Marine Le Pen au Liban pour rencontrer les deux têtes de l’exécutif

Publié le Lundi 20 Février 2017 à 10:37
Reuters - Marine Le Pen est arrivée dimanche au Liban où elle prévoit de rencontrer les deux têtes de l'exécutif et soigner par la même sa crédibilité internationale à deux mois du premier tour de la présidentielle française.

La présidente du Front national, dont toute la stratégie consiste à "dédiaboliser" son parti pour apparaître comme une présidente en puissance, n'a encore jamais rencontré publiquement de chef d'Etat en exercice.

Lundi, elle devrait s'entretenir tour à tour avec le président libanais, l'ancien général chrétien Michel Aoun, et le Premier ministre sunnite, Saad Hariri, dit-on de sources libanaises et au sein du FN.
 
Sa visite se poursuivra mardi dans ce pays multiconfessionnel, où Marine Le Pen entend également rencontrer des autorités religieuses.

"C'est une étape importante", juge-t-on dans son entourage, où on entretient toutefois le flou sur le programme précis de la visite.

Le Liban est devenu un lieu de passage familier pour les candidats soucieux de peaufiner leur stature internationale, à l'image d'Emmanuel Macron ("En Marche!") qui a précédé Marine Le Pen à la fin du mois de janvier.

L'ancien ministre de l'Economie a également eu le droit à des entretiens avec Michel Aoun et Saad Hariri, tous deux arrivés au pouvoir en octobre-novembre en vertu d'un accord entre camps habituellement rivaux sur l'échiquier libanais.

Pour la présidente du parti d'extrême droite, l'enjeu est d'autant plus important qu'elle peine à obtenir des rendez-vous avec de hauts responsables étrangers en dépit de la stratégie qu'elle a déployée depuis 2011 pour normaliser son image, sur la scène nationale comme internationale.

En janvier dernier, elle a eu un entretien d'une heure trente, à Paris, avec le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, lequel a par la suite estimé qu'une élection de Marine Le Pen entraînerait "un retour à la loi de la jungle" en Europe.

Et, en juin 2015, elle a vu le Premier ministre égyptien de l'époque, Ibrahim Mahlab, à l'occasion d'un déplacement de quatre jours au Caire.

Mais, lors d'un aller-retour à New York, en janvier dernier, Marine Le Pen n'a rencontré aucun représentant officiel de l'administration de Donald Trump, dont elle fut pourtant l'une des seules responsables politiques, en France, à saluer l'élection en novembre dernier.
 
En réalité, la candidate frontiste a surtout noué ses liens publics à l'étranger avec des formations européennes d'extrême droite, pour la plupart tenues à la lisière du jeu politique dans leur pays, comme le FN en France.

Fin janvier, elle a ainsi participé à Coblence, en Allemagne, à un rendez-vous avec les alliés traditionnels du FN, les Allemands de l'AFD, les Néerlandais du Parti pour la liberté (PVV), les Autrichiens du Parti de la liberté (FPÖ) et la Ligue du Nord italienne.

Marine Le Pen, qui ne fait pas mystère de sa ligne pro-russe, compte par ailleurs sur les récentes victoires de Donald Trump et des partisans du Brexit, au Royaume-Uni, pour casser l'image d'isolement international de son parti.
 
"Ce réveil des peuples est historique, il marque la fin d'un cycle, le vent de l'Histoire a tourné. Il nous portera au sommet", a-t-elle déclaré le 5 février, à Lyon, en conclusion de son premier discours de campagne.  

Systématiquement donnée en tête du premier tour de la présidentielle, avec environ un quart des intentions de vote, l'eurodéputée est presque toujours donnée battue au second tour dans les sondages, quel que soit son adversaire.