L’essor de la finance islamique

Publié le Mardi 23 Septembre 2008 à 15:07
letemps.ch- L’argent du pétrole alimente la fièvre des investissements islamiques, qui ont doublé sur un an. Alors que la finance islamique devient plus sophistiquée, le défi est de préserver l'esprit de l'islam, qui interdit la spéculation et les stratégies d'investissement assimilables aux jeux de hasard.

Clairement, le boom sans précédent des pétrodollars, qui coïncide avec l'essor de la finance islamique, est en train de créer une industrie des «pétrodollars islamiques» qui prend une place croissante dans le système financier global. Selon la firme londonienne International Financial Services (IFSL), les actifs investis en conformité avec les préceptes du Coran ont atteint 531 milliards de dollars en 2006, doublant depuis 2004. Le taux de croissance composé de cette industrie atteint 10% depuis la moitié de 1990. Quelque 267 banques islamiques opèrent au Moyen-Orient et en Asie. Pour l'année 2006, les principales institutions islamiques, qui détiennent ensemble 350 milliards de dollars d'avoirs islamiques, ont connu un taux de croissance de 27%, contre 19% pour les 100 plus grandes banques non islamiques. L'essor que connaît ce type d'investissement est soutenu par une population musulmane de 1,8 milliard d'individus globalement, avec la Malaisie comme principal moteur de la croissance. En mai 2007, Standard & Poor's a estimé que le marché de la finance islamique pourrait atteindre pas moins de 4000 milliards de dollars en cinq ans, soit sept fois la taille du marché en 2006.

Les banques islamiques du Golfe détiennent une part significative de ce marché, qui est passée de 13% en 2003 à 17% en 2006. L'Iran, dont la part de marché atteint 33%, a globalement la plus grande pénétration en matière de finance islamique. Dans le Golfe, le marché de la finance islamique connaît sa plus forte croissance au Koweït et en Arabie saoudite, soutenue par les musulmans riches de ces pays, qui représentent une véritable «vache à lait» pour les investissements conformes à la charia, ou loi coranique. Cette situation a incité la plupart des banques privées occidentales - notamment Citigroup, HSBC, UBS, Deutsche Bank et Lloyds TSB - à se lancer dans les «produits financiers islamiques» comme une classe d'actifs à part entière. Ces produits génèrent des commissions élevées pour les banques: certains fonds islamiques facturent des commissions de 11% à l'entrée! L'industrie des fonds de placement islamiques est en forte croissance. Elle se développe aux Emirats arabes unis (Abu Dhabi, Dubai), en Arabie saoudite, à Bahreïn, au Koweït, à Oman et au Qatar. Selon Moody's, plus de 65% des fonds islamiques émaneront ces prochaines années du Moyen-Orient. Ils seront en majorité investis en actions. En outre, étant donné le développement phénoménal de l'immobilier régional, des fonds immobiliers islamiques se développent rapidement.

Le marché des obligations conformes aux principes de la charia («sukuk») connaît un boom phénoménal. Selon Standard & Poor's, il a plus que doublé en 2007. Les encours émis dépassent désormais 60 milliards de dollars, contre 30 milliards à la fin de 2006. En 2001, les encours étaient inférieurs à 500 millions. En 2006, les ventes de «sukuk» ont progressé neuf fois plus vite que celles des obligations d'entreprises globales, selon Bloomberg. «La finance islamique est-elle en train de créer un nouvel ordre financier?» s'interroge même Matthias Knab, analyste financier et éditeur de la lettre aux investisseurs londonienne Opalesque.

D'ici la fin de la décennie, à condition d'un retour à la normale sur les marchés du crédit, le montant total des «sukuk» émis devrait franchir la barre des 100 milliards de dollars, prévoit Standard & Poor's. La croissance du marché sera alimentée par des besoins de financement considérables dans les projets d'infrastructures dans les pays du Golfe (où ces besoins s'élèvent à 1600 milliards de dollars) et de l'Asie musulmane. Conséquence de la faiblesse du billet vert et de la volonté d'attirer les immenses liquidités des pays du Golfe, la part du volume de «sukuk» émis en dollars est tombée de 85% en 2002 à environ 42% en 2007, car les émissions dans d'autres devises gagnent du terrain. En termes de structures, les «ijara» (leasing) et les «musharaka» (capital-risque) demeurent les deux principaux types de «sukuk» émis à travers le monde.

Le catalyseur du décollage de la finance islamique a sans conteste été le 11 septembre 2001. «Les Etats-Unis avaient été jusque-là la destination première de l'argent arabe depuis les années 70», rappelle Matthias Knab. Mais, en 2002 et en 2003, les chiffres de la Banque des règlements internationaux montrent que les dépôts des pays de l'Opep dans les banques américaines et européennes ont reculé, sous la pression des autorités occidentales engagées dans leur combat contre le «financement du terrorisme». Des fonds ont été rapatriés, tandis que l'attrait des placements conformes à l'islam, qui alors décollaient, devenait en soi un motif de diversification des investissements arabes.

La Grande-Bretagne a été la première à se faufiler dans la brèche. Dès 2003, des banques britanniques comme HSBC ont commencé à offrir des hypothèques islamiques. En 2004, l'Islamic Bank of Britain voyait le jour. Elle s'adresse exclusivement aux musulmans de Grande-Bretagne et leur offre, elle aussi, des prêts «islamiques». En 2004, la banque allemande Sachsen-Anstalt a été la première à émettre des obligations islamiques, souscrites à 60% par des investisseurs de Bahreïn et des Emirats et, étonnamment, à 40% par des clients d'Europe, en particulier de France et d'Allemagne.

Après l'apparition des obligations islamiques en 2001, les hedge funds islamiques sont nés en 2005, quand Deutsche Bank a lancé le premier fonds de ce type, l'Islamic HF Tracker. En juillet 2007, la société de gestion saoudienne NCB Capital a lancé un fonds de hedge funds islamiques, Oryx Islamic Fund.

 

Commentaires 

 
#1 haro sur la finance islamique !
Ecrit par zarglayoun     23-09-2008 15:55
Les requins sont en faillite. Si on n'a plus d'argent, on le pique chez les autres. Ils se mettrons donc, tous à la finance islamique.

Il n'ya pas de petits profits.
Là en l'occurence c'est même des mega profits.

De toute façon, c'est toujours les mêmes qui se remplissent les poches.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.