Obama et Netanyahu en désaccord sur le nucléaire iranien

Publié le Mardi 03 Mars 2015 à 09:45
AFP & Reuters - Netanyahu est à Washington en pleine offensive diplomatique contre l'Iran et doit s'adresser solennellement mardi au Congrès américain, au moment où Washington et Téhéran négocient en Suisse pour conclure fin mars un règlement définitif qui encadrerait le programme nucléaire controversé de la République islamique.

Lundi, Barack Obama a défendu un premier accord provisoire scellé en novembre 2013 entre les grandes puissances et Téhéran et prévoyant le gel d'une partie de ses activités nucléaires en échange d'une levée partielle des sanctions. Sur ce dossier, le président américain a jugé que Premier ministre israélien avait eu tort".

"M. Netanyahu a fait toutes sortes de déclarations", a critiqué Barack Obama dans un entretien à l'agence Reuters. "Cela allait être un très mauvais accord. Cela allait permettre à l'Iran de récupérer 50 milliards de dollars. L'Iran ne respecterait pas l'accord. Rien de cela ne s'est vérifié", a-t-il dénoncé.

"A de nombreux égards, l'Iran a fait machine arrière sur certains éléments de son programme", a insisté le président américain qui veut, comme les autres pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), signer d'ici au 31 mars un accord politique définitif avec l'Iran.

M. Obama désire en outre un rapprochement des Etats-Unis et de la puissance chiite, 35 ans après la rupture de leurs relations diplomatiques.

Mais Benjamin Netanyahu est vent debout contre un tel scénario. Il s'est dit "en mission historique" en terre américaine pour torpiller l'accord sur le nucléaire. Il en va de la "survie" de l'Etat hébreu fondé en 1948, a-t-il tonné devant 16.000 délégués du groupe de pression américain pro-israélien Aipac (American Israel Public Affairs Committee).
Après Israël, les Etats-Unis comptent le plus grand nombre de juifs au monde (de 4,5 à 5,7 millions).

L'Iran doit s'engager à geler, de façon vérifiable, ses activités atomiques pendant au moins dix ans pour qu'un accord définitif soit conclu sur la question de son programme nucléaire, a déclaré lundi Barack Obama.

"Si, véritablement, l'Iran accepte de geler son programme là où il en est pendant au moins dix ans(...), si nous obtenons cela, ainsi que des moyens de le vérifier, aucune autre mesure que nous pourrions prendre ne nous donnera mieux la garantie qu'ils n'ont pas l'arme nucléaire", a-t-il dit dans une interview accordée à Reuters à la Maison blanche.

L'objectif des Etats-Unis est de faire en sorte qu'"Il y ait au moins un an entre le moment où nous constations qu'ils cherchent à se doter d'une arme nucléaire et celui où ils sont en mesure de l'avoir", a ajouté le président américain.

Il note un "désaccord marqué" entre l'administration américaine et le gouvernement israélien sur le moyen d'atteindre l'objectif, partagé, d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.
Barack Obama s'est employé dans l'interview à minimiser les dégâts à long terme, dans les relations bilatérales, du discours que doit prononcer mardi devant le Congrès le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, déclarant que le problème n'était pas une question de personnes et qu'il rencontrerait le dirigeant israélien s'il remporte les législatives du 17 mars.

Il n'est pas prévu que Barack Obama voie Benjamin Netanyahu durant son séjour actuel à Washington.

"Ce n'est pas une question personnelle. Je pense qu'il est important que chaque pays comprenne bien, dans sa relation avec les Etats-Unis, que Washington a le souci de conduire sa propre politique", a dit Obama.

Interrogé quant aux perspectives d'un accord définitif avec l'Iran, censé intervenir avant la date-butoir du 30 juin, Barack Obama a estimé qu'il y avait un doute majeur, à savoir si Téhéran se soumettrait aux demandes d'inspections rigoureuses et accepterait une limitation de sa capacité d'enrichissement d'uranium.

"Mais s'ils (les Iraniens) l' acceptent, ce sera nettement plus efficace, pour contrôler leur programme nucléaire, que n'importe quelle opération militaire que nous pourrions entreprendre, n'importe quelle opération militaire qu'Israël pourrait lancer, et beaucoup plus efficace que ne pourront l'être les sanctions", a continué Obama.