L’ONU déplore le blocage d’un convoi d’aide pour Alep

Publié le Lundi 19 Septembre 2016 à 11:10
Stephen O'BrienReuters - Le coordonnateur des secours d'urgence de l'Onu, Stephen O'Brien, s'est dit "peiné et déçu", lundi, qu'un convoi d'aide pour les habitants des quartiers est d'Alep soit resté bloqué à la frontière turco-syrienne pendant la semaine de trêve qui vient de s'écouler en Syrie.

Le cessez-le-feu de sept jours décrété par l'armée syrienne, qui devait notamment permettre de ravitailler les populations assiégées de la grande ville du nord de la Syrie, a expiré dimanche une minute avant minuit (20h59 GMT) et aucune prolongation n'a été annoncée lundi.

"Je suis peiné et déçu qu'un convoi des Nations unies n'ait pas encore pénétré en Syrie de Turquie et n'ait pas gagné l'est d'Alep en toute sécurité", a déclaré le responsable onusien dans un communiqué.

Selon lui, le nombre d'habitants pris au piège, "sans nourriture, sans eau, sans abri ni soin médical adaptés", pourrait s'élever à 275.000. Il était prévu que deux convois de vingt camions transportent de la farine et d'autres vivres, assez pour nourrir environ 185.000 personnes pendant un mois, a rappelé Stephen O'Brien.

Les Nations unies expliquent ne pas avoir reçu de la part du gouvernement syrien les permis nécessaires ni des garanties suffisantes en termes de sécurité pour procéder à la livraison de cette aide humanitaire. Les quartiers est d'Alep, tenus par les rebelles, sont encerclés par les forces gouvernementales.

L'accès à l'est d'Alep, ville divisée en secteurs loyalistes et rebelles, dépend du contrôle de la route Castello, qui devait devenir une zone démilitarisée pour permettre aux convois de circuler.

La Russie a assuré la semaine dernière que l'armée syrienne avait commencé de se retirer du secteur, ce qu'ont démenti les insurgés, qui ont refusé d'abandonner leurs positions.

J'espère que toutes les parties au conflit, ceux qui ont de l'influence sur elles, verront ce convoi comme une occasion d'avancer", a déclaré le coordonnateur des secours d'urgence de l'Onu. "L'aide humanitaire doit rester neutre, impartiale et à l'écart des objectifs politiques ou militaires."

Mais un chef rebelle s'est montré pessimiste sur les chances de voir les habitants d'Alep prochainement ravitaillés. "Chaque jour, il y a un prétexte. Il n'y a aucun espoir que l'aide soit livrée actuellement", a déclaré Zakaria Malahifji, chef du bureau politique du groupe rebelle Fastaqim, basé dans la ville.

La trêve de sept jours décrétée par l'armée syrienne a donc expiré dimanche et aucune prolongation n'a été annoncée lundi.

L'instauration de ce "régime de calme" avait été annoncée le 12 septembre deux jours après l'accord sur les modalités d'un cessez-le-feu conclu par les Etats-Unis et la Russie.

"En pratique, la trêve a échoué et elle est terminée", a commenté Zakaria Malahifji. Il a ajouté qu'il fallait voir si quelque chose pouvait être fait pour la sauver "en théorie".

S'exprimant de la ville turque de Gaziantep, Zakaria Malahifji a également laissé entendre que des groupes rebelles se préparaient à de nouvelles actions militaires. "J'imagine que dans un proche avenir, les groupes vont passer à l'action", a-t-il dit.

Toutes les parties au conflit ont dénoncé de nombreuses violations par l'autre camp de cette trêve, la deuxième cette année en Syrie.