Macron confirme l’engagement de la France dans le Sahel

Publié le Vendredi 19 Mai 2017 à 09:56
Dernière mise à jour, le Vendredi 19 Mai 2017 17:39
Reuters - Cinq jours après son investiture officielle, Emmanuel Macron a confirmé vendredi lors d'une visite au Mali l'engagement militaire de la France dans le Sahel où le regain de violences et de tensions nécessite, selon lui, une accélération de la sécurisation des territoires face aux groupes djihadistes.

Le nouveau chef de l'Etat, qui s'était engagé à se rendre rapidement après son élection auprès des troupes françaises déployées sur des théâtres extérieurs, est arrivé dans la matinée à Gao, dans le nord du Mali, où sont déployés quelque 1.600 soldats français de l'opération antiterroriste Barkhane.

Accompagné de la ministre de la Défense Sylvie Goulard et du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, il a été accueilli par son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta avec lequel il a rendu les honneurs militaires aux soldats français et maliens sous une chaleur de plomb.

Au programme de cette visite de 6h30, survol de Gao en hélicoptère, briefing à huis clos et rencontre avec les forces spéciales, une manière pour Emmanuel Macron, premier président à ne pas avoir effectué de service militaire, de peaufiner son statut de chef des Armées.
"La France est engagée depuis le début à vos côtés et ce que je suis venu ici vous dire, de manière très claire, c'est qu'elle continuera à l'être, de la même manière", a-t-il dit lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue.

"La détermination de la France sera complète à vos côtés pour la sécurité non seulement du Mali mais du Sahel, en continuant l'engagement de nos forces (...), en continuant à nous engager aussi dans une feuille de route diplomatique et politique", a-t-il ajouté.

La France a lancé, sous la présidence de François Hollande, l'opération Serval en janvier 2013 pour contrer l'avancée de groupes armés qui menaçaient de s'emparer de la capitale Bamako, opération qui a été remplacée en 2014 par l'opération Barkhane qui couvre cinq pays de la région.

Si l'intervention française a permis de chasser en grande partie les groupes armés, ces derniers conservent toujours "un pouvoir de nuisance" et ont multiplié ces derniers mois les attaques à l'engin explosif contre les forces locales et internationales, notamment dans le Nord.

Début avril, un militaire du 6e régiment du génie d'Angers a été tué dans une embuscade dans l'est du Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso, portant à 19 le nombre de soldats français tués dans la région depuis 2013.

"Il est indispensable aujourd'hui que nous accélérions, nos forces armées s'y donnent à plein mais nous devons accélérer" la sécurisation des territoires, a estimé Emmanuel Macron.

"Nous l'avons bien vu durant ces derniers mois, les terroristes islamistes s'organisent, se regroupent, sont en train de se fédérer et donc nous serons intraitables à l'égard de ces derniers."

"Ma volonté, dans le cadre de nos engagements en Afrique, sur le plan militaire, c'est de faire davantage encore avec l'Europe, c'est de faire davantage avec l'Allemagne" mais en regardant de façon pragmatique sous quelle forme chacun peut intervenir, a-t-il dit.

La France continuera donc pour le compte de l'Europe tout entière à contribuer à la sécurité du Mali mais d'autres pays européens peuvent en faire davantage pour le développement, a-t-il ajouté, des propos qui font écho à ceux tenus par Jean-Yves Le Drian lors du précédent quinquennat.

Au-delà du volet militaire et diplomatique, Emmanuel Macron a insisté sur la volonté de la France de contribuer au développement du Mali.

"Tout ce qui est fait sur le terrain serait éphémère si dans le même temps nous n’étions pas décidés (...) à investir dans les infrastructures, dans l’éducation dans la santé", a-t-il souligné, rappelant le rôle de l'Agence française de développement (AFD).

L'amélioration des conditions de vie "est le meilleur antidote au développement du terrorisme islamiste", a-t-il souligné. Un avis partagé par son homologue malien qui a assuré que son pays travaillait "jour et nuit à éradiquer le fléau" du terrorisme.

"Nous avançons, soyons-en certains, et nous y arriverons", a dit Ibrahim Boubakar Keïta. Mais "au-delà des victoires militaires, la victoire ultime passera nécessairement par l'éducation et l'emploi de jeunes nous y travaillons et nous savons que nous pouvons compter sur vous", a-t-il dit à Emmanuel Macron.