Les peuples résistent face à la montée des populismes et des autoritarismes

Publié le Jeudi 17 Janvier 2019 à 16:11
Dans la 29e édition de son Rapport mondial, publié ce jeudi 17 janvier, Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans plus de 100 pays au cours de l’année 2018. Dans son essai introductif, le directeur exécutif Kenneth Roth affirme que la vraie nouveauté de l’année écoulée, ce n’est pas la continuation des tendances autoritaires, mais plutôt l’opposition croissante qu’elles rencontrent.

Cette résistance a pu être observée dans les efforts qui visaient à repousser les attaques contre la démocratie en Europe, prévenir un bain de sang en Syrie, traduire en justice les responsables de la campagne de nettoyage ethnique visant les musulmans rohingyas au Myanmar, mettre fin aux bombardements et au blocus que fait subir la coalition dirigée par l’Arabie saoudite aux civils du Yémen, convaincre le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila d’accepter les limites que la constitution impose au mandat présidentiel, ou encore exiger une enquête exhaustive sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

« Les mêmes populistes qui répandent la haine et l'intolérance dans de nombreux pays alimentent une résistance qui continue à gagner des batailles », a déclaré Kenneth Roth. « Certes, la victoire n’est pas acquise, mais les succès de l’année passée indiquent que les abus des régimes autoritaires déclenchent une puissante riposte de la part des défenseurs des droits humains. »

En Europe, le soutien aux droits humains a pris des formes multiples, que ce soit dans la rue ou au sein des institutions. Ils sont nombreux à être descendus dans la rue à Budapest pour protester contre le Premier ministre hongrois Victor Orbán, qui voulait fermer l’Université d’Europe centrale, un bastion de la recherche et de la pensée progressiste, et faire passer une loi dite « esclavagiste » qui allonge les heures supplémentaires autorisées et accorde un délai de trois ans pour les payer.

L’UE a connu un moment fort en septembre, lorsque le Parlement européen a réagi face à l’autoritarisme croissant du régime d’Orbán en votant le lancement d’un processus qui pourrait aller jusqu’à des sanctions politiques, conformément à l’article 7 du traité européen. Près de 70 % des membres du Parlement européen, issus de divers partis, ont soutenu cette décision sans précédent. Alors que des discussions sont en cours sur le fait de lier le prochain budget quinquennal de l’UE – qui doit être présenté avant fin 2020 – au respect des règles démocratiques, la décision du Parlement signifie que la Hongrie, un des pays recevant le plus de fonds européens par habitant, pourrait ne plus pouvoir compter sur les largesses de l’Europe si elle continue à porter atteinte aux libertés démocratiques européennes fondamentales.
Des dizaines de milliers de Polonais sont descendus à plusieurs reprises dans la rue pour défendre leurs tribunaux des tentatives du parti au pouvoir de saper leur indépendance. Les juges polonais ont refusé d’abandonner leurs postes malgré les efforts menés par le leader du parti Droit et justice, Jarosław Kaczyński, pour se débarrasser d’eux. Par la suite, la Cour de justice de l’Union européenne les a soutenus dans leur refus, suite à quoi les autorités les ont réintégrés.

En dehors de ses frontières, l’UE et certains de ses États membres ont fait preuve d’un leadership notable sur les questions de défense des droits humains. Les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et l’Irlande, aux côtés du Canada, ont pris la tête d’une initiative pour veiller à ce que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU rejette la tentative musclée  de l’Arabie saoudite d’éviter l’examen des crimes de guerre présumés au Yémen. Suite à l’assassinat de Khashoggi, l’Allemagne a interdit à 18 responsables saoudiens de pénétrer dans l’espace Schengen, qui réunit 26 pays. Par ailleurs l’Allemagne, le Danemark et la Finlande ont cessé de vendre des armes au royaume. (Les États-Unis et le Canada ont également infligé des sanctions ciblées à l’encontre de plusieurs Saoudiens impliqués dans le meurtre.) Cette pression a sans doute contribué à ce que, lors des négociations conduites par l’ONU, la coalition menée par l’Arabie saoudite accepte un cessez-le-feu autour du port de Hodeida au Yémen, point d’accès vital pour la population menacée de famine.
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