Malaisie: l'ex-Premier ministre interrogé par l'agence anti-corruption

Publié le Mardi 22 Mai 2018 à 09:47
AFP - L'ex-Premier ministre malaisien, Najib Razak, était interrogé mardi sur un scandale de détournements de fonds publics dans les locaux de l'agence anti-corruption dont l'un des agents a révélé avoir subi des menaces en enquêtant précédemment sur cette affaire.

M. Najib a été convoqué par l'agence anti-corruption (MACC) à Putrajaya, capitale administrative de la Malaisie, pour répondre à des questions sur SRC International, qui était à l'origine une filiale énergie de 1MDB, fonds souverain créé par M. Najib à son arrivée au pouvoir en 2009 et aujourd'hui endetté à hauteur de 10 milliards d'euros.

Il s'agit d'un volet mineur du scandale 1MDB qui a contribué à la défaite cinglante aux législatives du 9 mai de la coalition gouvernementale dirigée par M. Najib, qui était au pouvoir depuis 61 ans. Le scrutin a été remporté contre toute attente par la coalition de Mohamad Mahathir, revenu à 92 ans sur le devant de la scène politique, après avoir été déjà Premier ministre pendant 22 ans (1981-2003).

Le régime de M. Najib s'était attaqué à tout ce qui touchait à 1MDB, faisant clôturer des enquêtes sur le scandale, écartant des voix critiques du gouvernement à l'égard de l'affaire, muselant les médias et procédant à des interpellations de personnes évoquant le scandale.

Shukri Abdull, une personnalité de l'agence qui avait pris une retraite anticipée avant d'être rappelé par M. Mahathir, a fondu en larmes lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a révélé avoir été victime d'une "incroyable pression" lors d'une précédente enquête sur 1MDB, du temps où M. Najib était Premier ministre.

Membre d'une équipe qui avait enquêté sur SRC en 2015, M. Shukri a expliqué avoir subi un niveau de harcèlement "très effrayant".

"Nos témoins étaient enlevés. Certains étaient interrogés par d'autres pour savoir ce qu'ils avaient révélé. On m'a demandé de prendre une retraite anticipé", a raconté l'agent anti-corruption.

"Malgré les pressions et le harcèlement subis par mes collaborateurs, nous n'avons jamais cédé", a ajouté M. Shukri, qui était parti à la retraite en 2016.

D'après des investigations effectuées par le Wall Street Journal, 42 millions de ringgit (9 millions d'euros) ont été transférés de SRC sur des comptes personnels de M. Najib.

Concernant 1MDB, l'ex-Premier ministre est soupçonné d'avoir détourné l'équivalent d'environ 640 millions d'euros de cette société publique qu'il avait créée pour moderniser la Malaisie, pays d'Asie du Sud-Est de 32 millions d'habitants.

M. Najib a toujours nié toute malversation. Mais le nouveau gouvernement dirigé par M. Mahathir a relancé les investigations sur 1MDB en créant un groupe de travail dédié.

La semaine dernière, 72 valises remplies d'argent liquide, de bijoux et de nombreux sacs à main de luxe ont été saisis lors de perquisitions dans la maison de M. Najib et d'autres endroits huppés de la capitale Kuala Lumpur, dans le cadre des investigations sur l'affaire 1MDB.