Marine Le Pen plagie Fillon à quelques jours du 2ème tour de la présidentielle

Publié le Mardi 02 Mai 2017 à 10:31
AFP & lepoint.fr - La semaine dernière, afin d'attirer les électeurs de La France insoumise, un tract du Front national listait les points communs entre le programme de Marine Le Pen et celui de Jean-Luc Mélenchon. Lundi, à Villepinte, la candidate de l'extrême droite, qui doit faire flèche de tout bois, voulait-elle s'adresser d’une manière subliminale aux électeurs de François Fillon ? Elle a en tout cas plagié plusieurs passages d'un discours prononcé il y a peu par le candidat LR, arrivé 3e au premier tour, selon l'AFP.

Le 15 avril, François Fillon louait dans son discours au Puy-en-Velay la géographie de la France, et notamment ses « frontières terrestres : les Pyrénées d'abord, qui engagent la France dans cet immense ensemble qu'est le monde hispanique et latin. Il y a la frontière des Alpes, vers l'Italie notre sœur et, au-delà, l'Europe centrale, balkanique et orientale. » Quinze jours plus tard, lors de son meeting lundi à Villepinte (Seine-Saint-Denis), Marine Le Pen a prononcé les mêmes phrases, quasiment au mot près, en louant à son tour « les frontières terrestres : les Pyrénées qui engagent la France dans cet immense ensemble qu'est le monde hispanique et latin. Nos Alpes, qui nous ouvrent vers l'Italie, notre sœur et, au-delà, l'Europe centrale, balkanique et orientale. »

Mêmes phrases également quand François Fillon et Marine Le Pen exaltent l'exception française : « La France, je l'ai dit, c'est une histoire, c'est une géographie, mais c'est aussi un ensemble de valeurs et de principes transmis de génération en génération comme des mots de passe. (…) C'est finalement une voix singulière adressée à tous les peuples de l'univers. » Quinze jours plus tard, Marine Le Pen semble l'avoir appris par cœur : « La France, c'est aussi un ensemble de valeurs et de principes transmis de génération en génération, comme des mots de passe. (…) Et puis c'est une voix, une voix extraordinaire, singulière, qui parle à tous les peuples de l'univers.

Plus loin, rebelote, Marine Le Pen à Villepinte : « Si l'on apprend notre langue, quelquefois à grand prix, en Argentine ou en Pologne, s'il existe des listes d'attente pour s'inscrire à l'Alliance française de Shanghaï, de Tokyo, de Mexico, ou bien au lycée français de Rabat ou de Rome, si Paris est la première destination touristique mondiale, c'est que la France est autre chose et bien plus que la puissance industrielle, agricole ou militaire qu'elle peut et doit redevenir. » Le 15 avril, Fillon, au Puy-en-Velay : « Si l'on apprend notre langue, quelquefois à grand prix, en Argentine ou en Pologne, s'il existe des listes d'attente pour s'inscrire à l'Alliance française de Shanghaï, de Tokyo, de Mexico, ou bien au lycée français de Rabat ou de Rome, si Paris est la première destination touristique mondiale, c'est que la France est autre chose et bien plus qu'une puissance industrielle, agricole ou militaire. »

Pour appuyer ses dires, François Fillon en appelait à Georges Clemenceau : « Jadis soldat de Dieu, aujourd'hui soldat de la liberté, la France sera toujours le soldat de l'idéal », expliquait le « tigre », deux fois président du Conseil. Marine Le Pen a cité cette même forte phrase au même moment de son discours. Puis c'est au tour de Malraux d'inspirer d'abord le candidat LR : « La France n'est la France que si elle porte une part de l'espérance du monde », puis la candidate frontiste le 1er mai.

Des emprunts voyants qui n'ont pas troublé Florian Philippot.

Le vice-président du Front national, interrogé par l'AFP, a assuré qu'il s'agissait d'un « clin d'œil assumé à un bref passage touchant d'un discours sur la France » de la part « d'une candidate de rassemblement qui montre qu'elle n'est pas sectaire » (…).

Si les deux passages se ressemblent donc mot pour mot, c'est parce qu'ils auraient les mêmes auteurs, affirme RTL. Selon la radio, c'est Paul-Marie Coûteaux qui en serait à l'origine. Cette figure souverainiste avait été aperçue dans les meetings de François Fillon pendant la campagne. Il l'aurait même conseillé dans l'écriture de ses discours. Auparavant allié de Marine Le Pen, il avait perdu la tête du Siel (Souveraineté, Indépendance et Liberté) – un mouvement souverainiste satellite du FN – après des divergences personnelles et politiques avec Marine Le Pen.