L’ONU dénonce des crimes contre l’humanité envers les musulmans de Birmanie

Publié le Vendredi 03 Février 2017 à 11:56
AFP & ONU - L'armée dans l'Etat de Rakhine, au nord de la Birmanie, a perpétré de «possibles crimes contre l'humanité» contre les Rohingyas musulmans. Dans des violations «sans précédent», des enfants âgés parfois de huit mois ont été tués, a indiqué vendredi l'ONU à Genève.

Des investigations ont été menées par l'ONU auprès de plus de 200 personnes qui ont fui l'Etat de Rakhine pour se rendre au Bangladesh. L'immense majorité a assisté à des exécutions et près de la moitié a vu un membre de sa famille tué, estime le rapport publié vendredi.

Sur une centaine de femmes, plus de la moitié disent avoir été victimes de viols ou d'autres abus sexuels. Et les enfants n'ont pas été épargnés par les forces de sécurité. Au moins trois d'entre eux, âgés de huit mois à six ans, ont été poignardés. Une fillette a été tuée alors qu'elle tentait de protéger sa mère d'un viol. Dans une autre situation, un bébé de huit mois est décédé pendant que cinq officiers abusaient de sa mère.

«Cette cruauté dévastatrice» est «insoutenable», estime le Haut Commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein. Le rapport souligne que le niveau récent des violences est «sans précédent».

Des centaines de maisons, d'écoles, de marchés, de mosquées ou de magasins ont été brûlés par l'armée, la police et même des groupes de civils. La nourriture et des terrains agricoles ont également été détruits.

Des indications montrent que «l'armée a mis délibérément le feu à des maisons avec des familles à l'intérieur», explique le rapport. Dans d'autres cas, des Rohingyas ont même été contraints de rentrer dans des habitations qui brûlaient déjà. Des personnes âgées ou handicapées se trouvaient parfois parmi eux.

Des Rohingyas ont été exécutés pendant qu'ils tentaient de fuir. Ceux qui ont été gravement blessés n'ont quasiment pas accédé aux soins. Ces violences suivent une longue période d'abus et de discriminations systématiques. La minorité musulmane est ciblée depuis des décennies dans l'Etat de Rakhine.

M. Zeid en appelle à la communauté internationale pour inciter le gouvernement birman à mettre fin à ces activités militaires. Les responsables de ces abus et ceux qui en ont donné l'ordre «doivent rendre des comptes».

Le Haut Commissaire demande par ailleurs au gouvernement d'arrêter de nier que ces violations ont été perpétrées. Il souhaite que les victimes aient accès à la justice, à des réparations et à des conditions de sécurité.

Malgré plusieurs demandes, les autorités n'ont pas accordé un accès sans entrave à l'ONU dans l'Etat de Rakhine. Le Haut Commissaire a déployé un dispositif d'investigations à la frontière du Bangladesh avec la Birmanie, où près de 70'000 personnes ont fui depuis octobre dernier. Depuis début janvier, cette offensive de l'armée dans le nord s'est poursuivie mais a été réduite.
Ces atrocités sont révélées alors que l’ONU célèbre, en cette première semaine de février, la semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle

Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle
La Semaine mondiale de l’harmonie interconfessionnelle a été proclamée par l'Assemblée générale dans sa résolution A/RES/65/5 adoptée le 20 octobre 2010. Dans la résolution, l'Assemblée générale souligne que la compréhension mutuelle et le dialogue entre les religions constituent des dimensions importantes de la culture de la paix mondiale. La Semaine doit ainsi être un moyen de promouvoir l'harmonie entre toutes les personnes, indépendamment de leur foi.

Reconnaissant l’impérieuse nécessité d’un dialogue entre les différentes confessions et religions afin d'améliorer la compréhension mutuelle, l'harmonie et la coopération entre les peuples, l'Assemblée générale encourage tous les États à soutenir au cours de cette semaine la diffusion du message d'harmonie entre les religions et de bonne volonté dans les églises du monde, les mosquées, synagogues, temples et autres lieux de culte, sur une base volontaire, et selon les traditions religieuses ou convictions de chacun.