Merkel déplore que Netanyahu ait annulé une rencontre avec Sigmar Gabriel

Publié le Mercredi 26 Avril 2017 à 17:43
Angela Merkel AFP - La chancelière Angela Merkel a dit mercredi "déplorer" l’annulation la veille par Benjamin Netanyahu d’une rencontre à Jérusalem avec le ministre allemand des Affaires étrangères, un incident diplomatique rarissime entre les deux pays.

«La chancelière déplore elle aussi que la rencontre n’ait pas pu avoir lieu », a déclaré le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert, lors d’un point de presse à Berlin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait annulé mardi une rencontre avec le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel après une dispute très inhabituelle sur le programme du ministre.

M. Netanyahu avait prévenu qu'il ne recevrait pas M. Gabriel si ce dernier rencontrait en soirée des représentants de deux ONG israéliennes très critiques de son gouvernement.

Cette annulation est un rare accroc public dans les relations d'Israël avec l'Allemagne, qui est un de ses plus fermes soutiens européens.

Elle survient dans un contexte de rafraîchissement des relations bilatérales, notamment au sujet de la colonisation, c'est-à-dire la construction par Israël d'habitations civiles dans les Territoires palestiniens occupés, critiquée par Berlin.

"Je peux confirmer que la rencontre est annulée", a affirmé à l'AFP un haut responsable israélien qui a requis l'anonymat. Il a précisé que l'annulation avait été décidée à l'initiative de Benjamin Netanyahu.

M. Gabriel avait indiqué plus tôt qu'une telle annulation serait "impensable".

"Nous apprenons par les médias israéliens que le Premier ministre Netanyahu, que j’ai de surcroît rencontré très souvent, veut annuler cette visite car nous voulons voir des représentants critiques de la société civile", a-t-il déclaré à la télévision publique allemande ZDF. "Je peux à peine imaginer cela, car cela serait extrêmement regrettable. Il est tout à fait normal que, lors d’une visite à l’étranger, on parle à des représentants de la société civile".

M. Gabriel prévoit de rencontrer des représentants de B'Tselem, qui documente les violations des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés depuis 50 ans par l'Etat hébreu, et de Breaking the Silence, autre ONG israélienne qui offre sous le couvert de l'anonymat une plateforme aux soldats israéliens pour raconter leur vécu et dénoncer les agissements selon eux condamnables de l'armée.

Ces deux ONG comptent parmi les bêtes noires du gouvernement israélien.

Un responsable d'une des deux ONG, qui a requis l'anonymat, a confirmé à l'AFP la tenue prévue mardi soir d'une rencontre commune avec le ministre allemand.

Le gouvernement de M. Netanyahu, considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays, mène une offensive, y compris par le vote de lois, contre des organisations qu'il accuse d'attenter à la légitimité de l'Etat et qui sont soumises à de rudes attaques depuis des mois.

Le Parlement israélien a ainsi approuvé en juillet 2016 une loi controversée qui oblige les ONG recevant la plus grande partie de leur financement de gouvernements étrangers, notamment européens, à le déclarer.

Ce texte, selon ses détracteurs, cible en priorité les groupes de gauche faisant campagne pour les droits des Palestiniens et s'opposant à la colonisation en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexé.

Sont notamment visés par ce texte B'Tselem et Breaking the Silence.

Le gouvernement allemand avait en février annoncé le report de consultations germano-israéliennes, la chancelière Angela Merkel voulant ainsi, selon la presse israélienne, manifester son mécontentement après l'adoption d'une loi en faveur des colons.

L’Allemagne avait également indiqué fin janvier "douter" de la volonté d'Israël d'aboutir à un règlement du conflit israélo-palestinien sur la base d'une solution à deux Etats, après une annonce sur l'accélération de la colonisation dans les Territoires palestiniens.

Jusqu'à alors, l'Allemagne, alliée d'Israël et toujours très prudente dans ses critiques, se contentait d'affirmer que la colonisation en Territoires palestiniens était un obstacle au processus de paix et à l'avènement d'un Etat palestinien à part entière, sans pour autant mettre en doute la volonté israélienne d'y parvenir un jour.