Obama se rend pour la 1ère fois dans une mosquée sur le sol américain

Publié le Mercredi 03 Février 2016 à 17:24
Barack Obama se rend dans une mosquée américaine. AFP - Barack Obama se rend mercredi dans une mosquée de Baltimore, non loin de Washington, pour défendre la liberté de religion, mais aussi pour dénoncer avec force la "stratégie cynique" de certains ténors républicains qui alimentent les amalgames entre islam et terrorisme.

S'il s'est déjà rendu des mosquées au Caire, à Jakarta ou encore à Kuala Lumpur, c'est la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 2009 que le président se rend dans un lieu de culte musulman sur le sol américain.

A neuf mois du scrutin qui désignera son successeur, il veut marquer les esprits.
Depuis que le milliardaire Donald Trump a proposé, dans la foulée de la fusillade de San Bernardino (Californie) le 2 décembre, d'interdire l'accès des musulmans aux Etats-Unis par crainte d'attentats jihadistes, M. Obama dénonce sans relâche la tentation de jouer sur les peurs et met en garde contre les stéréotypes "contre-productifs".

Lorsque des politiques insultent les musulmans (...) cela ne nous rend pas plus en sécurité", lançait-il début janvier devant les deux chambres du Congrès. "C'est une trahison de ce que nous sommes en tant que pays".

Selon Josh Earnest, son porte-parole, la mosquée est "le lieu adapté pour dire clairement (...) que personne, candidat ou pas, ne devrait se croire autorisé à mettre en danger la liberté de religion".

Cette visite chargée en symboles intervient plus de six ans après le discours du Caire (juin 2009). Dans cette allocution, entamée en arabe par un "Salam aleikum" ("Que la paix soit sur vous"), Barack Obama avait appelé à tourner la page d'un "cycle de méfiance et de discorde" entre les Etats-Unis et le monde musulman.

Selon le Pew Research Center, quelque 3,3 millions de musulmans vivent aux Etats-Unis, représentant environ 1% du total de la population. Cette proportion devrait doubler d'ici 2050.
Lors de cette visite de la Société islamique de Baltimore, qui gère un vaste complexe comprenant aussi une école primaire et une crèche, le président américain participera à une table ronde avec des représentants de la communauté musulmane.

"C'est une année électorale et nous voyons déferler toute cette haine anti-musulmans. Cette visite arrive au bon moment", estime Riham Osman, du Muslim Public Affairs Council, convaincue que cela peut avoir un impact sur la façon dont les gens voient les musulmans.
Il prononcera un discours au cours duquel il devrait aussi appeler ces derniers à assumer pleinement leurs responsabilités.

C'est en novembre, lors d'une conférence de presse à Antalya en Turquie, quelques jours après les attentats de Paris (130 morts et des centaines de blessés), que le président américain avait été le plus explicite sur ce thème.

Après avoir martelé que l'organisation Etat islamique (EI), qui a revendiqué cette tuerie, n'était "aucunement représentative" de l'écrasante majorité des musulmans, il avait aussi lancé un appel à la vigilance.

"Ce qui est également vrai, c'est que les organisations terroristes les plus cruelles aujourd'hui sont des organisations qui affirment parler au nom des vrais musulmans", avait-il souligné.

"Et je pense que les musulmans à travers le monde, leaders religieux ou politiques, mais aussi citoyens ordinaires, doivent se poser de réelles questions sur ce qui a permis à ces idéologies extrémistes de prendre racine, même si cela ne touche qu'une toute petite partie de la population".

La visite la plus célèbre d'un président dans une mosquée située sur le territoire américain restera probablement encore pour longtemps celle de son prédécesseur, le républicain George W. Bush.

Six jours après les attentats du 11 septembre 2001, revendiqués par Al-Qaïda, il s'était rendu dans une mosquée de Washington.

"L'islam, c'est la paix", avait-il lancé dans une brève allocution restée dans l'Histoire, soulignant que "le visage de la terreur" n'avait rien à voir avec cette religion pratiquée par des centaines de millions de personnes à travers le monde.

Une rumeur, relayée depuis des années sur internet par divers groupuscules, affirme que Barack Obama est musulman, malgré les affirmations sans équivoque de ce dernier sur sa foi chrétienne.

Selon un sondage CNN/ORC réalisé en septembre, 29% des Américains pensent encore qu'il est musulman. Ce chiffre monte à 43% chez les sympathisants républicains.