'être ardue.

Son partenaire de coalition, le Parti travailliste (PvdA), enregistre en effet une défaite cinglante, avec neuf sièges, contre 38 aux dernières élections. Le ralliement d'au moins trois autres partis sera nécessaire pour parvenir à une majorité.

Pour Geert Wilders, qui s'est félicité du gain de quatre sièges enregistré mercredi, le score du PVV reste bien en deçà de la victoire historique atteinte en 2010, quand son parti en avait remporté 24.

Le soutien aux principaux partis pro-européens, les Démocrates 66 et la Gauche verte, a au contraire largement progressé mercredi. Ces résultats sont un soulagement pour les partis traditionnels en Europe, et notamment en France et en Allemagne, où les partis d'extrême droite ont le vent en poupe dans les sondages en vue des élections de cette année.

En France, Marine Le Pen, la candidate du Front national, est donnée au second tour de la présidentielle d'avril-mai, tandis qu'en Allemagne, les eurosceptiques et anti-immigrés d'Alternative für Deutschland (AfD) pourraient faire leur entrée au Bundestag pour la première fois aux élections de septembre.

"Les Néerlandais ont rejeté le populiste anti-européen. C'est bien. Nous avons besoin de vous pour une Europe forte en 2017", a tweeté le ministère allemand des Affaires étrangères.

Le chef de la chancellerie fédérale, le secrétaire d'Angela Merkel, a pour sa part tweeté : "Pays-Bas, ô Pays-Bas, vous êtes des champions. Félicitations pour ce résultat fantastique."
Dans la soirée, l'Elysée a félicité dans un communiqué Mark Rutte "pour sa nette victoire contre l'extrémisme".

"Les valeurs d'ouverture, de respect de l'autre et de foi en l'avenir de l'Europe sont la seule véritable réponse aux pulsions nationalistes et de repli sur soi qui secouent le monde", ajoute le président français.