Les palestiniens appellent à traduire le vote français dans les faits

Publié le Mercredi 03 Décembre 2014 à 09:10
Etat palestinien AFP - Les Palestiniens ont salué mardi le vote des députés français en faveur de la reconnaissance de leur Etat et appelé le gouvernement à le traduire en acte.

Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a indiqué à l'AFP remercier le Parlement et le peuple français après le vote de ce texte non contraignant mais à forte portée symbolique par lequel les députés français invitent leur gouvernement à reconnaître l'Etat de Palestine.

Hanane Achraoui, une dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a appelé dans un communiqué le gouvernement français à traduire le vote de son Parlement en acte.

Les Palestiniens, qui sont depuis 2012 un Etat observateur à l'ONU, mènent actuellement une vaste campagne internationale qui commence à porter ses fruits. La Suède est récemment devenue le 135è pays à reconnaître l'Etat de Palestine et les Parlements britannique et espagnol ont appelé leur gouvernement à faire de même, avant les députés français mardi.

M. Malki a en outre affirmé que cette décision française va sans aucun doute encourager à la reconnaissance de la Palestine en Europe. Malgré les pressions américaines et israéliennes, et celles du lobby juif, le Parlement français a exprimé la volonté du peuple français qui soutient la liberté et dénonce l'occupation, selon lui.

La présidence palestinienne a, elle, salué une décision courageuse (...) qui relance l'avenir de la paix en Palestine et dans la région, dans l'intérêt de la solution à deux Etats avec l'instauration d'un Etat indépendant de Palestine dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.

De son côté, le mouvement de résistance islamiste Hamas a estimé que ce texte reflète les appels à travers le monde à donner aux Palestiniens leurs droits, selon Sami Abou Zouhri, son porte-parole à Gaza.

Pour leur part, les Israéliens ont estimé que ce vote allait éloigner les possibilités d'arriver à un accord de paix, au point mort depuis 2000 malgré des tentatives américaines de relancer les négociations, dont la dernière a échoué ay printemps.

Les députés français ont adopté par 339 voix contre 151 une proposition de résolution socialiste non contraignante qui vise à reconnaître un Etat palestinien.

Les groupes socialiste, écologiste et Front de gauche ont voté cette résolution qui "invite le gouvernement français à reconnaître l'Etat de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit". Le groupe des radicaux de gauche s'est divisé. L'opposition UMP et UDI (centriste) a quant à elle majoritairement voté contre cette reconnaissance, à l'exception de quelques-uns de ses membres.

L'UMP hésitait entre un vote contre et une non-participation au scrutin. Mais, selon plusieurs députés, Nicolas Sarkozy a plaidé mardi en faveur du "non". Le nouveau président de la principale formation politique de droite estime que ce genre de décision relève de l'exécutif plutôt que du parlement mais le gouvernement socialiste avait jugé le texte de la résolution recevable.
Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déclaré vendredi dernier que la France reconnaîtrait "sans délai" l'Etat de Palestine si une ultime tentative de résolution négociée sous l'égide de la communauté internationale échouait, évoquant un délai de deux ans.

"Nous ne voulons pas d'une reconnaissance symbolique qui n'aboutirait qu'à un Etat virtuel, mais nous voulons un Etat de Palestine réel. Nous voulons donc donner une chance à la négociation", a dit Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.

L'initiative parlementaire fait suite aux votes par les parlements espagnol et britannique de la reconnaissance de l'Etat palestinien, qui a été reconnu par la Suède. La droite, qui est majoritaire au Parlement européen, a repoussé à la fin décembre une résolution identique des sociaux-démocrates.