Pays-Bas / Législatives : Un test sur la montée des populismes en Europe

Publié le Mercredi 15 Mars 2017 à 12:33
Geert WildersAFP - Les Néerlandais, pour beaucoup encore indécis après une campagne marquée par des questions d'identité et une crise diplomatique avec la Turquie, ont commencé à voter mercredi pour des législatives considérées comme un baromètre du populisme en Europe.

Après le Brexit au Royaume-Uni et la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, tous les yeux sont braqués sur la formation du député islamophobe Geert Wilders, qui est redescendu dans les derniers sondages après avoir caracolé en tête pendant de nombreux mois.

Les 12,9 millions d'électeurs potentiels pourront voter jusqu'à 21H00 (20H00 GMT) dans des milliers de bureaux de vote installés dans les gares, les magasins, ou parfois même chez des particuliers.

"J'espère qu'il y aura une coalition du centre forte", a déclaré à l'AFP Alexander van der Hooft, 51 ans, qui votait dans une école d'un quartier chic de La Haye. "Mais j'ai peur que les résultats soient très fragmentés et qu'il soit difficile de former un gouvernement".

Dans une ultime tentative de séduire les électeurs, dont un nombre record ignorent encore vers quel candidat se portera leur crayon rouge une fois dans l'isoloir, les têtes de listes se sont écharpées mardi soir à la télévision. "Si les gens ont besoin d'un dirigeant, c'est vers moi que leur regard se tourne", a affirmé le Premier ministre Mark Rutte.

Ce candidat de la continuité a tenté de transformer l'élection en duel avec Geert Wilders et assuré aux Néerlandais qu'ils avaient le choix entre deux options: le chaos ou la stabilité.
Les derniers sondages publiés mardi montrent que le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) de Mark Rutte distance le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders.

Le résultat de la formation populiste sera considéré comme un test, avant des élections dans les mois qui viennent en France puis en Allemagne.

Le VVD est crédité de 24 à 28 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du parlement néerlandais, loin pourtant de ses 40 sièges dans le parlement sortant.

Le PVV, qui a fait la course en tête pendant des mois, n'est crédité que de 19 à 22 sièges et est talonné par les partis traditionnels, comme l'Appel Chrétien-démocrate (CDA) et les progressistes de D66.

Le CDA, qui a longtemps dominé la politique néerlandaise, pourrait également devenir la plus grande formation du pays, et est presque assuré de se retrouver au gouvernement. Pendant la campagne, il a proposé d'obliger les écoliers à chanter l'hymne national et a rouvert le débat sur la double nationalité.

Tout comme le VVD, ces deux partis ont promis de ne pas collaborer avec Geert Wilders. Dans son programme politique qui tient en un feuillet, celui-ci a promis de fermer les frontières aux immigrants musulmans, d'interdire la vente du Coran et de fermer les mosquées, dans un pays dont la population compte environ 5% de musulmans.

Alors que ses vues lui ont apporté un soutien au cœur de la crise migratoire, beaucoup de Néerlandais les estiment excessives.

Même si le PVV sortait des urnes comme la plus grande formation du pays, ce qui est peu probable aux yeux des experts, Geert Wilders ne devrait pas figurer au gouvernement, la majorité des autres partis refusant de coopérer. Or le système électoral néerlandais, à la proportionnelle presqu'intégrale, oblige à créer des coalitions de gouvernement.

Compliquant le paysage politique, une crise diplomatique a éclaté pendant le week-end entre La Haye et Ankara, après l'interdiction faite par les autorités néerlandaises à des ministres turcs de participer à des meetings en faveur du président Recep Tayyip Erdogan.

Un nombre record de 28 partis présentent des listes. Dans un paysage aussi fragmenté, la formation de la nouvelle coalition pourrait prendre des mois - le record actuel est de 208 jours - et résulter en un accord à quatre ou cinq partis.

Alors que les travaillistes font face à un recul sans précédent, les écologistes de GroenLinks quadruplent leurs sièges dans les derniers sondages. Lors du débat, le chef de file des écologistes, Jesse Klaver, 30 ans, a affirmé que son pays avait besoin "d'un nouveau type de dirigeants".