Les marchés replongent dans l'abîme

Publié le Jeudi 16 Octobre 2008 à 11:39
AFP-La Bourse de New York a connu mercredi sa pire séance en plus de 20 ans, dans un marché paniqué devant la détérioration de l'économie américaine au bord de la récession. Son indice vedette, le Dow Jones, a chuté de 7,87%. Les principales bourses européennes ont également vécu une pénible journée.
La débandade a gagné la Bourse de Tokyo jeudi, l'indice Nikkei dévissant de 9,76% vers 04H30 GMT. Les pertes ont même brièvement dépassé un temps les 10%.

"Après la deuxième plus grande chute de l'histoire à Wall Street, il est inévitable que les actions japonaises plongent", a commenté Hiroaki Hiwata, stratège chez Toyo Securities.
Les autres marchés d'Asie subissaient la même descente aux enfers. Vers 04H30 GMT, Hong Kong perdait 7,58%, Séoul 8,31%, Shanghai 3,68%, Singapour 6,63%, Sydney 6,94%, Bombay 5,57%, Bangkok 4,94% et Taipei 3,25%.
"C'est clairement la panique et celle-ci va durer. Les marchés d'actions ont fondamentalement changé", a prophétisé Clifford Bennett, économiste en chef chez Sonray Capital Markets à Melbourne, en exhortant ses clients à s'abstenir de s'exposer en Bourse. "Vous n'avez pas besoin de monter dans un train qui peut s'écraser brutalement n'importe quand", a-t-il conseillé.

Les dirigeants européens réunis mercredi en sommet se sont mis d'accord pour demander la tenue d'un sommet mondial d'ici la fin de l'année afin de réformer le système financier, renforçant un peu plus la pression sur les Etats-Unis. Washington, d'abord réticent, est désormais d'accord sur le principe. Le G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) s'est dit favorable à une telle réunion de haut niveau "dans un avenir proche".

Le président français Nicolas Sarkozy a suggéré que ce sommet mondial se tienne "de préférence à New York là où tout a commencé". L'Europe reproche aux Etats-Unis d'être en partie responsables de la crise financière après avoir refusé des années durant tout durcissement du contrôle des marchés financiers, au nom de la libre-entreprise. Elle entend à présent peser de tout son poids pour obtenir des avancées au niveau mondial.
"L'Europe présentera une vision commune et ambitieuse: nous ne voulons pas que ça recommence, nous voulons que des conséquences soient tirées de ce que nous connaissons", a dit M. Sarkozy.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le Premier ministre britannique Gordon Brown ont également exhorté Washington à s'impliquer davantage pour améliorer la surveillance du système financier.
Les dirigeants européens, dont le sommet se poursuit jeudi, devaient tenter de définir leurs priorités à l'approche d'une rencontre samedi avec le président américain George W. Bush à Camp David. Les Européens veulent s'attaquer aux agences de notation et aux fonds spéculatifs. La Grande-Bretagne et l'Allemagne proposent même de réformer le Fonds monétaire international (FMI) pour lui donner un rôle de supervision au niveau mondial.

A New Delhi, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, réunis mercredi en sommet, ont fustigé les pays riches pour avoir provoqué la crise. Le leader cubain Fidel Castro s'en est pris quant à lui particulièrement aux "pays capitalistes européens", estimant qu'ils "ne sont pas en position pour imposer leurs conditions et solutions au reste du monde".
La liesse boursière engendrée par les sommes colossales débloquées par les Européens et les Américains pour soutenir leur secteur bancaire aura été de courte durée. Les craintes de récession ont pris le relais, alimentées par des déclarations pessimistes de banquiers centraux aux Etats-Unis. Le mot fatal a été lâché mardi par une responsable de la Réserve fédérale (Fed), Janet Yellen, dont les déclarations sont d'habitude très mesurées. Cette présidente de la Fed de San Francisco a affirmé que les Etats-Unis semblaient d'ores et déjà entrés en récession.