"Nous ne sommes pas en guerre avec l’islam" (Barack Obama)

Publié le Jeudi 19 Février 2015 à 09:38
Barack Obama AFP - Barack Obama a appelé mercredi à lutter contre les « fausses promesses » de l’extrémisme et à discréditer les « idéologies haineuses » en déjouant la propagande des groupes terroristes qui ciblent particulièrement les jeunes musulmans sur Internet.

« Nous ne sommes pas en guerre avec l’islam, nous sommes en guerre avec des gens qui ont perverti l’islam », a martelé le président américain au deuxième jour d’un sommet qui intervient après les attaques meurtrières de Paris et Copenhague.

Les dirigeants d’organisations comme celle de l’État islamique « ne sont pas des leaders religieux, ce sont des terroristes », a-t-il ajouté, soulignant que ces derniers ne parlaient « évidemment pas au nom d’un milliard de musulmans ».

Soulignant que les opérations militaires, telles que les frappes aériennes menées depuis des mois contre l’organisation État islamique en Irak et en Syrie, ne pouvaient être la seule réponse face à la « violence extrémiste », M. Obama a souligné que les « terroristes étaient d’abord une menace pour les communautés qu’ils visent ».

« Les groupes terroristes utilisent une propagande très ciblée dans l’espoir d’atteindre et de manipuler de jeunes musulmans, en particulier ceux qui se sentent abandonnés. C’est la vérité », a-t-il lancé.

« Les vidéos de haute qualité, l’utilisation des réseaux sociaux, les comptes Twitter des terroristes sont conçus pour toucher les jeunes en ligne », a-t-il poursuivi.

Jeh Johnson, ministre américain de la Sécurité intérieure, a souligné l’utilisation « extrêmement efficace et habile » d’Internet et des réseaux sociaux par les organisations terroristes, mettant en exergue l’évolution de leur mode de communication, infiniment plus sophistiqué que celui de l’ancien chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden « il y a quelques années seulement ».


Appelant à faire preuve de franchise dans la lutte contre l’extrémisme, M. Obama a en particulier appelé les leaders religieux musulmans à « faire plus » pour discréditer l’idée selon laquelle les pays occidentaux seraient « déterminés à supprimer l’islam ». « Tout le monde doit parler très clairement », a-t-il lancé.

Soulignant la nécessité de répondre aux difficultés « que les terroristes exploitent » pour recruter, il a insisté sur le rôle de l’éducation : « Quand des jeunes n’ont reçu aucune éducation, ils sont plus réceptifs aux théories du complot et aux idées radicales ».

Quelques heures plus tôt, la maire de Paris Anne Hidalgo, qui fait partie des représentants d’une soixantaine de pays invités à Washington, avait elle aussi insisté sur ce point, car « derrière chaque parcours de radicalisation, il y a un échec à l’école ».

Plaidant pour une ville offrant une place à tous, la maire de la capitale française s’est prononcée pour un « projet de société à part entière, une fraternité ».

« À Paris, notre ambition est de prendre l’exact contre-pied des "no-go zones" fantasmées par certains », a-t-elle dit, provoquant des rires dans l’assistance. Dans les jours qui ont suivi l’attentat contre le magazine satirique Charlie Hebdo le 7 janvier, la chaîne américaine Fox News avait à plusieurs reprises expliqué, carte à l’appui, qu’il existait à Paris des « no-go zones » (des zones de non-droit) échappant aux lois de la République et interdites aux non-musulmans.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et les ministres de l’Intérieur français et britannique, Bernard Cazeneuve et Theresa May, font partie des personnalités attendues jeudi au dernier jour de ce rendez-vous international annoncé en janvier peu après l’attaque contre Charlie Hebdo mais préparé de longue date.

Certains adversaires républicains de M. Obama ont déploré que ce sommet ne se concentre pas explicitement sur la lutte contre l’islamisme radical, jugeant en particulier regrettable que le président américain se refuse à parler d’«extrémisme islamiste ».