L’ex-chef de la CIA plaidera coupable pour les documents secrets fuités

Publié le Mercredi 04 Mars 2015 à 10:58
Le général David PetraeusAFP - Le général David Petraeus, héros de l’Amérique et ancien patron de la CIA, devrait plutôt bien se sortir de l’affaire des documents ultra-secrets remis à sa biographe et maîtresse et n’écoper que d’une peine de deux ans avec sursis.

Autrefois considéré comme l’un des plus brillants esprits militaires de sa génération, le général quatre étoiles évite ainsi un procès potentiellement embarrassant et met un point final au scandale qui avait éclaboussé le monde du renseignement à l’été 2012.

David Petraeus «a déposé volontairement un accord de plaider coupable», peut-on lire dans l’un des trois documents judiciaires transmis mardi à un juge de Caroline du Nord (sud-est).

Ces documents, signés par David Petraeus le 22 février, indiquent «qu’il plaidera coupable du chef d’accusation» de «retrait et détention non autorisés de documents classifiés», a indiqué un porte-parole du ministère de la Justice, Marc Raimondi.

Il le fera formellement devant ce tribunal de Caroline du Nord et connaîtra sa peine ultérieurement.

Selon les termes du plaider coupable, les parties sont tombées d’accord pour que soient demandées une peine de deux ans de prison avec sursis et une amende de 40.000 dollars.

Initialement, et s’il n’avait pas plaidé coupable, le général Petraeus aurait risqué six ans de prison, dont cinq avec sursis, pour le principal chef d’accusation, avec la possibilité, selon les critères de recommandation du gouvernement, d’écoper de deux années supplémentaires pour obstruction à la justice et abus de responsabilité.

Au terme de plus de deux ans d’enquête, le FBI avait recommandé en janvier d’engager des poursuites contre l’ancien directeur de la CIA après que des documents classifiés eurent été retrouvés sur l’ordinateur de sa maîtresse, Paula Broadwell, la biographe du général à la retraite.
Le général Petraeus «s’est excusé et a exprimé des regrets profonds», a réagi le sénateur John McCain, «il est temps de considérer que l’affaire est close».

«Dans un contexte de graves défis sur la sécurité à travers le monde, j’espère que le général Petraeus continuera d’apporter à notre nation son aide exceptionnelle et ses qualités de dirigeant, comme il l’a fait tout au long de son éminente carrière», a ajouté l’élu républicain, qui préside la commission sur les forces armées au Sénat.

Le chef de la prestigieuse agence centrale du renseignement avait démissionné de son poste en novembre 2012 après avoir reconnu entretenir une relation extra-conjugale depuis 2011 avec Mme Broadwell.

Il avait d’abord assuré que les documents découverts sur l’ordinateur de Paula Broadwell ne mettaient pas en danger la sécurité nationale.

Mais en plaidant coupable, le général Petraeus reconnaît l’intégralité des faits, contenus dans un document de quinze pages, dont l’AFP a obtenu une copie.

Il admet ainsi en particulier avoir «apporté» huit recueils de documents qu’il avait lui-même qualifiés de «hautement classifiés», dans une maison de Washington où il a passé un long week-end, le 28 août 2011, avec sa biographe.

Il avait ensuite laissé ces recueils, regroupés sous le nom de «Black books» (livres noirs), dans cette maison «pour (en) permettre l’accès» à Mme Broadwell qui préparait alors sa biographie publiée en 2012 sous le titre «All In: The Education of General Davis Petraeus ».

Si aucune information confidentielle des «Black books» ne figure dans la biographie, le général avait laissé ces recueils dans la maison de Washington jusqu’au 1er septembre, date à laquelle il les avait récupérés et rapportés chez lui en Virginie (sud-est), peut-on lire dans ce compte-rendu des faits.

Le scandale sexuel Petraeus avait éclaté trois jours après la réélection de Barack Obama, qui avait affirmé plus tard que l’affaire n’avait a priori pas eu de conséquences sur la sécurité nationale des Etats-Unis.

Tout avait débuté à l’été 2012, quand le FBI a ouvert une enquête sur six courriers électroniques anonymes de menace envoyés à Jill Kelley, 37 ans, une amie du général Petraeus et de sa famille.

Au cours de son enquête, le FBI avait identifié Paula Broadwell comme l’auteur des emails de menace. Sur la messagerie de cette mère de famille, les agents fédéraux avaient trouvé la trace de conversations intimes avec David Petraeus puis de documents classifiés.