Les Palestiniens manifestent pour al-Quds, au 2ème vendredi depuis l’annonce de Trump

Publié le Vendredi 15 Décembre 2017 à 13:21
AFP - Des milliers de Palestiniens manifestaient à nouveau vendredi contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d'Israël, une décision encore loin, dix jours après, de déclencher la spirale de violence redoutée.

Environ 3.000 Palestiniens ont défilé à Hébron, poudrière du sud de la Cisjordanie occupée, avant qu'un certain nombre d'entre eux ne commencent à lancer des pierres sur les soldats israéliens qui ripostaient à coups de lacrymogènes, a constaté un correspondant de l'AFP.

De premières confrontations ont été rapportées à Bethléem, également en Cisjordanie, ainsi que des heurts dans la vieille ville de Jérusalem, après la prière hebdomadaire sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam dans la Ville sainte.

Annoncé le 6 décembre, le choix du président Donald Trump de tourner le dos à des décennies de diplomatie américaine et internationale a provoqué des manifestations et des heurts quotidiens dans les Territoires palestiniens. Quatre Palestiniens ont été tués, des centaines d'autres blessés, des dizaines arrêtés par les forces israéliennes.

Des dizaines de milliers de musulmans à travers le monde ont brûlé des drapeaux américain et israélien et piétiné des portraits de M. Trump.

Cependant, la protestation n'a pas pris pour l'instant les proportions appréhendées, alors que la communauté internationale s'alarmait du risque d'une incontrôlable réaction en chaîne et que le mouvement islamiste palestinien Hamas prédisait "l'enfer" pour les intérêts américains.

Le deuxième vendredi depuis le coup de tonnerre créé par M. Trump s'annonce comme un nouveau baromètre de la colère palestinienne, la sortie de la prière musulmane hebdomadaire servant traditionnellement d'exutoire dans les périodes de tensions, à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Le Hamas, qui avait exhorté à une "nouvelle intifada" aussitôt après l'allocution de M. Trump, a appelé jeudi à faire de chaque vendredi une "journée de rage".

Des Palestiniens devraient à nouveau aller lancer des pierres le long de la barrière de béton et de métal qui ferme hermétiquement les frontières israéliennes de Gaza, territoire gouverné par le Hamas.

Le premier vendredi et le samedi après le 6 décembre avaient vu quatre Palestiniens tués par des tirs israéliens le long de la barrière et dans des frappes israéliennes en riposte à des tirs de roquettes de la bande de Gaza vers Israël.

En Cisjordanie, séparée de la bande de Gaza par le territoire israélien et censée former un jour avec elle un Etat palestinien indépendant, mais aujourd'hui sous occupation israélienne, des jeunes ont affronté tous les jours à coups de cailloux les soldats qui répliquent à balles réelles ou en caoutchouc.

Mais la mobilisation a rarement excédé les quelques centaines de protestataires à chaque endroit.

Pour les Palestiniens, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël ne préjuge pas seulement du résultat de négociations dont le statut de la ville devrait faire l'objet. Elle nie l'identité arabe de Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël, et mine leur aspiration à établir un jour la capitale de leur futur Etat à Jérusalem-Est.

Israël proclame tout Jérusalem sa capitale "indivisible".

Un récent sondage du respecté Centre palestinien de recherche politique indique que 45% des Palestiniens sont favorables à un soulèvement populaire pour résoudre le vieux conflit avec Israël. Il y a trois mois, 35% préconisaient la résistance armée et, pour le directeur de l'institut, Khalil Shikaki, la "seule explication possible" de cette augmentation est la décision de M. Trump.