Macron et Merkel s’engagent à construire ensemble l’avenir de l’Europe

Publié le Samedi 24 Juin 2017 à 08:54
Reuters - Emmanuel Macron et Angela Merkel ont dit leur volonté de construire ensemble l'avenir de l'Union européenne dans les prochaines années et d'intensifier la coopération franco-allemande, à l'issue du Conseil européen vendredi à Bruxelles.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont en particulier acté plusieurs avancées pour l'Europe de la Défense, dont la création d'un fonds, un cadre permettant aux Etats qui le veulent de coopérer davantage et une généralisation de financements communs pour des opérations conjointes.

Le président français et la chancelière allemande ont estimé lors d'une conférence de presse commune que leurs travaux conjoints avaient contribué au succès du Conseil. "C'est plus qu'un symbole, c'est une véritable éthique de travail", a déclaré Emmanuel Macron.

"L’accord, la symbiose entre la France et l’Allemagne, c’est la condition nécessaire pour que l’Europe avance."

Pour Angela Merkel, cette coopération "a absolument fait ses preuves avec de bons résultats même si dans tous les domaines nous ne sommes pas automatiquement du même avis".

Emmanuel Macron et Angela Merkel ont exprimé des positions convergentes sur les réponses à apporter aux migrations vers l'Europe et la nécessité de mieux adapter l'Union européenne à la mondialisation, notamment à travers la politique commerciale, orientations que reflètent les conclusions du Conseil.

Les Européens ont également travaillé jeudi sur les mesures visant à lutter contre le terrorisme, notamment le contrôle aux frontières extérieures, le fichier des passagers aériens (PNR) et le combat contre la propagande sur Internet. "Globalement, le Conseil européen a consolidé les fondations et l'avenir de l'Union européenne", a dit la chancelière.

"C'est un Conseil de la confiance, de l'espoir, de l'action, et nous ferons en sorte qu'étape après étape nous enregistrions des résultats, il ne s'agit pas de publier des communiqués mais d'obtenir des résultats", a-t-elle ajouté.

La chancelière et le président ont dit l'un et l'autre qu'il fallait faire avancer l'Europe concrètement et qu'un changement éventuel de traité n'était ni une fin en soi, ni un tabou.

Emmanuel Macron a précisé que des initiatives seraient prises dans la Défense, la sécurité et l'éducation lors du conseil des ministres franco-allemand du 13 juillet à Paris.

Les deux dirigeants ont refusé de donner une date pour la présentation de la feuille de route sur la réforme de l'Union et de la zone euro qu'ils veulent élaborer dans les prochains mois, jugeant qu'il serait inefficace d'annoncer un objectif de calendrier au lieu d'approfondir le sujet autant que nécessaire.

Ils n'ont notamment pas précisé si elle serait présentée avant ou après les élections du 24 septembre, à l'issue desquelles Angela Merkel espère entamer un quatrième mandat.

L'objectif est de partager cette feuille de route "au maximum" avec les autres Européens, a répété Emmanuel Macron.

Lors du dîner jeudi, la Première ministre britannique, Theresa May a présenté sa proposition visant à garantir les droits des Européens établis au Royaume-Uni après le Brexit, jugée "particulièrement vague" par les Européens.

Le sort des quelque trois millions de ressortissants de l'UE vivant en Grande-Bretagne - et du million de Britanniques installés sur le continent - est l'une des priorités des négociations sur les modalités du divorce qui ont débuté lundi.

Vendredi, Emmanuel Macron a rencontré les dirigeants polonais, hongrois, tchèque et slovaque après sa mise en garde sur le fait que l'Union n'était pas un "supermarché" dont on attend des transferts financiers sans en respecter ses valeurs.

La rencontre a montré "la volonté de se comprendre (...) sans nier les vraies divergences", a dit son entourage, jurant que "l’idée n’est pas de scénariser ou de créer une crise ou un conflit" avec ces pays.

Les déclarations du président français surviennent dans un contexte de tensions entre la majorité des pays européens et certains pays de l'Est, accusés d'enfreindre les libertés et de refuser le principe de solidarité sur la crise des migrants.

"Nous espérons que le dialogue entre la France et l'Europe centrale sera mené de façon plus ordonnée, sans clichés et formulations qui peuvent parfois être vues comme des stéréotypes ou insultantes", a dit le secrétaire d'Etat polonais chargé des Affaires européennes, Konrad Szymanski, après la rencontre.

La Commission européenne a ouvert plusieurs procédures, dont une la semaine dernière à l'encontre de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque, pour non respect du plan de répartition des demandeurs d'asile.

Outre le respect des libertés et les réfugiés, un des points les plus sensibles des échanges qui s'engagent entre le président français et ces pays est la volonté d'Emmanuel Macron de renforcer la lutte contre le dumping social dans l'Union, en durcissant les règles encadrant le travail détaché.

Prié de dire s'il était optimiste quant à la possibilité de durcir ces règles davantage qu'une proposition de réforme faite récemment, Emmanuel Macron a estimé qu'"il y a un changement en Europe", la force des extrémistes incitant les démocrates à mieux protéger leurs citoyens.