Mort de l’ancien ministre de l’Intérieur français, Charles Pasqua

Publié le Mardi 30 Juin 2015 à 09:09
Charles PasquaReuters - La droite a rendu un hommage unanime à l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, résistant et gaulliste, pilier de la chiraquie et souverainiste, mais aussi homme controversé et confronté à la justice sur la fin de sa vie, mort lundi à 88 ans.

Charles Pasqua, qui fut député, sénateur, député européen mais a surtout laissé une trace place Beauvau, où il fit deux passages de 1986 à 1988 puis de 1993 à 1995, s'est éteint à l'hôpital Foch de Suresnes, dans son fief des Hauts-de-Seine.

"Souverainiste", "attaché à la nation", sont les expressions qui revenaient le plus souvent lundi chez les responsables de la droite qui ont salué celui qui fut résistant à 16 ans et co-fondateur du Service d'action civique, gardien du gaullisme et aux méthodes contestées.

Né à Grasse (Alpes-Maritimes) et reconnaissable à sa faconde méridionale, homme de réseaux qui participa à la fondation du RPR, Charles Pasqua fut proche de Jacques Chirac jusqu'au début des années 1990 puis un trublion de son parti, auquel il tenta d'imposer sa vision de l'indépendance de la France.

"Il était l'incarnation d'une certaine idée de la politique et de la France, faite d'engagement, de courage et de convictions. Ce soir, la France perd l'un de ses plus grands serviteurs", dit le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, dans un communiqué.

L'ex-Premier ministre François Fillon, qui se réclame lui aussi du gaullisme, salue dans un communiqué un "compagnon de la France toujours libre, la France populaire et fière de son drapeau et de ses valeurs".

"Charles Pasqua incarnait l'autorité de la République à une époque ou il était de bon ton de moquer la loi. Il incarnait la souveraineté nationale en un temps ou il était à la mode de célébrer la mondialisation 'heureuse'. Aujourd'hui, personne n'oserait dire qu'il était totalement d'un autre temps."

Brice Hortefeux, qui a également occupé la fonction de ministre de l'Intérieur, a dit sur iTELE appartenir à "une génération qui a été fortement marquée par Charles Pasqua".
"Un ministre de l'Intérieur qui, qu'on soit d'accord ou pas avec son engagement, (...) a aussi eu le courage de mettre sur la table des sujets difficiles", a-t-il dit.

Parmi ceux-là ont figuré l'immigration, avec une loi rendant plus difficile le séjour des étrangers en France lors de son premier passage à l'Intérieur et, en 1988, son intérêt public pour une alliance avec le Front national.

Charles Pasqua se distinguait aussi par une fermeté parfois extrême sur la sécurité. Orateur de talent, il dit en 1987 à propos de la "guerre psychologique" contre le terrorisme : "La première arme, c'est le verbe et il faut l'utiliser."

Il était en poste lors des manifestations étudiantes contre la loi Devaquet, en 1986, qui ont vu un homme mourir sous les coups de policiers, mais aussi lors de l'arrestation des membres du groupe terroriste Action Directe.

Il y était encore lors de l'arrestation du terroriste Carlos et l'assaut sur un Airbus détourné par un commando du GIA algérien, en 1994, et reste célèbre pour avoir déclaré qu'il fallait "terroriser les terroristes".

Cette même année, il réaffirma souhaiter le rétablissement de la peine de mort après une fusillade meurtrière à Paris.

Si cet ancien directeur des ventes de Ricard disait placer la fidélité au premier rang des qualités et avoir "plus de sympathie pour (ses) adversaires que pour les caméléons", son parcours politique fut marqué par des amitiés contrariées.

Témoin au premier mariage de Nicolas Sarkozy, il fut pourtant supplanté par ce dernier lorsqu'il fallut succéder à l'historique maire de Neuilly Achille Péretti, en 1983.  

Sa conviction souverainiste, elle, l'amena à s'opposer en 1990 au courant porté par Alain Juppé et Jacques Chirac au sein du RPR alors qu'il avait contribué à l'ascension politique du second, sans succès.

Il soutint ensuite le non au référendum sur le traité de Maastricht de 1992, là encore sans l'emporter et il se rapprocha d'Edouard Balladur, dont il fut un soutien lors de la présidentielle de 1995.

Cet isolement face aux caciques du RPR prit un tour plus spectaculaire lors des élections européennes de 1999, où il présenta une liste dissidente avec Philippe de Villiers, face à celle conduite par Nicolas Sarkozy, encore, et arriva deuxième derrière le PS. Celui qui était encore à des années de l'Elysée dut démissionner.

Les années 2000, passées au conseil général des Hauts-de-Seine puis au Sénat, furent davantage marquées par les affaires politico-financières.

Tour à tour cité dans le volet français de l'affaire pétrole contre nourriture ou dans l'affaire des ventes d'armes non autorisées à l'Angola, entre autres, il ne fut condamné qu'une fois, dans l'affaire de la Sofremi qui concernait des détournements de fonds présumés lorsqu'il était ministre de l'Intérieur entre 1993 et 1995. Elle lui valut une peine d'un an de prison avec sursis pour "complicité d'abus de biens sociaux".