Les Palestiniens commémorent la Nakba, sur fond d'heurts

Publié le Lundi 16 Mai 2016 à 10:07
AFP - Les Palestiniens ont commémoré dimanche 15 Mai le 68ème anniversaire de la Nakba (catastrophe), correspondant à la création de l’Etat d’Israël en 1948.

Des heurts ont opposé Palestiniens et forces israéliennes à la frontière avec la bande de Gaza. Les mouvements de résistance  Hamas et le Jihad islamique ont appelé à l'intifada. Les Palestiniens ont défilé dans plusieurs villes de Cisjordanie occupée.

Ce faisant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a mis en doute dimanche devant le chef de la diplomatie française l'"impartialité" de l'initiative de Paris pour relancer l'effort de paix avec les Palestiniens, en brandissant un récent vote de la France à l'Unesco.

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault s'est rendu dimanche à al-Quds et Ramallah pour présenter de vive voix à M. Netanyahu et au président palestinien Mahmoud Abbas le projet français de conférence internationale de paix.

La conférence aurait lieu à l'automne. Une réunion ministérielle en jetterait les bases dans deux semaines à Paris, avec une vingtaine de pays, l'Union européenne et l'ONU, mais sans Israéliens ni Palestiniens pour ne pas condamner d'emblée l'effort à l'échec.

M. Ayrault a comme prévu reçu le soutien palestinien et rencontré les objections israéliennes confortées par un récent vote français en faveur d'une décision de l'Unesco sur le patrimoine culturel palestinien et Al-Qods-Est, partie palestinienne d’al-Qods occupée et annexée par Israël.
"J'ai dit (à M. Ayrault) que la décision scandaleuse prise à l'Unesco avec le soutien de la France et qui ne reconnaît pas le lien millénaire entre le peuple juif et le mont du Temple jette une ombre sur l'impartialité du forum que la France tente de réunir", a dit M. Netanyahu.

"La seule voie" pour parvenir à la paix, "ce sont des négociations directes sans condition préalable", a redit M. Netanyahu.

Le gouvernement israélien s'est emparé dernièrement du texte de l'Unesco pour attaquer la crédibilité française. Il s'est indigné que le texte ne fasse jamais référence à l'esplanade des Mosquées comme mont du Temple, l'appellation sous laquelle les juifs révèrent le lieu, ou ne cite le mur des Lamentations qu'entre guillemets.

"Des formulations malencontreuses et blessantes, qui auraient pu et dû être évitées, ont créé des malentendus. La France le regrette", a dit M. Ayrault à M. Netanyahu selon son entourage, s'employant au déminage à la suite de plusieurs responsables français.

Avant de partir, il a cependant réfuté tout parti pris. "La France est désintéressée", a-t-il dit aux journalistes, "il ne peut pas y avoir de doute sur la sincérité de la France", et les propos de M. Netanyahu sont des "mots de circonstance".

Il a justifié l'initiative française par "l'urgence à agir" devant un "statu quo intenable" et le danger d'une nouvelle escalade. Il s'est alarmé de l'éloignement de la perspective d'une solution à deux Etats israélien et palestinien coexistant en paix, invoquant l'absence de dialogue, la poursuite de la colonisation israélienne, les violences des deux bords et une frustration palestinienne grandissante. Il a souligné la menace que l'organisation Etat islamique ne remplisse le vide.

Une vague de violences a fait plus de 200 morts israéliens et palestiniens depuis octobre et une nouvelle guerre est redoutée à Gaza.

La France veut remobiliser la communauté internationale et changer de méthode pour aider Israéliens et Palestiniens à reprendre des négociations crédible.

Pour autant, il ne s'agit pas de se substituer au bout du compte aux Israéliens et Palestiniens, "c'est eux seuls qui pourront faire la paix", a dit M. Ayrault. Il a objecté à M. Netanyahu que la voie de la négociation directe qu'il prône est "bloquée".

Le chef de la diplomatie palestinienne Riyad al-Malki, que M. Ayrault a rencontré avec le président Abbas, a dénoncé devant la presse les refus opposés "depuis le début" par M. Netanyahu. Il a souhaité "le succès des efforts français parce qu'ils sont les seuls sur le terrain".

Les Français se montrent prudents quant au succès de leur initiative.

L'adhésion américaine reste une grande inconnue, le secrétaire d'Etat John Kerry n'ayant toujours pas dit s'il participerait à la réunion du 30 mai.

Les Etats-Unis "partagent notre inquiétude", a dit M. Ayrault. La France est prête à décaler la réunion du 30 mai de quelques jours pour permettre à M. Kerry de venir, a-t-il dit.