Netanyahu s’en prend à l’ONU et à l’UE et les taxe "d’hypocrisie"

Publié le Vendredi 19 Juin 2015 à 09:19
Benyamin Nétanyahou AFP - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé jeudi les condamnations par l'Union européenne de la colonisation, et insisté à nouveau sur la reconnaissance d'Israël comme Etat juif pour conclure un accord de paix avec les Palestiniens.

Lors de sa conférence de presse annuelle avec la presse étrangère, M. Netanyahu a fustigé "l'hypocrisie" de l'Union européenne, dont certains membres ont convoqué les ambassadeurs israéliens après l'annonce récente de la construction de 1.800 nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

Parmi les diplomates convoqués, figurent les ambassadeurs d'Israël en France, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne.

"Il est temps de mettre un terme à cette hypocrisie", a martelé M. Netanyahu, estimant que la position de l'UE n'aidait pas à la paix "mais qu'au contraire elle l'éloignait".
Benyamin Nétanyahou s'en est pris également au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, qualifiant d'"hypocrites" ses propos sur la mort d'enfants palestiniens lors de la guerre de Gaza en 2014.

S'exprimant hier lors d'un débat au Conseil de sécurité de l'ONU sur le sort des enfants dans les conflits armés, Ban Ki-moon a demandé à Israël de prendre des mesures pour protéger les enfants palestiniens, en référence notamment à la guerre de juillet-août 2014 à Gaza entre les groupes armés palestiniens dont le Hamas et Israël.

Jeudi matin, le Premier ministre israélien avait été reçu à Amman par le roi Abdallah II pour une rare visite en Jordanie, consacrée aux pourparlers de paix relancés en juillet par le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Lors de ces entretiens, "M. Netanyahu a souligné qu'Israël mettait l'accent sur ??les arrangements de sécurité, ce qui est aussi dans l'intérêt de la Jordanie, dans tout accord futur qui tiendra compte de l'accord de paix signé entre Israël et la Jordanie il y a 20 ans", selon un communiqué officiel israélien.

Le Palais royal a précisé que la discussion avait porté sur les moyens de satisfaire "les aspirations des Palestiniens tout en protégeant les intérêts jordaniens, en particulier sur les questions relatives au statut final".

Durant sa dernière navette au Proche-Orient, qui s'est achevée le 6 janvier, le secrétaire d'Etat américain a présenté aux deux parties un projet d'"accord-cadre" traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur ces questions, c'est-à-dire les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens.

La Jordanie, deuxième pays arabe signataire d'un accord de paix avec Israël, en 1994, est traditionnellement le gardien des mosquées d'Al-Aqsa et du Dôme du Rocher, à Jérusalem-Est, dont elle assure l'entretien en coordination avec l'Autorité palestinienne.

Elle partage une frontière avec la Cisjordanie occupée, censée former la majeure partie d'un Etat palestinien, et dont Israël veut conserver le contrôle pour une longue période après un accord de paix, ce que refuse le président palestinien Mahmoud Abbas.

Devant les correspondants de la presse étrangère à Jérusalem, M. Netanyahu a répété qu'il "ne transigerait jamais avec la sécurité d'Israël".

Et il a réaffirmé que la cause principale du conflit avec les Palestiniens était le refus de ces derniers de reconnaître Israël comme "l'Etat-nation du peuple juif".

Les dirigeants palestiniens ont déploré jeudi que M. Netanyahu ait imposé à M. Kerry son "ordre du jour" dans les négociations, en particulier son exigence d'une reconnaissance de l'Etat juif.
"Kerry fait des allers-retours pour discuter uniquement de deux questions qui n'ont jamais été à l'ordre du jour: la judéité d'Israël et la vallée du Jourdain", a affirmé Nabil Chaath, un dirigeant du Fatah, le mouvement de Mahmoud Abbas.

"Du point de vue israélien, reconnaître Israël comme Etat juif équivaut à abroger le droit au retour ou une solution au problème des réfugiés fondée sur la résolution 194" de l'Assemblée générale de l'ONU, a expliqué M. Chaath, dénonçant une "exigence totalement nouvelle".

"Y a-t-il un seul dirigeant palestinien sain d'esprit qui puisse accepter cela? Ou le but est-il uniquement de lui rendre impossible de signer un accord de paix avec Israël?", a-t-il lancé.

M. Chaath a également réaffirmé le rejet palestinien d'un compromis sur la vallée du Jourdain qu'envisagerait le chef de la diplomatie américaine et qui prévoit une perpétuation de la présence militaire israélienne pendant une période de 10 à 20 ans renouvelable à la discrétion d'Israël.
Le vice-ministre israélien de la Défense Danny Danon, un faucon, a conduit une manifestation de militants du Likoud (le parti de la droite nationaliste de M. Netanyahu) dans la vallée du Jourdain.

"Les communautés juives resteront pour toujours dans la vallée du Jourdain," a affirmé M. Danon, en référence aux colonies de la région, critiquant également les propositions de sécurité américaines.