Marine Le Pen ne sera pas élue présidente, selon des Instituts de sondage

Publié le Mercredi 03 Mai 2017 à 10:20
Reuters - Toujours distancée d'une vingtaine de points dans les sondages à quatre jours du second tour de la présidentielle, la candidate du Front national, Marine Le Pen, ne peut pas refaire son retard sur son concurrent d'En Marche !, Emmanuel Macron, selon les sondeurs interrogés par Reuters.

"C'est terminé, et depuis bien longtemps. Il faut arrêter de se faire peur", tranche Jean Chiche chercheur au Cevipof, spécialisé notamment dans l'étude des sondages électoraux.

Dans les différentes enquêtes publiées mardi, Emmanuel Macron continue d'être largement en tête avec environ 60% des intentions de vote d'après BVA, Ipsos-Sopra Steria, Ifop-Fiducial, OpinionWay-Orpi et Elabe.

"Aujourd'hui, tous les éléments montrent qu'Emmanuel Macron va gagner l'élection présidentielle", explique Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

Jérôme Sainte-Marie de PollingVox abonde. "L'écart demeure considérable. Il faudrait qu'environ six millions d'électeurs changent d'avis."

Depuis la semaine dernière, l'ancien ministre de l'Economie connaît une baisse dans les différentes enquêtes d'opinions. Elabe mesure mardi une chute de cinq points, avec 59% des intentions de vote, contre 64% le lundi dernier.

Rien de très surprenant à en croire Erwan Lestrohan, directeur d'études chez BVA. "Il y a généralement un resserrement entre les deux tours."

Il y a cinq ans, une première enquête Ifop publiée quelques heures après les résultats du premier tour donnait François Hollande largement vainqueur devant Nicolas Sarkozy, avec 55,5% de voix. Au final, l'actuel président de la République l'emporta avec seulement 51,64% des bulletins exprimés.

Jérôme Sainte-Marie remarque que tous les instituts ne constatent pas ce resserrement. "C'est davantage une oscillation autour des 60%", dit le président de PollingVox.

Le principal enjeu pour l'ancien ministre de l'Economie est la participation. "Les électeurs qui vont voter pour Marine Le Pen sont sûrs de leur choix. Leur nombre ne variera plus beaucoup", selon Jean Chiche du Cevipof.

Si le score du candidat d'En Marche ! dans les sondages venait à s'effondrer, cela "engendrerait une plus grande mobilisation", prévoit Erwan Lestrohan de BVA.

D'autant que si le second tour est atypique, mettant face à face deux candidats hors des partis traditionnels, les sondeurs interrogés ne craignent pas avoir du mal à mesurer les intentions de vote."On l'a vu au premier tour, les électeurs sont assez francs", insiste Jean-Daniel Lévy.

Un temps "caché" et difficile à mesurer, le vote Front national ne pose plus de problème. "C'est devenu un vote comme les autres", explique Jean Chiche. A partir du moment où le Front national est "le premier parti de France", il n'est plus honteux d'être un de ses sympathisants.

La bascule s'est aussi faite quand les instituts sont passés aux sondages en ligne. "Au téléphone, les électeurs pouvaient avoir honte de leur réponse", rappelle Erwan Lestrohan.

La seule difficulté à laquelle pourraient être confrontés les sondeurs serait une dynamique des derniers jours, à l'image de la percée de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite et du centre.

Mais la grande différence avec les primaires, c'est que, pour la présidentielle "le corps électoral est connu", explique Jean Chiche. "Pour la primaire, sans historique, c'était au pifomètre."

D'autant que le débat de mercredi soir n'est pas à même de bousculer la tendance. "En général, ça n'a pas d'incidence", analyse Jean-Daniel Lévy de Harris Interractive rappelant les précédents.
Selon Jean Chiche, au pire, si le débat est "une catastrophe industrielle" pour Emmanuel Macron, le candidat d'En Marche ! ne baissera pas sous les 55% des votes.

Et le spécialiste du comportement électoral de conclure : "Emmanuel Macron devrait être élu avec entre 58 et 61%."