Libye : L’élection d'Ahmed Miitig jugée inconstitutionnelle

Publié le Mardi 10 Juin 2014 à 11:01
Ahmed Miitig.AFP - La Cour suprême a jugé inconstitutionnelle lundi l'élection du nouveau Premier ministre en Libye, mettant fin à une crise entre deux gouvernements se disputant la légitimité du pouvoir sur fond de violences dans le pays.

La situation reste toutefois chaotique dans ce riche pays pétrolier en proie à des luttes d'influences où se mêlent argent, politique et idéologies et où les intérêts de la région et de la tribu passent avant tout.

Et alors que, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après huit mois de révolte, les autorités de transition n'ont pu mettre sur pied une police et une armée organisées, les puissantes milices armées formées d'ex-rebelles font la loi dans le pays.
A l'issue d'une brève audience, la Cour suprême, saisie par plusieurs députés, a jugé "anticonstitutionnelle l'élection d'Ahmed Miitig" comme Premier ministre, a indiqué à l'AFP un juge.

M. Miitig a aussitôt assuré qu'il se conformerait à cet arrêt lors d'une conférence de presse. "Je respecte la justice et j'obtempère à sa décision".

Cet indépendant appuyé par les blocs parlementaires islamistes avait été élu début mai lors d'un vote chaotique au Congrès général national (CGN, Parlement), la plus haute institution politique du pays.

Ses détracteurs ont dénoncé des irrégularités lors du vote, accusant les islamistes de vouloir imposer "leur" candidat. Ils s'interrogent aussi sur l'utilité de désigner un nouveau cabinet au moment où le CGN s'apprête à céder la place à un nouveau Parlement après les élections législatives prévues le 25 juin.

Donc c'est le Premier ministre sortant Abdallah al-Theni qui reste en place. Proche du courant libéral, M. al-Theni a lui aussi été désigné en mars grâce au soutien des islamistes pour assurer l'intérim du libéral Ali Zeidan, limogé après un long bras de fer avec les blocs islamistes au CGN.
Le CGN a également "obtempéré" à la décision de justice, a indiqué son vice-président, Salah al-Makhzoum, en précisant que "le chef du gouvernement intérimaire est Abdallah al-Theni".
Selon Abdelgader Gdoura, professeur de droit constitutionnel, "la décision de la Cour suprême est définitive et son effet est immédiat. Aucun recours n'est possible".

Plusieurs hommes politiques et groupes armés avaient prévenu qu'ils ne cautionneraient pas un gouvernement formé par M. Miitig, dont les partisans du fédéralisme dans l'Est qui bloquent des ports pétroliers depuis dix mois.

Outre son élection chaotique, le rejet de M. Miitig est aussi motivé par le fait qu'il est originaire de Misrata (ouest) connue pour ses rivalités avec d'autres régions du pays, en particulier l'Est.
Ces autonomistes avaient menacé implicitement, en cas de maintien de M. Miitig, de suspendre un accord conclu avec le gouvernement Theni prévoyant la levée progressive du blocage de quatre terminaux pétroliers.

Le chef des rebelles autonomistes de l'Est, Ibrahim Jodhran, a d'ailleurs exprimé auprès de l'AFP sa "satisfaction" après le départ de M. Miitig.

Cette confusion à la tête du pouvoir a permis au général dissident Khalifa Haftar, qui a lancé le 16 mai une offensive contre les jihadistes à Benghazi (est), de rallier des soutiens au sein de la classe politique et des militaires.

Des unités de l'armée de l'air l'ont même soutenu dans son offensive en menant des raids sur des positions de groupes islamistes.

Durant le week-end, Benghazi a été épargnée par les combats violents et seuls quelques tirs de roquettes ont été signalés entre les forces de Haftar et les groupes islamistes dans les banlieues de la ville, qui ont tué deux civils.

Le général Haftar, qui ne reconnaît ni les gouvernements ni le Congrès, est accusé par les autorités ainsi que par les islamistes de mener un "coup d'Etat", ce qu'il dément en affirmant qu'il n'a aucune ambition politique.

Ni MM. Theni ni Miitig n'avaient proclamé publiquement leur soutien au général dissident. Ils s'étaient dits déterminés à combattre le "terrorisme" mais en insistant sur le fait que toute opération devait se faire dans le cadre de l'Etat.


 

Commentaires 

 
#1 RE: Libye : L’élection d'Ahmed Miitig jugée inconstitutionnelle
Ecrit par Montygolikely     11-06-2014 10:16
C'est l'usage incontrôlé des armes qui risque de devenir une institution en Libye...
 
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